Lorraine : action territoriale d'insertion préalable au contrat de professionnalisation pour 18 futurs aides-soignants
Par Nicolas Deguerry - Le 16 mars 2012.
Population vieillissante, manque d'attractivité du secteur des services à la personne dépendante, coût de formation par l'alternance jugé trop élevé par les employeurs, telle est l'équation lorraine qui aboutit à une très problématique pénurie d'aides-soignants : “Il n'y a pas d'aides-soignants à Pôle emploi en Lorraine, alors que près de 1 000 par an sortent de la formation initiale. Il est déjà difficile de pourvoir aux besoins pour l'ensemble du secteur, mais cela l'est encore davantage pour l'aide à domicile du fait d'un réel problème d'attractivité", nous explique Cathy Beaucourt, adjointe du directeur des formations sanitaires et sociales de la Région. Solution ? Un dispositif innovant qui partage la formation au diplôme d'État d'aide-soignant entre une action territoriale d'insertion (ATI) de dix-neuf semaines et un contrat de professionnalisation de six mois. Bénéfice pour les stagiaires : la sécurisation de leur insertion avec un contrat de pro signé avant le démarrage de l'ATI. Bénéfice pour l'employeur : un allègement des charges et du temps de formation lié au contrat de professionnalisation.
“Nous voulions vraiment être attractifs au niveau des employeurs du secteur des services à la personne dépendante, commente Cathy Beaucourt : il était difficile pour nous de mettre en avant l'attractivité de l'alternance auprès d'employeurs, qui nous disaient que les contrats de professionnalisation leur coûtaient cher compte tenu de la faible présence des stagiaires et de leur faible impact sur leurs problèmes de recrutement et de fidélisation. Nous avons donc essayé de mobiliser quelque chose qui puisse être attractif pour les employeurs comme pour les futurs stagiaires. Nous, Région, étions prêts à financer une partie du temps de formation pour réduire la charge employeur et diminuer le temps de formation pendant le contrat de professionnalisation."
D'où l'ATI, lancée le 15 décembre dernier avec une promotion de dix-huit stagiaires recrutés conjointement par l'institut de formation des aides-soignants de la Croix-Rouge, Pôle emploi et les employeurs. Si tous savent déjà chez quel employeur il débuteront leur contrat de professionnalisation le 30 avril prochain. Cathy Beaucourt souligne qu'ils ont d'ici là l'occasion de multiplier expériences et contextes d'exercices au cours de leur ATI, en effectuant leurs dix semaines de stages en “tournant" chez les quatorze employeurs participant à l'action lancée par la Région. Prévoyant une semaine de remise à niveau et deux semaines d'individualisation, l'ATI inclut également un “module axé sur les conditions de travail" pour tenter de répondre aux difficultés de fidélisation du secteur de l'aide à domicile (horaires décalés, rémunération, etc.).
À l'origine de la demande côté employeurs, “surtout des services d'hospitalisation à domicile et des services de soins infirmiers à domicile, qui nous ont fait remonter leurs difficultés de recrutement en matière d'aides-soignants sur le bassin territorial Metz-Thionville", précise l'adjointe au directeur des formations sanitaires et sociales. À noter que les dix-sept femmes et l'unique homme de la promotion en cours ont tous déjà une première expérience du secteur médico-social, étant titulaires, soit du diplôme d'État d'auxiliaire de vie sociale (DEAVS), soit d'une mention complémentaire Aide à domicile (MCAD).
Également bien reçu de la part des Opca qui voient dans l'ATI un moyen de sécuriser les contrats de professionnalisation à venir, le dispositif devrait connaître de nouveaux développements en 2012. Toujours en direction des aides-soignants, “mais aussi, pourquoi pas, avec des auxiliaires de vie sociale (AVS) ou auxiliaires médico-psychologiques (AMP)", avance Cathy Beaucourt. Et de conclure : “Notre stratégie n'est pas de lancer un marché public pour former x DEAMP à tel endroit de la Lorraine sans savoir ce que cela va devenir, mais bien plutôt de travailler avec les employeurs, groupements d'employeurs ou structures qui se créent pour essayer de recommencer ce type de dispositif."