Anne-Laure Cornu, l'équitation au naturel
Par Nicolas Deguerry - Le 01 décembre 2013.
_ -“Grâce à Dieu, j'ai redoublé !"
- “Pardon ? Faute de mieux, vous avez
redoublé ?"
- “Non, non… j'ai redoublé !"
Nous avions donc bien entendu et l'avions
enfin trouvée, l'incarnation de la résilience
scolaire ! La raison de ce bonheur incongru ?
Le stage de découverte professionnelle
proposé en classe de troisième. L'occasion
pour Anne-Laure Cornu de découvrir
l'activité d'un club équestre. Coup de
foudre et une seule envie : recommencer.
D'où la perception d'un divin coup de
pouce : redoublement, même stage, même
certitude, le bonheur est dans le pré. Entre
deux murmures à l'oreille des chevaux,
le directeur du club n'en a pas perdu une
miette. Et propose à l'élève désargentée de
prendre gratuitement des cours moyennant
menus services. Tope là ! Anne-Laure Cornu
vient de trouver le moyen de passer en
seconde sans rompre avec les chevaux. Six
galops [ 1 ]Examens de niveau, en équitation. plus tard et le bac en poche, le doux
cataclop est renvoyé au rang de loisir.
De serveuse…
Une vie à gagner, pas de qualification particulière,
elle choisit l'événementiel. Hôtesse,
serveuse, elle découvre que l'argent rentre
plutôt bien dans le monde de la nuit et,
native d'Île-de-France, prend la direction
du Sud. Cinq ans à l'Eden Beach Casino de
Juan-les-Pins, un passage par le centre de
formation interne pour devenir croupière,
une vie agréable et, désormais, les moyens
de financer sa passion. S'ennuyant ferme
dans ses cours particuliers d'équitation, elle
se met à monter pour des propriétaires. Et
après le redoublement, c'est cette fois-ci
une chute qui la relance. Deux mois alitée
avec quatre lombaires cassées, elle en
ressort plus motivée que jamais. Informée
du congé individuel formation (Cif) par son
employeur, elle fonce demander à suivre
une formation d'équitation éthologique. “On
arrête de prendre, on apprend à demander",
explique-t-elle. Discipline alors ignorée
de la fédération d'équitation comme du
Anne-Laure Cornu,
l'équitation au naturel
ministère de la Jeunesse et des Sports, elle
apprécie encore aujourd'hui la “prise de
risque" assumée par le Fongecif Paca.
… à monitrice cavalière
professionnelle
Pas encore tout à fait prête pour une
véritable reconversion professionnelle à
l'issue de la formation, Anne-Laure Cornu
reprend le travail, puis réussit à contourner la
limite d'âge pour signer un contrat d'apprentissage.
Objectif ? Décrocher son BPJEPS [ 2 ]Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport.
option équitation. Si l'expérience s'avère
des plus profitables en termes de progression,
elle se révèle plus dommageable pour
les finances. C'est donc cette fois ci “pour
renflouer les caisses" qu'elle renoue une
dernière fois avec le métier de serveuse. Le
tournant a lieu le 1er septembre 2011, qui la
voit devenir auto-entrepreneure monitrice
indépendante et cavalière professionnelle.
D'abord partagée entre des prestations de
monitorat pour un centre équestre et une
activité d'équitation éthologique pour des
particuliers, elle se voit bientôt proposer de
prendre la responsabilité d'un domaine que
souhaite créer l'un de ses clients.
De la classe de découverte professionnelle
au contrat d'apprentissage en passant
par le congé individuel de formation,
Anne-Laure Cornu a longtemps cheminé.
Aujourd'hui comblée, elle témoigne à
sa manière de l'intérêt des dispositifs
d'accompagnement proposés aux différents
âges de la vie. Mobilisés à bon escient, ils
ont dans son cas pleinement joué leur rôle
et l'ont aidée à s'inscrire dans une logique
de parcours. Prochaine étape pour celle
qui déclare ne vouloir changer pour rien
au monde ? “Rien ne presse, peut-être un
diplôme d'instructeur…"
Notes
1. | ↑ | Examens de niveau, en équitation. |
2. | ↑ | Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport. |