Alain

Soussen

“C'est au plus près du territoire que nous pourrons travailler sur la sécurisation des parcours"

Par - Le 16 septembre 2010.

Lors de la IVe Université d'été “Emplois, compétences et territoires" de Montpellier, un accord-cadre territorial de développement de l'emploi et des compétences pour le pays Corbières-Minervois a été signé…

En effet, et c'est le cinquième Edec[ 1 ]Cœur d'Hérault (34), Pyrénées-Méditerranée (66), Grand Biterrois (34), CBE des Cévennes (48) et Corbières-Minervois (11). que nous signons depuis la mise en route, début 2009, de la GPEC territoriale au niveau régional. Ces accords territoriaux sont ainsi des déclinaisons sur des petits territoires d'un accord régional interbranches signé début 2009 par les partenaires sociaux[ 2 ]Medef, CGPME, UPA, FO, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa.
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, la Direccte, les élus locaux et Pôle emploi.
Cet Edec a été signé pour une durée de trois ans. Les bénéficiaires seront les salariés des secteurs des services à la personne et du sanitaire et social, du bâtiment lié à l'éco-construction, de l'agroalimentaire, du transport et de l'industrie de process. Au cours des dernières années, nous avons beaucoup travaillé sur la problématique des demandeurs d'emploi, or, avec la mise en place des Direccte et l'intégration de nouveaux services (entre autres le service “Compétitivité"), il faut que nous nous orientons davantage vers les salariés des entreprises et la sécurisation de leur parcours. En Languedoc-Roussillon, dans certaines branches, comme le BTP, les transports ou les services à la personne, nous savons que 30 à 40 % des cadres partiront dans quatre à cinq ans. Il nous faut donc agir, et c'est au plus près du territoire que nous pourrons travailler sur la sécurisation des parcours.

Comment sont financés les GPECT en Languedoc-Roussillon ?

Par l'État et le Fonds social européen. Nous espérons que les partenaires sociaux, via l'appel d'offres sur les projets territoriaux lancé le 13 août dernier par le FPSPP[ 3 ]Appel à projets territoriaux interprofessionnels ou sectoriels du 13 août 2010. Date limite de dépôt des candidatures : 30 octobre 2010. www.fpspp.org/portail/index.jsp et le Conseil régional, participeront prochainement. Il nous faut créer une lisibilité et une synergie. En 2009, pour les 43 Edec que nous avons signés (38 de branche et 5 territoriaux), la Direccte a financé 5 millions, et le FSE 5 autres. Sur ces 10 millions, un est consacré aux Edec de territoire.

Les Edec de territoire débutent par un contrat d'études prospectives. Vous êtes-vous appuyé sur les données que possède le Carif-Oref ?

L'Oref a travaillé sur des portraits de territoire. Mais il est déjà beaucoup sollicité. Il travaille notamment sur le pré-diagnostic du CPRDF, qui sera rendu le 16 septembre prochain. Nous avons donc fait appel à des consultants. En outre, la Direccte a créé deux observatoires régionaux de branche, l'un avec la Fédération régionale des coopératives agricoles, et l'autre avec la branche médico-sociale. Et dans le cadre de ce projet, l'Oref forme ces observatoires et transmet ses pratiques. Dans la mise en œuvre des prochaines GPECT en lien avec la Région et les partenaires sociaux, nous allons voir comment intégrer davantage le Carif-Oref dans nos travaux.

Depuis un an et demi, qu'ont permis ces Edec territoriaux ?

De travailler sur la stratégie des entreprises, de détecter des besoins en formation et en ressources humaines, qui ont ensuite été transmis à Pôle emploi, qui est également signataire des accords-cadres. Il est important de développer une approche de proximité et une connaissance des ressources humaines, tant des salariés que des demandeurs d'emploi. De plus, des dynamiques se sont mises en place dans une plus grande lisibilité et dans une plus grande cohérence, même si le dialogue social était déjà très important dans notre région. Il existe une réelle volonté des partenaires sociaux, car en Languedoc-Roussillon les TPE sont très nombreuses, et le dialogue social y est souvent inexistant. D'ailleurs, depuis plusieurs années, la Direccte et les partenaires sociaux régionaux se réunissent régulièrement dans le cadre de la “Conférence régionale du travail" afin de mettre en place des projets tels que la création d'un centre de ressources des groupements d'employeurs, ou encore l'accord-cadre sur la GPEC territoriale sur lequel nous avons beaucoup travaillé. Mais pour l'instant, il est trop tôt pour faire un bilan, nous avons “essuyé les plâtres". Il n'existe d'ailleurs toujours pas de définition claire d'une GPEC territoriale, ce à quoi nous avons réfléchi lors de l'Université d'été.

Quels sont vos prochains objectifs en matière de GPEC territoriale ?

Jusqu'à la fin de l'année, nous allons consolider les Edec déjà existants. Et nous préparerons la signature de deux autres Edec territoriaux en 2011, dont celui des Terres Romanes. Les Edec de territoire sont victimes de leur succès, puisque nombreuses sont les structures demandeuses, telles les Communautés de communes, les Maisons de l'emploi, la CCI, etc.

UN EDEC DE TERRITOIRE

Un “engagement de développement de l'emploi et des compétences" est à l'origine l'outil financier permettant d'accompagner une GPEC réalisée par une branche. C'est à la suite des lois sur l'aménagement et le développement durable des territoires que les Edec de territoire ont commencé à apparaître en 2007. Les organisations professionnelles ou interprofessionnelles peuvent les mettre en œuvre avec l'État, dans un cadre contractuel. Ce ne sont plus des accords de branche, mais interbranches, qui ont pour périmètre un petit territoire, tel que le Pays de Corbières-Minervois. Les Edec de territoire supposent un dialogue social des partenaires sociaux, un projet partagé avec l'instance de développement du territoire et un opérateur technique pour gérer les fonds publics (généralement, un Opca). Comme les Edec de branche, les Edec territoriaux se déclinent sur des conventions annuelles ou pluriannuelles. Ils reposent sur deux dimensions : le CEP (contrat d'études prospectives) et le déploiement de l'action sous la forme d'une Adec (action de développement des emplois et des compétences).

LA GPECT EN CHIFFRES

 300 projets de GPEC en France ;

 80 000 bénéficiaires directs ou indirects de ces projets ;

 21 millions d'euros mobilisés par l'État en 2009 ;

 47 millions d'euros mobilisés par les partenaires de l'État.

Chiffres cités par Bertrand Martinot, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, le 28 mai 2010, lors d'un séminaire sur la GPEC organisé par la DGEFP.

Notes   [ + ]

1. Cœur d'Hérault (34), Pyrénées-Méditerranée (66), Grand Biterrois (34), CBE des Cévennes (48) et Corbières-Minervois (11).
2. Medef, CGPME, UPA, FO, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa.
3.
3. Appel à projets territoriaux interprofessionnels ou sectoriels du 13 août 2010. Date limite de dépôt des candidatures : 30 octobre 2010. www.fpspp.org/portail/index.jsp