Financement du bilan de compétences : les acteurs poussent un « cri d'alarme »
Alertées sur la menace de perdre l'accès au financement par le CPF (compte personnel de formation), les principales fédérations d'entreprises de formation et de bilan de compétences se mobilisent et proposent d'engager un travail sur la qualité.
Par Raphaëlle Pienne - Le 15 juillet 2025.
Le bilan de compétences sera-t-il une des prochaines victimes de l'austérité budgétaire ? Le projet de loi de finances pour 2026, actuellement en cours d'élaboration, pourrait proposer de supprimer – sinon limiter – l'éligibilité de cette action de formation au CPF. Bien décidés à ne pas perdre cette source majeure de financement, les Acteurs de la compétence, le Synofdes, la fédération nationale des CIBC et la fédération française des professionnels de l'accompagnement et du bilan de compétences (FFPABC), présentaient le 10 juillet dernier à Paris leur plan de mobilisation conjointe et leur argumentaire de défense du bilan de compétences.
Envoi d'une lettre ouverte
« Nous considérons que le bilan de compétences est aujourd'hui menacé […]. Sa remise en cause serait une catastrophe pour tous et toutes », avertit en introduction Garance Yverneau, secrétaire générale des Acteurs de la compétence. En réaction, celle-ci annonce l'envoi dans le courant de cette semaine d'une lettre ouverte à la ministre en charge du Travail et de l'Emploi Astrid Panosyan-Bouvet et au ministre de l'Economie et des Finances Eric Lombard. « Cette lettre ouverte est avant tout un cri d'alarme », appuie Garance Yverneau, qui indique qu'elle comptera également parmi ses signataires des fédérations d'employeurs (Medef, Meti, Udes et CPME). Car le message transmis se veut clair : le coup porté au bilan de compétences aurait un impact nuisible tant pour les structures du monde de la formation que pour les actifs et pour l'économie.
Un dispositif recueillant une pleine satisfaction
Les fédérations mobilisées défendent un dispositif dont le recours ne « cannibalise pas les fonds du CPF » et qui joue un rôle important dans le paysage politique et institutionnel des transitions professionnelles. « Le bilan de compétences est le dispositif de droit commun le plus connu avec la VAE [validation des acquis de l'expérience]. Cette connaissance est importante et permet une intermédiation, [en partie] enlevée avec la loi de 2018, pour la mobilisation des autres droits individuels », explique Gérald Maury, vice-président de la fédération nationale des CIBC. Un sondage Harris, réalisé en juin 2025 et financé par les quatre fédérations, souligne en outre le caractère de « bon élève » du bilan de compétences. Ses bénéficiaires s'en déclarent satisfaits à 89 % (dont 62 % très satisfaits) et sont respectivement 81 % et 57 % à estimer avoir atteint leurs objectifs et avoir connu une amélioration de leur situation professionnelle.
Une régulation du marché nécessaire
Pour autant, les quatre fédérations reconnaissent le « besoin d'une régulation pour garantir l'efficience » du bilan de compétences. Parmi les écueils entrainés par la « dérégulation du marché à la mise en place du CPF » celles-ci pointent la pluralité des organismes, sans référentiel commun, et une hétérogénéité des pratiques, des prix et de la qualité des prestations - avec un référentiel Qualiopi moins adapté aux prestations de bilan de compétences. « Les signataires de la lettre ouverte défendent un bilan de compétences de qualité avec des standards élevés. C'est pourquoi nous proposons d'aller plus loin, en ouvrant un cycle de discussions, afin de renforcer l'exigence qualité, d'élever les standards et de mieux encadrer les pratiques », explique Garance Yverneau.