Étienne Roumailhac, Désinsectisateur
Par Nicolas Deguerry - Le 01 février 2013.
Artisan landais : 1 - Frelon asiatique : 0
Si, croisant un jour la route d'Étienne Roumailhac, celui-ci vous adresse des compliments, méfiez-vous. L'homme a beau déborder d'enthousiasme pour ces “merveilles de la nature" que sont les frelons asiatiques, il ne s'en est pas moins fixé pour objectif de les… éradiquer. Rien de personnel à ce dessein, juste une mission professionnelle née d'un impératif de reconversion pour raisons de santé. Saluée par le prix national du concours Talents de la création d'entreprise et le prix de l'encouragement de l'Agefiph, l'initiative d'Étienne Roumailhac l'est aussi par le marché : passé de 200 nids de frelons l'année de sa création à 400 en 2012, l'homme n'a jamais eu le temps de douter de son entreprise.
La vie au grand air
Il faut bien dire que s'il avoue une scolarité
compliquée, il apprend vite, pour autant qu'il détecte l'opportunité de “joindre l'utile à l'agréable" : “Les boulots que je n'ai pas aimés, je les ai fait une demi-semaine !", prévient-il. Parmi ceux qui ont retenu son attention, il y aura d'abord eu le monde du cheval. Lequel le motive suffisamment pour qu'il obtienne un CAP agricole de cavalier-soigneur. _ À 21 ans, une petite annonce l'amène toutefois à changer de métier : le voici berger au Pays basque. Armé d'une formation qui aura “duré un quart d'heure", il devient en trois ans responsable d'un grand troupeau, avant de décider d'aller voir ailleurs pour améliorer l'ordinaire. L'ensemble des permis en poche grâce à des financements régionaux, commence une carrière de conducteur d'engins qui durera près d'une quinzaine d'années. D'abord sur des machines agricoles, puis dans le BTP où les horaires sont moins exigeants. Revenu à cette occasion dans les Landes, il apprécie ce métier qui lui fournit à la fois un bon salaire et l'occasion d'exercer un travail varié en conduisant toutes sortes de machines. Autant dire que malgré un goût prononcé pour l'exploration, Étienne Roumailhac serait peut-être aujourd'hui toujours aux prises avec ses “dumpers" si une chute de l'un de ces tombereaux haut perchés ne l'avait contraint à la reconversion. Désormais reconnu travailleur handicapé, il bénéficie rapidement de l'accompagnement de l'Agefiph mais ne s'avère “pas spécialement emballé" par ce qui lui est alors proposé.
Innovation + niche = succès
Se souvenant s'être passionné pour le métier de désinsectisateur lorsqu'il y avait lui-même eu recours, il ne tarde pas à voir une opportunité devant l'invasion persistante du frelon asiatique. Vérifications faites, il constate que les nids se multiplient et qu'il n'entre pas dans la mission principale des pompiers de venir se frotter au prédateur : la demande est là, l'offre est lacunaire, il n'en faut pas plus pour qu'il se rapproche de la Boutique de gestion des Landes. Profitant de son expérience dans le monde agricole, il obtient par la voie de la VAE l'agrément nécessaire à la manipulation de produits phytosanitaires et obtient un financement du Conseil général pour le stage obligatoire d'initiation à la gestion. Sept mois plus tard, LGF (Landes guêpes frelons) [LGF sur [YouTube[/footnote] est créée, Étienne Roumailhac peut se lancer à l'assaut du marché. Pour celui qui assure avoir découvert la communication en créant son entreprise, la distribution de flyers et autres cartes de visite fait... mouche : “Je me suis retrouvé à traiter quatre nids par jour dès les trois premiers mois et suis monté à cinq ou six nids dès la fin de la première année d'exercice." Aujourd'hui à la tête d'un marché composé à 60 % de collectivités locales et 40 % de particuliers, il est suffisamment occupé pour envisager d'embaucher un renfort pour la période d'août à octobre.
La clé du succès, il ne la doit cependant pas qu'à une communication bien ciblée mais aussi, et peut-être surtout, à l'innovation dont il a su faire preuve : d'une part, intervenant sans nacelle mais par escalade ou, moins dangereux, en utilisant un système de perche manœuvrable depuis le sol, il a ainsi pu faire baisser le coût des interventions ; d'autre part, ses efforts pour utiliser des produits le moins nuisibles possible pour l'environnement l'ont aidé à séduire sa clientèle. En conclure que sa combinaison d'intervention lui sied comme des pantoufles serait mal connaître notre homme : confirmant par là que sa première motivation professionnelle reste l'exploration, il vient tout juste de s'associer avec des ingénieurs avec un nouvel objectif en tête : “Développer une société spécialisée dans les drones antifrelons."
Que la force soit avec vous, M. Roumailhac !
1989 - CAP de cavalier-soigneur
2000 - certificats d'aptitude à la conduite en sécurité
2011 - agrément pour l'épandage de produits phytosanitaires (Dapa)
2012 - lauréat national Talents de la création d'entreprise et prix de l'encouragement Agefiph