Catherine de Labarre, directrice générale du CIDJ : {“La forte participation des jeunes femmes à nos ateliers sur la confiance en soi" }
Par Nicolas Deguerry - Le 16 mars 2012.
À l'occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars dernier, nous avons demandé à Catherine de Labarre, directrice générale du Centre d'information et de documentation jeunesse, comment le monde de l'orientation se confrontait aux questions de parité.
Les pratiques d'orientation vous paraissent-elles avoir évolué au cours des dix dernières années dans le sens d'un plus grand respect du principe d'égalité professionnelle hommes-femmes ?
Ce que j'observe en ce qui concerne notre pratique, c'est que la question ne se pose pas pour nos conseillers : nos entretiens d'information se déroulent toujours en situation d'ouverture des choix, pour les garçons comme pour les filles. Notre démarche d'information du public n'est pas liée à une approche hommes-femmes. Ce que nous constatons en revanche, en certaines circonstances, c'est une attitude différente des jeunes femmes qui viennent au CIDJ.
C'est-à-dire ?
Nous proposons différents types d'ateliers et il y a quasiment 100 % de jeunes femmes qui viennent à nos ateliers sur l'image de soi et la confiance en soi, que ce soit pour des recherches d'orientation, des recherches d'insertion ou des préparations d'entretien d'embauche. Ce n'est pas une attitude proactive de notre part, mais un constat. Cela mériterait d'être étudié, car il n'est pas anodin que les jeunes femmes n'hésitent pas à exprimer leurs doutes et à faire ce qu'il faut pour s'armer, tandis que les garçons ne le font pas. Par contre, sur les ateliers de recherche d'emploi, c'est du 50/50.
Et en dehors du CIDJ ?
Nous constatons de la part de toutes nos sources d'information, notamment des fédérations professionnelles ou des branches, qu'elles ont à cœur de faire connaître leurs métiers et ont une attitude volontariste d'ouverture aux femmes des métiers réputés masculins.
Y a-t-il encore des actions à entreprendre ?
Je le pense ! Nous savons par exemple très bien que les jeunes filles se dirigent moins vers les études scientifiques. Reste qu'en ce qui concerne notre métier, il est assez difficile d'avoir de façon naturelle une attitude volontariste à l'occasion des demandes individuelles des jeunes femmes. Nous n'avons pas une démarche doctrinaire par rapport à l'ouverture, c'est à l'occasion des entretiens et de l'écoute des besoins de la personne que l'on peut apprécier s'il est nécessaire ou pas d'ouvrir. Il y aurait sans doute des actions à mener en direction des parents sur la question des stéréotypes liés aux filières et aux futurs métiers. Car eux mêmes reproduisent, inconsciemment évidemment, des représentations et des schémas types.
Le CIDJ pourrait-il faire ce travail ?
C'est une hypothèse mais, oui…, nous pourrions faire quelque chose ! Il reste à trouver les bonnes méthodes car je ne suis pas sûre de l'efficacité d'opérations ponctuelles comme les conférences. Cela mérite d'y réfléchir, c'est un sujet qui peut produire des effets à long terme.
Le CIDJ est-il un employeur modèle en terme de parité ?
Nous sommes confrontés à la question mais en sens inverse ! Ce n'est absolument pas volontaire mais nous sommes sur des métiers très féminisés : à 60 % en ce qui concerne l'effectif global du CIDJ et à 70 % pour les personnes qui interviennent auprès du public ou qui rédigent nos publications.
Cette surreprésentation se retrouve-t-elle dans les postes d'encadrement ?
Absolument. C'est récent car il n'y avait que des hommes depuis vingt ans, mais c'est complètement conjoncturel, il n'y a pas du tout eu de démarche de féminisation, c'est le hasard des choses…