Bruno Le Maire présente le Pacte productif le 15 octobre 2019

Le « pacte productif pour le plein emploi » passera par une gestion prévisionnelle des compétences à l'échelle nationale

Après une première phase de concertation, le ministre de l'Économie et des Finances a présenté, mardi 15 octobre, cinq orientations pour parvenir au plein emploi en 2025. Mieux anticiper les besoins en compétences et en formation en fait partie.

Par - Le 16 octobre 2019.

Atteindre le plein emploi en 2025 en tenant compte des transformations à l'œuvre, qu'elles soient technologiques ou écologiques : c'est le cap fixé par le président de la République au printemps dernier. Après six mois de travaux et concertations pour construire ce « Pacte productif pour le plein emploi », cinq grandes orientations ont été présentées, mardi 15 octobre, par le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Améliorer la productivité et réussir les transitions numériques et énergétique passera notamment par une meilleure anticipation des besoins en compétences et en formation.

Réduire le nombre d'emplois non pourvus

« Nous voulons mettre en place une gestion prévisionnelle des compétences à l'échelle nationale pour la première fois en France. Nous voulons comprendre nos besoins et notre offre de compétences en France et région par région pour éviter les dizaines de milliers d'emplois non pourvus », a annoncé Bruno Le Maire. Ce diagnostic doit permettre d'adapter la formation initiale en secondaire et la formation universitaire. Il doit aussi  permettre de faire évoluer l'offre de formation continue et d'accompagnement nécessaire à la requalification des emplois menacés par l'intelligence artificielle, la robotisation et la numérisation.

Au final, ces travaux prospectifs menés à l'échelle nationale et déclinés dans les territoires visent à « diviser par deux le nombre d'emplois non pourvus en le ramenant de 200 000 à 100 000 », précise Bruno Le Maire. Cette gestion prévisionnelle globale devra tenir compte des autres orientations du « Pacte productif ». Il a ainsi été proposé d'arriver à une économie zéro carbone en 2050 et de soutenir l'innovation dans des domaines comme les technologies de recyclage, les véhicules propres, l'Internet des objets industriels et autres « chaînes de valeurs » qui seront jugées « stratégiques » par le Conseil de l'innovation. Autant d'initiatives qui auront un impact sur les métiers et les compétences.

Changer d'échelle

L'identification des besoins en compétences fait partie des priorités du ministère du Travail. Des études ont été lancées pour les évaluer en fonction de plusieurs scénarios tenant compte des transitions écologique et numérique et des effets du « Pacte productif », a indiqué Muriel Pénicaud, qui intervenait lors d'une table-ronde en amont de la présentation des orientations. Selon le scénario de base, « sur 80 familles de métiers, nous allons avoir, dans les dix ans qui viennent, 670 000 départs en fin de carrière et 105 000 créations nettes d'emploi, il faudra donc déjà trouver 800 000 personnes », illustre-t-elle. Dans un contexte « bas carbone », 30 000 recrutements supplémentaires seraient à prévoir.

Pour la ministre du Travail, la réussite du Pacte productif passe par un changement d'échelle en matière de gestion des compétences et par une prise en compte de la « dimension territoriale ». Certaines filières ont engagé des travaux dans ce sens, mais d'autres n'ont pas atteint ce niveau de maturité. « Nous allons accompagner toutes les filières car cette bataille des compétences est un combat essentiel », a ajouté Muriel Pénicaud.

Consultation publique

Les grandes orientations sont fixées. « Mais elles ne sont pas inscrites dans le marbre. Elles ont vocation à être débattues », a annoncé Bruno Le Maire. Une nouvelle phase de concertation va débuter avec les collectivités territoriales et les partenaires sociaux. Les Français seront par ailleurs invités à s'exprimer sur les propositions dans le cadre d'une consultation publique sur Internet. À l'issue de ce processus, le président de la République présentera sa stratégie pour atteindre le plein emploi en 2025. Elle pourra donner lieu, si nécessaire, à une loi « Pacte 2 » à l'automne 2020 et à des dispositions fiscales dans le projet de loi de finances 2021.

 

Les cinq orientations du « Pacte productif pour le plein emploi

  • Atteindre une économie zéro carbone en 2050
  • Anticiper les besoins en compétences et former pour 2025
  • Devenir une économie de rupture technologique
  • Être compétitif pour produire en France
  • Engager un nouvel acte de décentralisation en matière de développement économique