Les entreprises françaises de l'industrie ferroviaire veulent créer leur Observatoire des métiers
Par Knock Billy - Le 01 avril 2013.
André Thinières, chargé des questions de formation professionnelle et du management des compétences à la Fédération des industries ferroviaires (voir encadré), a piloté le groupe de travail “GPEC CS2F" (Comité stratégique de la filière ferroviaire) consacré à la “Formation et l'image du ferroviaire", dont les recommandations ont été présentées le 27 mars dernier, dans le cadre du 8e Salon international de l'industrie ferroviaire (Sifer). “La grande difficulté, nous expliquet- il, est de comprendre ce que sont les évolutions de la filière, de savoir
les situer dans le temps et d'en tirer les conséquence en termes d'offre de formation et de développement des compétences des salariés. Notre profession ne sait pas ce que sont ses besoins en nombre d'embauches et de qualification !" L'industrie ferroviaire est en effet confrontée à de multiples défis économiques, écologiques et sociétaux, ses produits évoluent et de nouveaux métiers apparaissent, comme, par exemple, ceux d'architecte d'intérieur, de chargé d'essai environnement, de responsable de l'organisation, de dessinateur-projet ou encore de technicien assurance qualité. Sachant
qu'il faut à la fois permettre aux salariés en poste d'évoluer vers ces métiers de plus en plus techniques et recruter des jeunes aux profils qualifiés.
Attirer, former et tutorer
D'où l'idée de “mettre en place d'un Observatoire des métiers du ferroviaire, qui permette la mise en oeuvre, dans notre industrie, d'une gestion concertée des emplois et des compétences". Grâce à cet outil, “nous pourrons recueillir et analyser les informations sur les
entreprises, l'emploi, la formation, pour dresser une photographie de la branche et de sa dynamique dans ce domaine". Il identifiera les principaux facteurs qui impactent les métiers, opérera une analyse prospective, repérera les métiers les plus “sensibles" et préconisera les solutions à apporter. L'Observatoire permettra également d'accompagner l'adaptation des contenus de formation proposés. _ André Thinières, également délégué de l'association Objectif OFP (opérateurs ferroviaires de proximité) [ 1 ]Objectif OFP est une association dont l'objectif est de développer le fret ferroviaire à partir des territoires., évoque à cet égard la mise en place, depuis cinq ans, d'un mastère spécialisé dans les systèmes de transports ferroviaires, animé par l'École des Ponts Paris- Tech et l'École nationale supérieure d'ingénieurs en informatiques, automatique mécanique énergétique et électronique (Enseame, de l'Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis). Cette formation “cousue main", selon ses termes, est le fruit d'une collaboration entre ces écoles et les entreprises du secteur.
Notamment, les constructeurs des matériels roulants, la SNCF et la RATP. “Notre ambition est de poursuivre ce type d'initiatives en réfléchissant à d'autres formations proposées par l'Éducation nationale ou les grandes écoles, afin que les diplômés soient directement employables dans nos entreprises", explique André Thinières.
“Derrière le train SNCF ou RATP, il y a Alstom ou Bombardier"
Les besoins en formation dans ces métiers sont aussi nombreux que disparates. Certaines formations manquent de stagiaires. Cette situation s'explique par “la désaffection générale dont souffre, en France, l'industrie. Pour beaucoup de personnes, notamment les jeunes, ce secteur, ses entreprises et leurs activités sont presque, voire totalement inconnues. Combien de personne savent que derrière le train de la SNCF ou la rame de la RATP, il y a Alstom ou Bombardier ? C'est pourquoi il nous semble important de travailler à l'amélioration de l'image de l'industrie ferroviaire auprès des jeunes (scolaires et étudiants) pour montrer à nos futurs employés toute la variété et l'intérêt de nos métiers, et ainsi préparer l'embauche de jeunes motivés", insiste André Thinières. Qui recommande notamment de “créer rapidement un site internet qui présente l'activité de la filière ferroviaire et les métiers associés, les filières de formation et l'engagement de notre profession en matière de formation initiale et continue".
L'accent sur la transmission des savoirs
Une autre préoccupation des entreprises du ferroviaires est de “développer et structurer le tutorat pour favoriser la transmission des connaissances non universitaires". Le chargé des questions de formation à la Fédération des industries ferroviaires veut encourager la démarche d'accompagnement des apprenants par des tuteurs expérimentés dans leur métier. “À l'occasion de départs à la retraite, il est important de sauvegarder les acquis et les expériences et de les transmettre à la relève." Car, rappelle-t-il, “notre filière n'ayant pas d'accord spécifique, alors que de nombreuses connaissances acquises risquent de se perdre lors des évolutions de carrière ou d'organisation".
Selon son groupe de travail, “la formalisation et la promotion de la transmission des savoirs par le tutorat seront favorisées par la rédaction et la publication d'une Charte du tutorat dans la filière ferroviaire", qui serait reprise et adaptée dans chaque entreprise.
LA FÉDÉRATIONDES INDUSTRIES FERROVIAIRES
La FIF regroupe 59 entreprises adhérentes directes et 3 clusters, ou associations ferroviaires, représentants 200 entreprises adhérentes indirectes.
Ces entreprises se répartissent dans 4 grands métiers : intégrateurs
et constructeurs de matériel roulant ; équipementiers pour matériel roulant ; signalisateurs ; industriels de la voie. Leur chiffre d'affaires en 2011 s'élevait à près de 5 milliards d'euros.
Notes
1. | ↑ | Objectif OFP est une association dont l'objectif est de développer le fret ferroviaire à partir des territoires. |