Pierre Courbebaisse, président d'Acteurs de la compétence

« Les entreprises de formation deviennent prestataires de services »

A la tête des Acteurs de la compétence depuis avril 2018, Pierre Courbebaisse dresse, pour le Quotidien de la formation, un bilan de ces années de grande transformation pour le secteur. Rebaptisée, élargie à de nouveaux acteurs, la fédération a posé les jalons d'une nouvelle ère.

Par - Le 31 mars 2023.

Signe de temps nouveaux, l'élection à la présidence des Acteurs de la compétence s'est invitée, pour la première fois dans l'histoire de la fédération, dans le débat public. Deux candidats ont ainsi pu présenter leur projet avant le vote du conseil d'administration du 5 avril prochain. Engagé dès 1991 dans la création de la FFP auprès de Jean Wemaëre, Pierre Courbebaisse en a pris les rênes en 2018. Sa prise de fonction intervient à un moment très structurant pour la formation professionnelle. La loi « avenir professionnel » allait transformer en profondeur les pratiques du secteur, ses modèles économiques et son environnement réglementaire. Au-delà de la réforme, l'accélération des transitions écologique et numérique impose une nouvelle approche par les compétences. Un des premiers actes posés par Pierre Courbebaisse en 2019 fut d'ouvrir la fédération à d'autres profils d'entreprises :  cabinets de conseil et d'accompagnement, éditeurs de contenus, créateurs de solutions pédagogiques numériques, CFA et certificateurs.

Le nouveau visage des Acteurs de la compétence

En 2021, la FFP affirme son positionnement en changeant de nom pour celui des Acteurs de la compétence. « Cet élargissement est porté par l'évolution de la demande. Nous disposons ainsi d'un écosystème de producteurs de la compétence favorisant les discussions et la complémentarité entre les différents métiers.  Cette approche représente une rupture avec celle de 1971 », confirme Pierre Courbebaisse, président des Acteurs de la compétence. La fédération change d'échelle en passant de 630 à plus de 1 350 adhérents. Leur typologie reflète les évolutions du marché. Parmi eux, un bon tiers interviennent dans le champ de l'alternance et plus de 500 entreprises n'ont pas pour activité principale la formation. Afin d'intégrer ces expertises dans le travail de la fédération, le conseil d'administration accueille de nouveaux profils comme le dirigeant de la start-up Learn Assembly Antoine Amiel ou le certificateur Christopher Sullivan (IDCL). Les commissions et les groupes de travail s'ouvrent à des thématiques autour de l'accompagnement, de secteurs en tension ou encore de la certification professionnelle.

Une sphère d'influence élargie

Tout en se transformant de l'intérieur, la fédération a dû se mobiliser auprès des pouvoirs publics et du régulateur dans une période délicate et incertaine. « Dans la mise en œuvre de la réforme de 2018, nous avons travaillé avec France compétences sur les sujets de la certification professionnelle et de l'apprentissage. Nous suivons de près les évolutions réglementaires, notamment sur le CPF », précise Pierre Courbebaisse. Lors de ses deux mandatures, les chantiers n'ont pas manqué : de la démarche Qualiopi, à la digitalisation, en passant par le durcissement de la régulation, la problématique des tensions de recrutement, l'ajustement des politiques publiques et la préparation de nouvelles réformes. Le sujet de la simplification, lui, n'a pas avancé. « Nos entreprises souffrent de l'instabilité juridique et d'une bureaucratie envahissante. Cette complexité et ces contraintes de plus en plus fortes peuvent pénaliser les investissements nécessaires à l'innovation pédagogique notamment ». Fait nouveau, la formation trouve désormais sa place dans les discours politiques et conquiert le grand public. « Aujourd'hui, la question des compétences est au carrefour d'enjeux sociétaux et économiques. Or, cette dimension n'est pas assez présente dans les débats. C'est le cas, par exemple, pour la gestion des carrières longues inscrite dans la réforme des retraites ».

Un marché en pleine transformation

La libéralisation de l'apprentissage et la création de la plateforme grand public du CPF ont fait naître une nouvelle génération d'entrepreneurs et interrogent les stratégies. Selon Pierre Courbebaisse, « il n'y a pas de modèle économique dominant. Il diffère selon les secteurs et les marchés BtoB ou BtoC ». Beaucoup ont dû investir dans le marketing digital, nouer des partenariats, revoir leur catalogue, leurs politiques tarifaires voire leur positionnement. Le rythme des levées de fonds s'est accéléré et des mouvements de consolidation préfigurent une restructuration du marché. Cette transformation touche la nature même de l'activité.  « Les entreprises de formation deviennent des prestataires de services », note le président des Acteurs de la compétence.

Un Edec pour la filière

Dans ce contexte, difficile pour les acteurs de la filière d'échapper à des problématiques de gestion de leurs ressources humaines. S'ajoutent aux évolutions de leurs métiers, les enjeux de transition écologique.  Pour accompagner ces changements, la branche professionnelle des entreprises de formation accompagnée par l'Opco Akto ont travaillé à la mise en œuvre d'un Edec attendue en 2023. « Nous avons de forts besoins en compétences dans notre secteur et nos métiers représentent d'intéressantes opportunités de reconversion professionnelle. Nous devons continuer à travailler sur notre marque employeur et notre attractivité ».

Les Acteurs de la compétence en chiffres

+ 1350 adhérents dont 800 entreprises avec pour activité principale la formation

3 milliards de chiffre d'affaires cumulés soit environ 3 millions d'euros de chiffre d'affaires moyen

13 délégations régionales

12 commissions

4 groupes de travail

Les Acteurs de la compétence en chiffres

+ 1350 adhérents dont 800 entreprises avec pour activité principale la formation

3 milliards de chiffre d'affaires cumulés soit environ 3 millions d'euros de chiffre d'affaires moyen

13 délégations régionales

12 commissions

4 groupes de travail