Transitions professionnelles : des pistes qui peinent à se concrétiser

Près d'un an et demi après la publication du rapport « Relever collectivement le défi des transitions professionnelles » (lire notre article), peu de choses ont évolué, selon Vincent Donne, chef de projet formation professionnelle à France Stratégie. Lors d'un webinaire organisé par l'Afref, le 27 février^{[ 1 ]}Après ce webinaire, l'Afref organisera le 27 mars, un autre débat sur le thème « Reconversion et transitions professionnelles : stratégies et enjeux des acteurs institutionnels ». Il se déroulera dans le cadre de ses rendez-vous « Disput'action » avec des interventions de France Compétences et de Transitions Pro Île-de-France., le corédacteur du rapport a présenté les enjeux toujours vifs liés à ces transitions professionnelles, dans un contexte de tensions sur le marché du travail, de réforme des retraites et d'une incapacité à piloter des politiques emploi-formation à la maille des territoires…

Quatre leviers identifiés

Le Covid a fait émerger des besoins de réallocation sectorielle à court terme et de transformations plus structurelles, rappelle Vincent Donne. Le Réseau emploi compétences préconisait dans son rapport quatre leviers pour agir : renforcer les politiques emploi-formation, en consolidant des espaces de concertation aux niveaux national et régional ; créer les conditions d'un égal accès à l'accompagnement en renforçant « la centralité institutionnelle du conseil en évolution professionnelle » (CEP) ; simplifier l'architecture des dispositifs et enfin, réaffirmer le rôle des entreprises et des branches dans la sécurisation des parcours professionnels.

Des propositions... sans concrétisation

Las ! Les différentes idées – consacrer le CEP, utiliser le contrat de professionnalisation pour les reconversions, mieux orienter l'entretien professionnel en entreprise vers la GPEC, ou unifier la gamme de services auprès des TPE-PME pour les sujets RH – peinent à s'incarner… Le contrat de professionnalisation paraissait un outil idéal, mais trop historiquement lié à l'insertion professionnelle des jeunes, estime Damien Brochier du Céreq qui animait le webinaire. Il lui préfère un « véhicule pour la transition flexible et modulaire » qui ne serait pas un dispositif ad hoc « pour un public spécifique avec des conditions particulières », comme notre système aime les créer.

Les partenaires sociaux avaient travaillé autour d'un dispositif de « période de reconversion » en entreprise avec une « modalité pédagogique proche de l'apprentissage », rappelle Vincent Donne, mais sans concrétisation législative. Les espoirs se portent aujourd'hui sur la conférence sociale annoncée par le gouvernement qui pourrait aborder la reconversion, mais dans « un contexte de contrainte budgétaire forte ».

Un dialogue social trop centralisé

Le dialogue social en France, contrairement à l'Autriche ou dans les pays nordiques, est très structuré au niveau national, déplore Vincent Donne. « Il n'y a pas de dialogue en interpro, indique-t-il, et pas à la maille des bassins d'emploi ». D'où le relatif échec de TransCo, par exemple. La structuration du réseau pour l'emploi autour de France Travail est, selon lui, une occasion « de créer a minima un dialogue qui permettrait de déboucher sur des transitions collectives, avec les entreprises de départ et celles d'arrivée. » Sur le terrain, depuis la loi sur le plein emploi, « les acteurs se mettent autour de la table. » Le chef de projet qui prépare un rapport sur l'expérimentation Territoires zéro chômeur estime que ce type d'initiative - qui suppose un « travail de dentelle sur les territoires » - peut apporter des réponses…