Thierry Repentin entend être “très attentif" au développement des Cités des métiers

À l'instar de ses prédécesseurs et des rapports qui ont entouré la naissance de la loi du 24 novembre 2009 instaurant le service public de l'orientation, le ministre délégué chargé de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage n'a pas caché son intérêt pour les Cités des métiers, en remettant, le 23 octobre, l'insigne de chevalier de la Légion d'honneur au fondateur du concept, Olivier Las Vergnas.

Par - Le 16 novembre 2012.

C'est d'ailleurs dans les locaux mêmes de la Cité des métiers de Paris que Thierry Repentin a décoré ce dernier, respectivement directeur de la Cité des métiers, secrétaire général du réseau international des Cités des métiers et délégué à l'insertion, la formation et l'activité professionnelles de la Cité des sciences et de l'industrie. Le ministre a d'abord échangé avec les professionnels et les usagers avant, dixit le ministre, d'apprécier lors d'une audience privée “la vitalité des échanges et le sens de l'innovation" du bureau du réseau international des Cités des métiers, présidé par Grégoire Evéquoz, président de la Cité des métiers du Grand Genève [ 1 ]Également directeur général de l'office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue du canton de Genève.. Et de commenter : “Les expériences et les bonnes pratiques circulent vite et s'amendent pour être toujours mieux en phase avec les besoins de nos concitoyens, les territoires s'en trouvent dynamisés, les réseaux de partenaires locaux sont irrigués, voilà des phénomènes expansifs tout à faits intéressants !" Évoquant tour à tour le docteur en sciences de l'univers, le militant de l'éducation permanente et populaire, le pédagogue passionné d'astronomie, l'écrivain de romans d'anticipation ou encore le chercheur en sciences de l'éducation, Thierry Repentin s'est longuement attardé sur le concept de Cité des métiers. Filant la métaphore, le ministre s'est plu à voir dans la création, en 1993, de celle de Paris, “l'apparition d'une Ovni sur le champ de l'accompagnement au parcours professionnel". Ovni ? Comprendre une “organisation vraiment nouvelle et incluante", où “chaque personne est accueillie de façon anonyme, gratuite, et surtout quelle que soit sa situation", a-t-il remarqué. Ayant pu constater lors de sa visite une organisation de l'espace structuré autour des “questionnements des personnes" plutôt que des “logiques institutionnelles", Thierry Repentin n'a pas manqué de vanter le modèle coopératif qui a pourtant parfois soulevé un vent de fronde, FSU en tête, dans le cadre des labellisations Orientation pour tous : “Pour répondre au mieux aux besoins des usagers, les conseillers qui animent les pôles se sont en effet organisés pour mutualiser et développer leur propre compétence, en s'appuyant sur leur complémentarité sans pour autant perdre leur propre identité professionnelle", a-t-il estimé.

Au delà du rappel des objectifs d'autonomisation et d'émancipation qui fondent les Cités des métiers, Thierry Repentin a surtout souligné la place qu'il entendait leur accorder dans le service public de l'orientation : “Je serai très attentif au développement des Cités des métiers, tant elles sont le signe révélateur de l'émergence de partenariats structurés et territorialisés dont a tant besoin le SPO, et je ne verrai donc qu'avantage à les inclure dans les futurs contrats de projets État-Région et dans les usages possibles de la ressource des fonds structurels", a-t-il insisté. Alors que les déclarations d'origine gouvernementale annonçant la régionalisation de l'orientation se multiplient depuis le mois de septembre, Thierry Repentin a encore une fois rappelé sa conviction “de la nécessité de confier aux Régions le soin de coordonner les acteurs du SPO sur leur territoire", responsabilité qui devrait être formalisée “à l'occasion d'un texte de loi qui sera présenté dans quelques semaines". Estimant les Régions “mieux à même de faciliter la dynamique indispensable entre orientation, formation et insertion sur un territoire dont elles portent la stratégie de développement économique", il s'est également placé dans une perspective d'équité territoriale pour “encourager un large rayonnement géographique des Cités des métiers, notamment grâce à la création et à la labellisation de centres associés" (voir encadré sur le comité de labellisation). Enfin, décrivant l'importance des coopérations entre acteurs de l'orientation, de l'insertion et de la formation qui fondent les Cités des métiers, Thierry Repentin a notamment insisté sur les partenariats avec les chambres consulaires, qu'il juge particulièrement utiles au rapprochement avec le monde de l'entreprise.

Réfutant l'idée du génial inventeur dans ses remerciements, Olivier Las Vergnas a lui revendiqué un rôle de “facilitateur" et d'“intermédiation", s'inscrivant dans des “trajectoires collectives" : “Je n'ai fait qu'interpréter l'air du temps, je n'ai pas sorti de rien les Cités des métiers ou les Nuits des étoiles [ 2 ]Fête annuelle de l'astronomie créée par Olivier Las Vergnas et destinée à partager avec le plus grand nombre la connaissance du ciel. ", a-t-il tenté d'expliquer. Revenant longuement sur la spécificité de la Cité des métiers de Paris installée dans les locaux de la Cité des sciences et de l'industrie, il s'est aussi largement fait l'avocat d'une diffusion de la culture scientifique à tous les niveaux de la société, estimant notamment les “méthodes d'investigation et de résolution de problèmes" utiles à tous. Et de conclure : “Le partage du savoir scientifique, c'est finalement très proche d'aider à comprendre ce que sont les notions d'évolution des métiers."

Un comité de labellisation prolifique

Antérieur au label Orientation pour tous, créé par la loi du 24 novembre 2009, le label Cité des métiers continue de progresser. Le comité de labellisation qui se réunissait ce même jour a ainsi pu annoncer au ministre deux nouvelles labellisations (Cité des métiers de Montpellier et Cité des métiers du Val-de-Marne), deux nouveaux sites [ 3 ]Les sites présentent une organisation partenariale tout en étant partie prenante d'une Cité des métiers d'envergure régionale. (Caen et Cherbourg, en Basse-Normandie) et un autre en projet (Ostie, en Italie), deux nouveaux centres associés [ 4 ]Les centres associés sont des implantations partenaires. (Freiburg, en Allemagne, et Annemasse) ; deux confirmations (Cité des métiers de la région mulhousienne, Cité des métiers de Genève, devenue Cité des métiers du Grand Genève) et, enfin, une labellisation “en fonctionnement" de la Cité des métiers de Saint-Quentin-en-Yvelines. Soit plus d'une trentaine d'implantations dans le monde, dont plus d'une vingtaine en France.

Hella Kribi-Romdhane, nouvelle présidente du Gip Défi métiers

Jeune conseillère régionale d'Île-de-France, Hella Kribi-Romdhane, 32 ans, vient d'être nommée présidente de Défi métiers, le Carif-Oref francilien. Choisie par le président de l'exécutif régional Jean-Paul Huchon pour succéder à Sébastien Pietrasanta, Hella Kribi-Romdhane représentait déjà le Conseil régional dans les conseils d'administration des Missions locales et des Plie [ 5 ]Plan local pour l'insertion et l'emploi. de l'Essonne, tout en étant membre des commissions “Formation professionnelle, apprentissage, alternance et emploi", “Action sociale et santé" et “Sports et loisirs" du Conseil régional.
Originaire d'un quartier populaire de Massy et issue d'une famille militante, Hella Kribi-Romdhane s'est elle même engagée très tôt. Militant à la FIDL au lycée, elle poursuit à l'Unef lors de ses études supérieures, tout en se livrant à sa “première action de solidarité directe" en délivrant bénévolement des cours de soutien scolaire aux jeunes en difficulté de son quartier. Titulaire d'un diplôme de communication politique et publique acquis à Paris-XII et diplômée de l'Institut d'études européennes (Paris-VIII), Hella Kribi-Romdhane a enseigné comme chargée de TD avant d'intégrer la fonction publique territoriale.

Arrivée à la tête du groupement d'intérêt public (Gip) le 3 octobre dernier, Hella Kribi-Romdhane inscrit sa présidence dans un contexte de crise qui renforce selon elle le caractère “indispensable" de Défi métiers. “L'acte III de la décentralisation, en positionnant la Région sur un échelon stratégique, ouvre de nouvelles perspectives. La Région assumera cette responsabilité dans un dialogue constructif avec les acteurs de l'emploi et de la formation. Je travaillerai avec l'État et les partenaires sociaux en ce sens", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Contactée par L'Inffo, l'élue régionale précise : “Ce qui me semble important, c'est de faire le lien entre les collectivités, l'État, le Gip et ce qui se fait concrètement à l'échelle des territoires sur le terrain et au contact des usagers." Soulignant sa volonté d'améliorer la “lisibilité" de l'action du Carif-Oref, “à une époque où l'on parle beaucoup de mille-feuille administratif", la nouvelle présidente se dit déterminée à “développer au maximum le travail de réseau, de mutualisation et de partenariat dans le champ de la formation, de l'emploi et de l'orientation". Élevant au passage les Missions locales au rang de “structures fabuleuses", elle insiste sur la nécessité de “mettre au centre la question de la professionnalisation des acteurs, de l'animation du réseau et de la mutualisation des bonnes pratiques et des bonnes idées".

Soulignant également que “les personnes les plus éloignées de l'emploi sont en attente de professionnels et d'interlocuteurs qui les écoutent, les aident et les accompagnent", Hella Kribi-Rhomdane réaffirme le positionnement de Défi métiers dans une “logique de service public : elle est naturelle, mais il convient de la renforcer, parce que nous avons bien vu ces dernière années, notamment dans le champ de la santé, mais aussi de l'emploi, qu'il y avait parfois des logiques de rentabilité", estime-t-elle. Et de conclure : “La position centrale du GIP Défi métiers est à affirmer pleinement."

Des missions rattachées au CPER 2007-2013

Les missions du Carif-Oref Défi métiers sont rattachées à un objectif majeur du contrat de projets État-Région 2007-2013 “Agir sur le chômage", décliné en trois axes stratégiques : le soutien et le développement des qualifications professionnelles et de l'emploi durable ; l'anticipation des mutations économiques ; des politiques de formation adaptées aux besoins des entreprises et des publics qui se forment “tout au long de la vie".

Notes   [ + ]

1. Également directeur général de l'office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue du canton de Genève.
2. Fête annuelle de l'astronomie créée par Olivier Las Vergnas et destinée à partager avec le plus grand nombre la connaissance du ciel.
3. Les sites présentent une organisation partenariale tout en étant partie prenante d'une Cité des métiers d'envergure régionale.
4. Les centres associés sont des implantations partenaires.
5. Plan local pour l'insertion et l'emploi.