Du tout-présentiel au tout-distanciel, une révolution e-learning à trois millions d'euros pour Volkswagen France

Par - Le 16 avril 2013.

C'est bien une “révolution culturelle" qu'a entamée, en 2011, la direction française du groupe Volkswagen [ 1 ]En France, le réseau Volkswagen (et ses filiales) représente près de 850 concessions, succursales et
garages agréés, pour 10 000 stagiaires potentiels.
dans sa politique interne de formation. Jusqu'alors, le géant automobile allemand formait 94 % de ses collaborateurs français en présentiel. Le e-learning a changé la donne.

Trois sites (Paris, Bordeaux, Lyon), trente-trois métiers, soixante “animateurs de formation" (le vocable interne pour désigner les formateurs du groupe), mille neuf cent soixante-treize sessions de formation assurées en 2012… et 27 % d'augmentation des coûts de formation en deux ans pour le constructeur (dont la gamme, outre les automobiles griffées du V et du W, comprend également les marques Audi, Seat, Skoda et Volkswagen Utilitaires). Une situation qui a amené la direction du groupe à revoir sa politique, dans un premier
temps concernant les formations dites “après-vente" (pièces détachées, carrosserie, technique, etc.), en les dématérialisant grâce aux services du cabinet e-learning Strass Productions. Et pour développer cet outil e-learning,
Volkswagen France n'a pas hésité à poser trois millions d'euros sur la table, sans financement extérieur. Les trois-quarts des anciens modules présentiels à la poubelle “Le premier travail pédagogique a été de démonter les modules de formation présentiels tels qu'ils existaient alors pour les transformer en compétences- métiers autour desquelles articuler les contenus de formation. Dans les faits, les trois quarts des anciens modules sont directement partis à la poubelle !", explique ainsi Bruno Lavoisier, responsable de la formation “pré-vente" au sein du groupe automobile. Une réorganisation qui s'est traduite par une réduction des coûts, une flexibilité accrue des temps de formation et une suppression des plannings de formation, souvent lourds à gérer. Non sans heurts, toutefois, puisque les
soixante “animateurs de formation" se sont – légitimement – inquiétés quant à leur avenir. “Ils ont été impliqués dans le processus d'e-formation ainsi que dans l'animation et le tutorat des séquences présentielles des sessions blended", indique Bruno Lavoisier, tout en reconnaissant cependant que la restructuration a “conduit au départ de quinze d'entre eux, qui ont pu toutefois être replacés ailleurs". 107 modules de compétences conçus en un an et demi

Pour Anne Marleix, présidente de Strass, et pour son équipe, le chantier était d'autant plus motivant qu'il partait de zéro. “Le catalogue était entièrement à construire, de la conception à la scénarisation finale", annonce-telle. Mais si le projet pouvait paraître ambitieux pour cette PME de 20 personnes, le domaine automobile ne lui est pas inconnu, puisque Strass, après avoir exercé pour Renault, est actuellement active dans la conception de Generic SG, un modèle de simulation de moteurs “en 3D full web temps réel", en collaboration avec six Universités virtuelles, dans le cadre d'un projet industriel financé au titre du grand emprunt. Pour Volkswagen France, les concepteurs du cabinet e-learning ont agi en binôme avec les responsables de compétences du constructeur automobile. “L'ingénierie pédagogique a été bouclée fin 2011, après six mois de travail", se souvient Anne Marleix.

Quant aux cent-sept premiers modules de compétences, ils ont été conçus en un an et demi, entre 2011 et 2012." Mais le projet n'est pas à ce jour terminé et, d'ici au deuxième trimestre 2013, le catalogue e-learning de Volswagen se verra enrichi de soixante références supplémentaires, dont le modèle consiste à substituer l'équivalent d'une journée de e-formation suivie d'un journée en présentiel aux cinq jours de cours en salle qui étaient jusqu'alors la norme dans le groupe. Une ambition rendue possible par les possibilités technologiques d'une plateforme LMS de type Lema (outil espagnol adapté au e-learning dans les secteurs de l'automobile et de la banque) hébergée par les serveurs du constructeur.

Demain, les serious games

Les résultats de ce changement radical dans la politique de formation du groupe ? “Aujourd'hui, il est trop tôt pour juger de son efficacité grâce à des données chiffrées", souligne Bruno Lavoisier, en dépit de premières observations “à chaud" plutôt positives en termes d'attirance des salariés pour l'outil et d'assiduité aux cours, même si, sur certaines compétences-métiers (les moteurs, notamment), les résultats s'avèrent, pour l'heure, décevants avec un taux d'utilisation de 35 % là où la direction du groupe en espérait 60. “Une culture d'ateliers virtuels et d'utilisation de simulateurs 3D est encore à créer au sein de notre réseau", annonce Bruno Lavoisier Mais l'outil e-learning étant encore un work in progress, de nouveaux développements sont attendus, notamment la mise en place de forums d'échanges et d'information sur les bonnes pratiques. Et à terme ? “Le recours à la simulation par le biais de serious games développés sur le modèle de ceux qui existent dans l'armée pour la mécanique militaire est d'ores et déjà dans les tuyaux."

Notes   [ + ]

1. En France, le réseau Volkswagen (et ses filiales) représente près de 850 concessions, succursales et
garages agréés, pour 10 000 stagiaires potentiels.