Pour ou contre les labellisations Orientation pour tous ? Les CIO n'ont pas tranché

Par - Le 16 décembre 2012.

Acteurs historiques de l'orientation initiale, les Centres d'information et d'orientation sont logiquement en première ligne dans la mise en œuvre du service public de l'orientation. Selon la Délégation à l'information et à l'orientation, quelque 80 CIO étaient ainsi labellisés “Orientation pour tous" fin novembre et, surtout, apparaissaient comme les coordonnateurs des territoires labellisés (dans 26 % des cas). Pour autant, les échanges de la 8e journée de réflexions-débats organisée par l'ANDCIO n'en ont pas moins montré que le réseau demeure partagé quant au processus créé par la loi du 24 novembre 2009. Exemple avec un CIO satisfait d'être labellisé, en Moselle, et un CIO qui considère lui qu'“il est urgent d'attendre", dans l'Essonne.

Contre : plus de travail pour un besoin qui n'est pas exprimé

Ainsi et pour Sylvie Pierson, directrice du CIO d'Étampes, les labellisations Orientation pour tous n'apporteraient pas de réelle plus-value par rapport à l'existant. “L'idée, explique-t-elle, c'est que les services labellisés − CIO, Bij [ 1 ]Bureau information jeunesse., Pôle emploi, Mission locale, etc. − se fédèrent en réseau, connaissent les compétences de chacun, les sources d'information utilisées, organisent une ou deux réunions dans l'année et produisent un compte rendu annuel d'évaluation de ce qui a été fait…." Soit, en fin de compte, “plus de travail (…) pour répondre à un besoin qui n'est exprimé par personne dans notre région", estime-t-elle. Non pas que la dimension partenariale ne soit pas jugée pertinente, mais qu'elle existe déjà, dans le respect des compétences de chacun. Décrivant les complémentarités entre CIO, Bij, Mission locales, Pôle emploi, représentants d'entreprises et ingénieurs d'étude de l'Inspection académique, Sylvie Pierson insiste sur la réalité opérationnelle du “travailler ensemble" sur son territoire.

Pour : mise en cohérence, formalisation et obligation de se réunir

Sur la question de l'antériorité des partenariats, Brigitte Dutreuil, qui dirige le CIO de Rombas (Moselle), labellisé au mois d'octobre dernier, ne dément pas, mais y voit surtout un élément positif pour la réussite des labellisations. “Ce qui a énormément facilité les choses en Lorraine, c'est qu'il y avait déjà une structuration et un co-pilotage État-Région depuis plus de trois ans", explique-t-elle. Rappelant la signature par 17 institutions d'une charte de l'AIO en 2009, elle analyse : “Lorsque le texte national relatif aux labellisations Orientation pour tous est arrivé, nous étions déjà en mesure de pouvoir y répondre, parce que nous avions déjà acté des choses sur le terrain, nous étions déjà rencontrés et avions appris à nous connaître." Plus encore, la directrice du CIO de Rombas perçoit une incidence positive sur le travail en réseau. “Certes, il est vrai que la plupart du temps, dans un CIO, nous avons cette position particulière qui nous permet de travailler avec de nombreux acteurs hors Éducation nationale", concède-t-elle. Mais, d'une part, ces partenariats lui apparaissent “inégaux d'une région à l'autre" et, d'autre part, ils lui semblent trop souvent limités à la hiérarchie : “Même quand le partenariat existe, ce n'est pas pour autant que, au-delà des directeurs, nos conseillers savent exactement qui est qui et qui fait quoi sur le terrain", estime-t-elle. Et d'insister : “Les labellisations vont dans le bon sens dans la mesure où elles permettent de mettre de la cohérence, de formaliser les choses et de nous obliger à nous réunir pour travailler davantage ensemble : avant, nous étions davantage dans l'échange d'informations (…). Il faut que nous essayions d'aller plus en profondeur et de nous doter d'outils pour voir la plus-value que nous pouvons apporter à travers cette mise en place du SPO."

Pas si urgent

Moins convaincue, la directrice du CIO d'Étampes critique également l'objectif du label, en voyant dans la notion de “premier accueil" un cahier des charges nettement moins exigeant que ce que réalise un CIO : “Nous faisons plus, avec un personnel formé à bac + 5." Et elle explique : “Le cœur de métier des conseillers d'orientation psychologues (Cop), c'est d'accompagner les jeunes dans l'élaboration de leur projet d'orientation", que ce soit par la conduite d'entretiens avec les élèves et les parents ou l'accompagnement global des jeunes, en tenant compte de leur situation, de leurs difficultés et de leurs motivations. Évoquant la prévisible montée en puissance des Régions dans la gouvernance du service public de l'orientation en cours de redéfinition, Sylvie Pierson ne se dit pas totalement hostile à la perspective d'une labellisation, mais n'en voit pas l'urgence : “Nous attendons, et nous continuons de travailler… Pour le moment, nous ne sommes pas labellisé et nous n'avons pas le sentiment que les personnes du territoire confondent les acteurs." Et de conclure : “Ce n'est pas aussi confus sur le terrain que cela semble l'être au ministère."

Notes   [ + ]

1. Bureau information jeunesse.