Chrystelle Budin et Laurence Pauchet, deux “Fermière" sur le podium

Par - Le 01 novembre 2013.

Entre la responsable logistique et la responsable
production de l'entreprise de produits laitiers
La Fermière, l'Agefos-PME Paca n'a pas voulu
trancher : toutes deux candidates au Prix de
la professionnalisation organisé par l'Opca
interprofessionnel, toutes deux lauréates. Non
pas que leurs carrières se ressemblent ou que
leurs missions se conjuguent à l'unisson, mais
plutôt une façon de témoigner de la diversité
des excellences.

Deux parcours reconnus

Réunies sur le podium, Chrystelle Budin et
Laurence Pauchet avaient jusqu'alors cheminé
chacune de leur côté. La première n'a quitté la
Corse que pour tenter de devenir dentiste, la
seconde a grandi dans les quartiers Nord de
Marseille et se rêvait reporter-photographe.
L'une et l'autre ont dû revoir leur orientation
et su trouver de nouvelles motivations. Ainsi
de Chrystelle Budin, 32 ans, qui au prix d'une
mobilité géographique sans faille, a finalement
décroché un master en agro-alimentaire et gravi
les échelons dans le domaine Qualité Sécurité
Environnement. De la TPE au grand groupe,
elle aura pu apprécier l'éventail des tâches
avant d'intégrer La Fermière, en 2011, sur une
mission de responsable sécurité. Passée maître
dans l'art d'exploiter les marges de sa fiche de
poste, elle est aujourd'hui devenue responsable
production.

Très tôt intéressée par la gestion des stocks
alimentaires, Laurence Pauchet, 43 ans, choisit
d'abord la restauration collective avant qu'un
licenciement économique ne confirme via
un bilan de compétences son attrait pour la
logistique. Embauchée à La Fermière pour
assurer en remplacement la responsabilité
du service expéditions de ce qui n'est alors
qu'une entreprise régionale, elle se voit confier
la logistique lorsque s'affirme la vocation
nationale. Entrée dans la société quand celle
ci comptait plus de trois fois moins de salariés
qu'aujourd'hui, Laurence Pauchet doit faire face
à une crise de croissance qui place l'entreprise
en plan de sauvegarde. Compétente mais
menacée dans son employabilité par l'absence
de diplôme en logistique, elle décide alors de
passer une licence professionnelle Management
logistique opérationnel en milieu industriel. Et
plutôt que de se tourner vers la VAE, choisit la
formation continue pour bénéficier des cours et,
surtout, d'un réseau : “C'est important d'avoir
un réseau social professionnel pour pouvoir
partager ses expériences, et ce réseau là, à
part mes prestataires de services, je ne l'avais
pas parce que je n'avais pas de collègues
de formation, chose que j'ai aujourd'hui", se
félicite-t-elle. Autorisée à s'absenter les vingthuit
jours nécessaires sous réserve de maintenir
son travail, Laurence Pauchet ne cache pas
l'ampleur de l'investissement personnel mais dit
aussi tout le profit qu'elle a retiré de ses efforts.

Un Prix… pour les autres

Alors que le Prix de la professionnalisation
leur a été remis par Françoise Rastit, déléguée
régionale aux droits des femmes et à l'égalité,
Chrystelle Budin tient à rappeler que l'égalité
ne va pas de soi : “Ce n'est pas toujours évident
pour une femme qui approche la trentaine
de faire valoir en entretien que l'on est une
personne et pas une future mère, je suis
passée à côté de beaucoup
d'opportunités à cause de
mon sexe et de mon âge, c'est
assez injuste", dénonce-t-elle.
Très engagées dans leur vie
professionnelle, les deux
lauréates ne s'en mettent pas
moins en retrait lorsqu'on les
interroge sur le sens de leur
prix, pourtant individuel. Pour
Chrystelle Budin, c'est avant tout
la satisfaction d'augmenter le
budget formation de l'entreprise
grâce au chèque remis par
Agefos-PME Paca. S'avouant
sans ambages beaucoup plus
émue par sa licence que par son
Prix, Laurence Pauchet serait,
elle, ravie de faire des émules :
“Si cela pouvait motiver des
gens de mon âge à reprendre
une formation, cela aurait un
intérêt... On a encore du potentiel passée la
quarantaine !", encourage-t-elle. En phase de
réflexion sur son avenir après une année bien
remplie, Laurence Pauchet n'a pas encore défini
l'orientation qu'elle souhaiterait désormais
donner à sa carrière. Chrystelle Budin continue
elle à penser évolution : “Mon but, c'est
d'aller vers plus de terrain et d'évoluer sur les
différentes facettes de ma mission. Même si
je suis assez autonome, je pense qu'il y a une
grosse marge de progrès et que les prochaines
années seront bien occupées à compléter tout
le panel de compétences que demande le poste
de responsable production". Et quand on lui
demande si cela augure d'un retour prochain
en formation, celle qui, armée d'une solide
formation initiale, n'aura fait que de brèves
incursions en formation continue, rappelle la
pertinence de la formation informelle : “Que
ce soit par le management, le terrain ou les
différents services qui apportent chacun une
petite touche à l'édifice, on est chaque mois un
peu plus riche !", insiste-t-elle.