Ile-de-France - Un plan d'action régional pour les décrocheurs
Par Nicolas Deguerry - Le 01 juin 2013.
“Grande cause régionale 2012", la lutte contre le décrochage en Île-de-France se poursuit en 2013. Après un budget de 2 millions d'euros voté en décembre 2012, c'était au tour du “plan d'action régional contre le décrochage" d'être voté fin avril, pour coordonner un “foisonnement d'initiatives". Revue des principales mesures en faveur des 25 à 33 000 décrocheurs franciliens.
Prévention
Consacré à l'amont du décrochage, le premier volet du plan prévoit une phase expérimentale portant création de protocoles de sécurisation des parcours scolaires et de formation professionnelle initiale. Impulsés à l'initiative de la Région, ces protocoles seront expérimentés sur quatre territoires et signés par la Région, le Rectorat, le Conseil général, les communes volontaires, les établissements de formation et les services publics agissant dans le domaine de la formation, de l'emploi, de la santé et du social. Un accompagnement spécifique des jeunes les plus fragiles et de leurs familles est mis en place pour éviter l'isolement durant les périodes critiques (transition entre la classe de troisième et le lycée ou le CFA, absence pour longue maladie ou maternité, situations temporaires d'exclusion). L'accompagnement des lycéens et apprentis en difficulté se fera également par le biais du développement de passerelles entre les formations scolaires et l'apprentissage. Objectif : permettre aux élèves “de modifier leur orientation et d'intégrer ainsi un véritable processus d'orientation basé sur des temps d'alternance et des temps d'évaluation des formations et des métiers découverts". Un accompagnement social individualisé est prévu pour les jeunes en situation d'urgence.
“Raccrochage"
Au-delà du travail de prévention, le plan d'action prévoit également de “favoriser le retour en formation". D'abord, par le soutien et développement du réseau des structures innovantes de “raccrochage", comme par exemple les “micro-lycées". Ensuite, par le renforcement de l'accueil dans les dispositifs d'accès à l'apprentissage
et de formation continue, avec notamment des actions d'aide à l'orientation et de recherche d'entreprises dans le cadre de l'alternance. Enfin, par la mobilisation des programmes d'insertion du dispositif Avenir Jeunes (“espaces de dynamique d'insertion" et “pôles de projet professionnel").
Pilotage, évaluation
Présentant, par nature, des difficultés de traçabilité, la problématique du décrochage manque à ce jour d'évaluation. C'est l'objet du troisième volet du plan d'action régional, qui en fait une priorité. Toutes les actions réalisées feront désormais l'objet d'un bilan effectué à partir des critères d'évaluation et indicateurs d'évolution définis en amont par le porteur de projet. Idem pour les actions réservées à des territoires spécifiques, pour lesquelles le plan d'action régional réclame “une démarche analogue en faisant notamment le lien avec les évaluations menées par les acteurs du territoire (plateforme de suivi et d'appui, système SIEI [ 1 ]Système interministériel
d'échanges d'informations relatives au décrochage scolaire., Mission locale, etc."). Enfin et au plan régional, “l'État et la Région pourront mener une évaluation conjointe de l'évolution du décrochage en Île-de- France pour laquelle une mission particulière serait confiée au GIP Défi métiers[ [Carif-Oref Île-de-France.[/footnote] avec un financement de 40 000 euros par an sur deux ans".
LE DÉCROCHAGE FRANCILIEN EN CHIFFRES
Selon deux études réalisées par le Crédoc [ 2 ]Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie. et l'Asdo [ 3 ]Agence d'étude sociologique pour les décideurs publics., 29 000 jeunes Franciliens ont quitté le système éducatif sans diplôme ni formation en 2012. On observe d'importantes variations d'un territoire à l'autre, avec deux fois plus de “décrochés" en Seine-Saint-Denis que dans les Hauts-de- Seine. “Plus de 36 000 places sont disponibles pour accueillir les jeunes en situation de décrochage, mais la question de l'adéquation entre l'offre de formation proposée et les besoins et attentes des jeunes se pose, relève le Conseil régional. Plus qu'une question de places d'accueil, il s'agit avant tout de mieux répartir, coordonner l'action territoriale et d'en évaluer régulièrement l'efficacité et la répartition." Un impératif d'autant plus difficile que “le décrocheur type n'existe pas". Car “le décrochage n'est ni le produit de caractéristiques et d'une volonté individuelle, ni de déterminismes sociaux". La diversité des situations appelle des solutions diverses, assure le Conseil régional.
Notes
1. | ↑ | Système interministériel d'échanges d'informations relatives au décrochage scolaire. |
2. | ↑ | Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie. |
3. | ↑ | Agence d'étude sociologique pour les décideurs publics. |