Renault également face à “l'hémorragie de l'emploi"

Par - Le 01 août 2012.

Si Renault n'annonce pas à ce jour de fermeture d'usine sur le territoire national, ce ne sont pas moins de 6 000 emplois qui ont disparu depuis 2008. Pour la CFDT, bien davantage que la politique formation du groupe, ce sont surtout la stratégie de mondialisation et la gestion de l'alliance Renault-Nissan qui sont à revoir. Explications de Fred Dijoux, délégué syndical central CFDT-Renault.

“Quatre leviers ont été actionnés", nous indique Fred Dijoux : le turn-over, les licenciements de toute nature et, surtout, un plan de départs volontaires pour 4 500 personnes fin 2008 et un dispositif de cessation d'activité pour les salariés d'au moins 58 ans qui a concerné quelque 3 000 personnes en 2010. En contrepartie de cet accord de cessation d'activité qui rentrait dans le cadre de la GPEC de l'entreprise, 3 000 personnes ont été embauchées, pour partie en CDI, pour partie en contrat d'alternance.

Dans le même temps, des accords ont été passés pour tenter de prévenir des départs supplémentaires. Notamment et d'une part, un “contrat social de crise"[ 1 ] Le premier accord signé en 2009, le second en 2010. qui introduisait de la flexibilité pour éviter que des salariés victimes d'une situation conjoncturelle ne soient licenciés, d'autre part, l'activation en 2010 du chômage partiel pour l'ensemble des salariés de Renault SAS (carrosserie-montage, mécanique, ingénierie).

Autres leviers actionnés depuis 2008, “mais sur des volumes moindres" : un dispositif de mobilité géographique destiné à déplacer des salariés d'usines jugées en sureffectif (Douai, Sandouville) vers d'autres sites (Maubeuge, Cléon, Flins, etc.) et, dans le cadre de la politique de GPEC, l'accompagnement des salariés dans des formations de reconversion : “Cela permet de maintenir dans l'emploi les salariés exerçant un emploi critique, par exemple un motoriste qui travaillait sur les carburateurs [ 2 ]Le développement de l'injection entraîne la disparition des carburateurs., ou de former aux emplois sensibles, par exemple ceux liés au développement des nouvelles technologies qui entraînent des besoins de nouvelles compétences qui ne sont pas forcément disponibles en interne", explique Frédéric Dijoux.

“Cri d'alarme"

Renault en danger ! Tel est le titre du livre de 288 pages que les militants de la CFDT-Renault ont publié aux éditions L'Harmattan au mois de juin dernier, avant que l'annonce par PSA de la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois ne remette le secteur de l'automobile au cœur de l'actualité sociale. Proposant une analyse critique de l'alliance avec Nissan qui se ferait au détriment de l'avenir français de la marque au losange, l'ouvrage se veut “cri d'alarme" et “manifeste" en réponse au plan stratégique 2016 présenté par Carlos Ghosn en février 2011. “Nous militons avec trois objectifs, explique le délégué central : premièrement, arrêter l'hémorragie de l'emploi chez Renault ; deuxièmement, mettre en perspective la désindustrialisation pour faire en sorte que les constructeurs, dont Renault, assurent un engagement de volume dans tous les sites existants, au moins pour préserver l'effectif ; et, troisièmement, mettre en place des instruments de protection contre la rupture des contrats de travail, que ce soit en raison de la crise actuelle ou des creux de gamme." Et de citer, à titre d'exemple, la nécessité d'une période de chômage partiel à l'usine de Sandouville, en cours de transformation pour accueillir la construction d'un véhicule utilitaire. Qui finance ? “Nous plaidons pour un mécanisme de financement tripartite qui associe les pouvoirs publics, l'entreprise et, comme cela s'est déjà fait par le passé, la solidarité des salariés", explique-t-il.

Et de conclure : “Ce qui se passe chez PSA nous interpelle, mais ce qui nous préoccupe n'est pas forcément de même nature. Nous avons entamé avec la direction générale et les organisations syndicales une réflexion sur la compétitivité[ 3 ] Deux réunions ont déjà eu lieu : la première le 21 juin, la deuxième le 19 juillet. , afin de trouver des solutions pour répondre à un certain nombre de situations critiques et pour stabiliser l'emploi." Si aucune mesure concrète n'est encore évoquée à ce stade, Fred Dijoux concède que “tout le monde se regarde un peu en chiens de faïence. Aussi bien la direction que nous, attendons de voir quelles pourraient être les grandes mesures du gouvernement par rapport à la filière".

Notes   [ + ]

1. Le premier accord signé en 2009, le second en 2010.
2. Le développement de l'injection entraîne la disparition des carburateurs.
3. Deux réunions ont déjà eu lieu : la première le 21 juin, la deuxième le 19 juillet.