Les CIO en quête de positionnement

Par - Le 16 décembre 2012.

Dans l'œil du service public régional de l'orientation... Au début du mois dernier, le 7 novembre, se réunissaient pour la première fois l'ANDCIO, l'Acopf [ 1 ]Association des conseillers d'orientation psychologues de France , l'AAIIO [ 2 ]Association amicale des inspecteurs de l'information et de l'orientation et l'ACSAIO [ 3 ]Association des chefs de service académiques d'information et d'orientation., soit les quatre associations nationales de l'information et de l'orientation. Objet de la rencontre ? “Faire le point sur ce sur ce que les uns et les autres avaient comme information" en matière d'évolution du système d'orientation. L'anecdote, évoquée par Yvan Souleliac, nouveau président de l'ANDCIO, lors sa 8e journée de réflexions-débats (voir page 8), témoigne selon lui du “niveau d'incertitude" des décideurs. Et de constater avec regret qu'en ce qui concerne les CIO, ceux ci soient “plus des éléments de négociation que des structures au service des politiques". De fait, confrontés au désengagement croissant des Conseils généraux, partagés entre l'État, auquel leurs personnels sont jusqu'ici rattachés, et les Régions, bientôt aux commandes du service public de l'orientation, les CIO s'interrogent sur leur avenir. Et pour conquérir toute leur place dans le nouveau paysage de l'orientation, Yvan Souleliac appelle à respecter trois fondamentaux : le “changement", le recentrage sur le “paradigme de la culture sociale, économique et professionnelle" et l'adoption d'une “structure" qui tienne la route.

L'établissement public, “coquille" des CIO ?

Sur ce dernier point, Zbyslaw Adamus, administrateur de l'ANDCIO, témoigne avoir entendu l'expression “donner les CIO", avec pour procédure suggérée celle de les livrer “démontés". À procéder ainsi, prévient-il, ce sera “un enterrement de première classe". Et puis, comment “donner" un CIO alors que celui ci n'est pas un établissement, mais un service ? Répondant en égratignant au passage le modèle des Cités des métiers, l'ex-directeur du CIO de Verdun répond : “Il existe des coquilles vides qui drainent beaucoup de subventions, mais qui ont pour bilan celui de toutes les structures qui veulent bien travailler bénévolement à l'intérieur. Et bien, le CIO, c'est le contraire d'une coquille vide, c'est un contenu sans coquille ! Il n'est pas possible de donner un contenu, donc, s'il doit y avoir un transfert, le préalable est de donner une existence administrative au CIO." Écartant la fondation, l'association ou le groupement d'intérêt public comme possibles modèles, Zbyslaw Adamus en appelle à l'établissement public à caractère administratif, statut d'ailleurs réclamé par le nouveau président comme par l'ancien. Recommandant de s'inspirer du modèle des lycées agricoles (dont le président du conseil d'administration est le président de la Région, ou un conseiller régional), il voit dans cette solution la possibilité donnée à tous de “sortir par le haut" et de “calmer le jeu". Fonctionnement, personnel, pilotage, “tous les points de désaccords pourraient être traités à l'intérieur des divers collège du conseil d'administration", estime-t-il.

L'orientation, un terme “trop polysémique pour être unificateur"

Alors que Vincent Guillon, chercheur enseignant à l'Inetop ., en vient à préférer “l'idée de la culture de la coopération" à celle, souvent évoquée dans le cadre de la mise en œuvre du SPO, d'une “culture commune de l'orientation", le directeur du CIO de Nantes, Robert Poisson, en donne un exemple, en affirmant la nécessité de développer des “structures pluri-professionnelles". Et d'inviter à adjoindre aux conseillers d'orientation psychologues, personnels administratif et directeurs qui composent aujourd'hui les CIO, “des professionnels venus d'autres réseaux" : à savoir “des ingénieurs pour s'occuper de la relation école-entreprise, des documentalistes, des techniciens multimédias et hypermédias, des enseignants situés sur l'aspect pédagogique, des observateurs du système éducatif et du système d'emploi, mais aussi des conseillers de Missions locales". De quoi, selon lui, aller “vers une coopération des acteurs plutôt que vers une diminution des acteurs". Et si l'on n'avait pas compris l'attachement des CIO à leur identité professionnelle, Vincent Guillon le souligne une fois encore en évoquant les contributions de l'ANDCIO à la concertation “Refondons l'école de la République" [ 4 ]Refondons l'école de la République. Et les CIO ? Culture sociale, économique et professionnelle : les fondements de l'orientation tout au long de la vie", Paris, Inetop, 23 novembre. : “La culture de coopération, garantit le respect de l'identité de tous les acteurs, sans lequel aucun travail réel de partenariat ne peut être envisagé. Elle ne confond ni les métiers ni les publics ni les institutions."

5.

Notes   [ + ]

1. Association des conseillers d'orientation psychologues de France
2. Association amicale des inspecteurs de l'information et de l'orientation
3. Association des chefs de service académiques d'information et d'orientation.
4. Refondons l'école de la République. Et les CIO ? Culture sociale, économique et professionnelle : les fondements de l'orientation tout au long de la vie", Paris, Inetop, 23 novembre.