La formation à l'ONF, mode d'emploi

Par - Le 01 mars 2014.

Avec la réforme, de nouveaux enjeux se présentent au Garf − le Groupement des acteurs et
responsables de formation −, qui fête ses soixante ans cette an née et entend bien mettre
son savoir-faire au service des acteurs de la formation dans un paysage en pleine évolution.
Entretien avec Alexis Hluszko, son nouveau président.

Influencer, innover, développer"
constituent les trois grands
thèmes autour desquels
s'articulera le plan triennal
que la nouvelle équipe dirigeante
du Groupement des acteurs et
responsables de formation (voir
encadré) compte mettre en oeuvre.
De son prédécesseur, Stéphane
Diebold, d'abord démissionnaire de la
présidence, puis exclu du Garf, Alexis
Hluszko préfère ne pas parler. “La page
est tournée, focalisons-nous sur l'avenir",
affirme le responsable formation de
l'Office national des forêts. Tout au
plus confesse-t-il que la direction de
l'association telle que la concevait
l'ancien dirigeant était “peut-être trop
personnelle et trop parisienne". Lui,
au contraire, compte bien s'appuyer
sur les réseaux du Garf en régions
(32 groupes, dont 10 sur Paris et
en Île-de-France), ainsi que sur un
fonctionnement plus collaboratif et à
l'écoute des remontées du terrain pour
piloter le groupement durant ses trois
années de mandat.

Sortir de l'approche “24-83"

Trois années qui débutent à l'aune
d'une importante réforme de la formation
professionnelle que les quelque
800 adhérents du Garf seront amenés
à mettre en musique au sein de leurs
entreprises. “Il va nous falloir sortir de
l'approche « 24-83 » que nous connaissions
!, prévient le nouveau dirigeant de
l'association. Mais le véritable intérêt de
ce texte, c'est qu'il va créer de nouvelles
logiques davantage orientées vers le développement
et l'anticipation des compétences
et doter les politiques de formation
de nouveaux outils d'évaluation, comme
les entretiens professionnels. Au final, il
renforce la formation !" À condition,
cependant, que les politiques des entreprises
ne soient pas impactées par
la baisse des budgets qu'entraînera la
fin de l'obligation légale de contribution
aux fonds mutualisés. “Il serait
effectivement regrettable que la nouvelle
donne, née de la réforme, étouffe les ambitions
des entreprises et les empêche de
tenir leurs obligations. Cela demandera
des efforts en termes de maîtrise de leurs
finances et de leurs budgets."

Une problématique sur laquelle le Garf
compte bien se positionner au travers
d'un travail d'analyse qui débouchera
sur une activité de conseil et d'information
accrue, au travers d'éditions
de fiches pratiques, de conférences, de
rencontres ou de collaborations renforcées
avec les acteurs du secteur, qu'il
s'agisse d'associations de réflexion et
d'études (Afref [ 1 ]Association française de réflexion et d'échange sur
la formation.
), d'organisations patronales
(FFP [ 2 ]Fédération de la formation professionnelle., Medef, CGPME), de
clubs de responsables RH (ANDRH [ 3 ]Association nationale des DRH.)
ou d'institutions publiques (Direccte,
CNFPT [ 4 ]Centre national de la fonction publique territoriale., etc.). “Il s'agira d'accompagner
la réforme par une présence auprès
des partenaires institutionnels et d'afficher
le point de vue du Garf, de représenter le
secteur et ses évolutions et d'accompagner
les responsables et directeurs de formation
dans sa mise en oeuvre", explique Alexis
Hluszko.

La formation digitale constitue l'un des
autres enjeux sur lequel le groupement
entend se positionner. Alexis Hluszko et
son équipe en sont persuadés : l'attrait
des entreprises pour les pédagogies numériques
représente un mouvement de
fond dont les responsables formation
doivent tenir compte. “Mais attention
à ne pas tomber dans la frénésie du gadget,
avertit le président de l'association,
notre travail va porter sur l'observation des
expériences intéressantes, leur analyse et la
production d'outils de recherche, d'ingénierie
et de prospective pour permettre aux
acteurs de la formation d'intégrer le digital
de façon efficace dans leurs programmes
de formation. La tendance est actuellement
au « former moins longtemps, mais
plus souvent » et dans cette dynamique, le
numérique a un grand rôle à jouer."

“60 ans, et toujours collé à
l'actualité de la profession"


À ces sujets s'ajoute le développement
du Garf lui-même qui entame, cette
année, sa soixantième année d'existence.
L'occasion, pour l'association
d'organiser, aux alentours du mois de
novembre 2014, un grand événement
destiné à “célébrer l'engagement du Garf
dans le XXIe siècle", comme le souligne
son président. Un ancrage qui devrait se
manifester par une évolution du fonctionnement
du groupement, de ses instances
et du rôle de ses membres ainsi
que par son ouverture à d'autres acteurs
du monde de la formation. “Nous allons
investir davantage sur l'accompagnement
de nos adhérents et sur notre qualité de
service", explique Alexis Hluszko. Une
ambition qui devrait se traduire par
un remaniement du portail internet de
l'association, ainsi que par une production
plus large en termes de contenus
documentaires et d'activités de conseil.
“Nous avons aujourd'hui 60 ans, mais
nous voulons prouver que le Garf est toujours
collé à l'actualité de la profession !",
annonce le nouveau patron du groupement.
C'est dit.


LE NOUVEAU BUREAU
L'association a procédé le 12 février
à l'élection de son nouveau bureau.
Le nouveau président, Alexis Hluszko,
a débuté sa carrière au ministère
de l'Équipement, avant de rejoindre
l'Observatoire national de l'action
sociale, puis de devenir consultant et
responsable du développement chez Light
Consultants. Il occupe la fonction de chef
du département de formation au sein de
l'Office national des forêts depuis 2006.
Le Garf compte trois vice-présidentes :
Tatiana Meunier-Audap (responsable
alternance et professionnalisation à La
Poste), Nadine Farrugia (directrice d'Ideca)
et Véronique Radiguet (responsable
projets formation à la Caisse d'Épargne).
Le trésorier est Gérald Lefèvre (ancien
président du Garf), le secrétaire général
Sylvain Humeau, (responsable du centre
d'expertise de GDF Suez).

LA FORMATION À L'ONF, MODE D'EMPLOI

La nomination du chef du département
formation de l'ONF à la tête du Garf constitue
l'occasion d'effectuer un tour d'horizon des
politiques de formation en vigueur au sein
d'un établissement public bien particulier,
sous la double tutelle des ministères de l'Environnement
et de l'Agriculture, dont les agents
ont pour mission d'assurer la gestion des
4,2 millions d'hectares de forêts (domaniales
ou communales) du territoire français.
L'ONF, ce sont près de 9 500 collaborateurs
répartis sur le territoire métroplitain et dans
les Dom. Relevant du statut fonctionnaire
pour les deux tiers d'entre eux et du droit privé
(ouvriers forestiers) pour le tiers restant. L'ONF,
c'est aussi un investissement moyen de 6 %
de sa masse salariale consacré à la formation.
“Sur ce plan, nous nous situons au niveau des
ministères et des grands groupes privés, bien
au-dessus de la moyenne nationale qui s'élève
à près de 3,1 % d'effort de formation", souligne
Alexis Hluszko, à la tête d'un service de
45 personnes. Un investissement que le contrat
d'objectifs et de performance 2012-2016 de
l'établissement a fixé à 18,9 millions d'euros au
titre du plan de formation ; les Cif et périodes
de professionnalisation des contractuels de
droit privé étant financés, eux, par le Fafsea,
Opca dont l'ONF est membre du conseil d'administration
depuis sa fondation.

Un campus interne

Cent vingt métiers se côtoient au sein de l'Office,
répartis en trois “familles" : les activités de
production (ingénieurs des eaux et forêts, techniciens,
ouvriers forestiers, agents patrimoniaux,
etc.) qui représentent 50 % des actions de
formation, celles relevant du soutien (gestion,
finances, communication, etc.) vers lesquelles
sont fléchées près de 45 % des activités de
formation et, enfin, les fonctions managériales,
qui se répartissent le solde.

Et s'il existe des formations “transverses" susceptibles
d'être suivies par tous (informatique,
juridique, etc.), le gros de l'activité du département
que gère Alexis Hluszko est orienté
vers les activités spécifiques à l'ONF, relevant
directement de la problématique de la gestion
des eaux et forêts ; activités parmi lesquelles
on retrouve la préservation du patrimoine
rural, la gestion cynégétique, la sylviculture
ou l'exploitation forestière et pour lesquelles
les formations sont assurées par des agents de
l'Office, spécialistes de leur domaine.
L'ONF dispose, à ce titre, d'un campus interne,
situé à Velaine-en-Haye, dans les environs de
Nancy, qui accueille notamment les jeunes
fonctionnaires recrutés par concours sur des
niveaux bac + 2 ou 3, qui viennent s'y former
aux savoir-faire “maison".

On pourrait croire que la future loi en cours
impactera peu l'ONF, du fait de sa structure
publique. “Au contraire !", explique son
directeur de la formation dont les services
se préparent à déployer le CPF et l'entretien
professionnel auprès des 3 000 salariés de droit
privé, “sans compter que dans les années à
venir, le CPF sera étendu aux fonctionnaires,
comme le Dif l'a été en 2008".

Deux accords formation
vont être renégociés


À ce titre, Alexis Hluszko s'apprête à renégocier
les deux accords formation existant au sein de
l'Office (droit public, droit privé) en intégrant à
ce dernier une dimension GPEC. Mais aussi,
dès cette année, à engager un nouveau plan
triennal 2014-2016 relatif aux nouvelles “trajectoires
formation" à mettre en oeuvre. “Une
volonté de maintenir l'effort de formation a
été entérinée dans le contrat d'objectifs et de
formation, en appui de l'évolution des compétences
de l'ensemble des personnels, sans
distinction de statut." Cette cohérence accrue
entre formation et ressources humaines, Alexis
Hluszko entend bien la développer au sein du
Garf.

Notes   [ + ]

1. Association française de réflexion et d'échange sur
la formation.
2. Fédération de la formation professionnelle.
3. Association nationale des DRH.
4. Centre national de la fonction publique territoriale.