Casques verts juniors : objectif, carrière dans le “développement durable"
Par Nicolas Deguerry - Le 16 février 2013.
Comment passer d'une idée de métier aussi vague qu'apparemment sympathique à un projet professionnel étayé et abouti ? La question concerne des dizaines, pour ne pas dire des centaines de milliers de jeunes. Le “développement durable", par exemple, a bonne presse et belle image, avec en plus, et ce n'est pas si courant, un véritable gisement d'emplois à creuser. Exploration.
Il y avait les Casques bleus et les Castors juniors, il faudra désormais compter avec les Casques verts juniors. En partage avec les premiers, le sens aigu d'une communauté de destin. Mais à la différence de leurs aînés, il leur manque la boussole. En clair, leur souci de préserver la planète les conduit à vouloir “travailler dans le développement durable", sans qu'ils sachent pour autant toujours très bien traduire le concept en projet professionnel. Être accompagné pour passer du vague souhait au vouloir, c'est justement ce que se propose d'apporter l'opération “Casques verts juniors, 1 000 jeunes pour le développement durable". Pourquoi 1 000 ? Parce que tel est l'effectif que les porteurs du projet entendent accompagner dans les deux prochaines années.
Accompagner les jeunes vers l'emploi
À l'origine du dispositif, une alliance nouée entre les Compagnons du Devoir du Tour de France et la Maison de l'orientation lors d'un projet européen [ 1 ]Trans Formation., lequel avait pour objectif d'informer, d'orienter et de former aux métiers du bâtiment. En lien avec la Degesco, les deux partenaires avaient alors développé une réflexion autour de la problématique des “décrocheurs". Si celle-ci est ressortie lorsqu'est apparue l'idée que la thématique du développement durable pouvait contribuer à attirer des jeunes vers les métiers concernés, le projet Casques verts juniors s'est rapidement élargi à d'autres publics et modalités. Évoquant des discussions avec les Missions générales d'insertion de l'Éducation nationale (MGI) et les Missions locales, Gérard Roudaut, délégué général de la Maison de l'orientation et concepteur de la plateforme des Casques verts juniors, le souligne : “Tout cela est finalement venu du terrain."
Casques-verts-juniors.com
Du côté du grand public, l'opération se manifeste par un site internet qui propose des entrées différenciées en fonction de la situation du jeune : décrocheur, collégien ou lycéen, bachelier ou étudiant, demandeur d'emploi. Une fois inscrit, l'internaute peut alors bénéficier d'un accompagnement entièrement gratuit, sous forme d'une prestation d'orientation personnalisée. Laquelle débute par le passage d'un test qui lui permet de se présenter et de déposer une sorte de candidature ouverte. Corrigé individuellement par un conseiller de la Maison de l'orientation, le test débouche sur un bilan d'une vingtaine de pages et des propositions puisées dans l'éventail des solutions proposées par les partenaires. Parmi celles-ci, et en fonction du profil et du parcours du demandeur, ce dernier peut ainsi se voir proposer une formation, un chantier école, un contrat d'alternance, un emploi, etc.
Autre possibilité de navigation : identifier directement un métier parmi la centaine proposée, soit par sélection d'un domaine d'activité et/ou niveau de formation, et/ou type de travail, soit par thème (“éco-construire" et “éco-rénover", préserver l'environnement et le paysage, économiser l'énergie). Après un premier balayage, l'internaute peut alors décider de passer par la phase de test pour l'aider à choisir ou sélectionner l'une des options suivantes : approfondir sa recherche en s'inscrivant à des événements géolocalisés (salon, stage de découverte, etc.) liés à son projet, rejoindre le réseau social maison Appuyé sur [ 2 ]CV Map pour débuter son enquête professionnelle, étudier les possibilités de parcours ou candidater directement à une formation. “Si le jeune a candidaté pour quelque chose, il est convoqué, par exemple pour un positionnement s'il s'agit d'une formation en alternance, ou pour un entretien d'embauche s'il s'agit d'un chantier ou d'un emploi direct, explique Gérard Roudaut. Et s'il est présélectionné, par exemple pour un contrat en alternance, des offres lui sont alors proposées." Celles-ci proviennent à la fois d'un moteur de recherche sémantique qui interroge des sources proposant des contrats et de dépôts directs d'offres par les entreprises.
Accompagnement mutualisé
Si le site Casques-verts-juniors.com est accessible aux usagers individuels, son concepteur ne s'attend pas à ce que les internautes, au premier rang desquels les décrocheurs, se précipitent sur la plate-forme. CQFD : le dispositif ne prend tout son sens que lorsqu'il est activé par les relais de terrain que sont les CIO, les Missions locales ou encore les Maisons de l'emploi et de la formation. Aussi, perçoit-il avant tout les Casques verts juniors comme un “équipement collectif" destiné à servir l'ensemble des acteurs. Au centre d'une chaîne qui associe, en lien avec les organismes de formation, les entreprises et les collectivités, le potentiel d'internet en matière d'information et de communication aux compétences des professionnels de l'AIO, le jeune bénéficie ainsi d'un “accompagnement mutualisé" au long cours. Principal avantage : traiter le problème de l'insertion professionnelle dans sa globalité, sans déconnecter le processus d'orientation d'un objectif final ici clairement assumé comme l'emploi.
Modèle économique
Entièrement gratuit pour l'usager, Casques verts juniors bénéficie, d'une part, de l'investissement des Compagnons du Devoir du Tour de France et d'une fondation du secteur et, d'autre part, des retombées financières provenant de la location des outils de la plateforme par les organismes de formation et les grandes entreprises [ 3 ]Le dispositif est gratuit pour les TPE-PME.. Vantant la dimension “sourcing de candidats" pour les organismes de formation et les entreprises, Gérard Roudaut rappelle aussi que le dispositif ne fait que démarrer.
Parmi les pistes de développement envisageables, figurent en bonne place les syndicats intercommunaux qui pourraient recourir à la plateforme dans le cadre des appels d'offres intégrant des clauses de mieux-disant social. Et d'assurer : “Certains se sont déjà montrés intéressés pour équiper leurs Maisons de l'emploi, de manière à pouvoir recruter des jeunes qui correspondent aux clauses tout en ayant en plus été débriefés au travers de l'accompagnement mutualisé." De même, “certains services techniques de mairies, de collectivités publiques ou d'hôpitaux sont assez preneurs d'apprentis, mais ne savent pas trop comment s'y prendre", ajoute-t-il. On l'aura compris, Casques verts juniors a sa petite idée sur la question…
Partenaires du projet : Compagnons du Devoir du Tour de France, Maison de l'orientation, ministère de l'Éducation nationale, CCA-BTP, La Cité de la construction, France TV Éducation.
Nicolas Deguerry
Premier enjeu du “Pacte pour l'artisanat" [ 4 ]Voir L'Inffo n° 827, p. 4. présenté par Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, au conseil des ministres du 23 janvier : renforcer l'attractivité de ces métiers qui accueillent actuellement 380 000 apprentis par an. Et premier levier, la sensibilisation des jeunes dans le cadre du service public de l'orientation.
Les chambres de métiers seront toutes incitées à obtenir le label de “Pôle information et orientation sur les formations et les métiers". Une meilleure information sur les filières de l'artisanat sera diffusée aux conseillers des pôles généralistes, comme les antennes de Pôle emploi. Les informations du portail Orientation pour tous seront complétées en précisant, notamment, les débouchés dans les secteurs porteurs.
Dès le collège, il est prévu de développer des “formules de pré-orientation", à l'instar du dispositif d'initiation aux métiers en alternance (Dima) qui propose aux élèves de 15 ans une formation d'un an maximum sous statut scolaire en CFA. Une évaluation préalable, sous la forme de pré-tests et de tests de positionnement, validera l'orientation choisie pour éviter les échecs.
Ruptures “sèches" ou “brutes" ?
“Le gouvernement mettra en place un outil national de suivi et de pilotage de l'apprentissage des jeunes", prévoit le pacte. Il regroupera les données des chambres de métiers (nombre d'apprentis, niveau, âge et secteur d'activité, nombre de contrats signés, taux de rupture, identification des filières en tension, etc.) pour éclairer les décisions publiques. Il s'agira aussi de suivre les décrocheurs et faire la distinction entre les ruptures dites “sèches" (sorties définitives) ou “brutes" (réorientations professionnelles, changements d'entreprise ou de filière).
La formation des artisans adaptée
Pour renforcer et adapter la formation des artisans, le pacte propose d'intégrer dans les CFA une préparation à l'entrepreneuriat (gestion, marketing, communication), de créer des modules de “formation numériques innovantes" (“conception assistée par ordinateur", “dessin assisté par ordinateur", etc.). Le gouvernement veut également relancer et généraliser les dispositifs de développeur et de médiateur de l'apprentissage, pour faciliter la mise en relation des entreprises et apprentis, puis prévenir les difficultés. Enfin, le pacte prévoit d'améliorer “quantitativement et qualitativement" la formation des maîtres d'apprentissage et de valoriser leur statut, par le biais de la VAE. À suivre.
Béatrice Delamer
Le service public de l'orientation en Pays de la Loire
Le 22 janvier est à marquer d'une double pierre pour l'orientation dans les Pays de la Loire. En effet et ainsi que le rapporte un article du Carif-Oref régional [“Le SPO en marche dans les Pays de la Loire", Thierry Bodin-Hullin, [Carif-Oref des Pays de la Loire[/footnote], ce jour a vu à la fois la Région adopter une charte du service public de l'orientation (SPO) et le Pays d'Ancenis décrocher la première labellisation Orientation pour tous en Pays de la Loire.
Pour le président du Conseil régional, Jacques Auxiette, comme pour le préfet de région, Christian de Lavernée, cités par le Carif-Oref, il semblait important de se lancer : alors que le premier appelait “l'ensemble des acteurs […] à se mobiliser", notamment pour “la mise en valeur de la production industrielle [et] la réponse aux besoins des entreprises dans les domaines de la métallurgie et de l'agroalimentaire", le second évoquait, lui, une “certaine urgence" à procéder aux labellisations territoriales. Les prochaines devraient concerner Nantes et Angers.
Notes
1. | ↑ | Trans Formation. |
2. | ↑ | CV Map |
3. | ↑ | Le dispositif est gratuit pour les TPE-PME. |
4. | ↑ | Voir L'Inffo n° 827, p. 4. |