Une apprentie en mécanique.

Apprentissage, former les jeunes pour répondre aux enjeux énergétiques

Face à « l'impérieuse nécessité » de réussir la transition écologique, « la formation initiale seule ne suffira pas à former les ingénieurs, techniciens ou ouvriers spécialisés nécessaires », a prévenu Guy Maugis, président de la chambre franco-allemande de commerce et d'industrie, en ouverture de la 9e journée franco-allemande de l'enseignement et de la formation professionnels consacrée au secteur de l'énergie, mardi 18 octobre.

Par - Le 20 octobre 2022.

« La formation est indispensable pour avoir des salariés qualifiés et répondre aux défis actuels », rappelle Armin Reinartz, en charge des innovations sociales au ministère fédéral allemand de l'éducation et de la recherche. En Allemagne, « les jeunes apprennent à l'école et en entreprise afin de créer un lien entre la théorie et la pratique », ce qui permet de garder « un taux de chômage des jeunes très bas ».

Places non pourvues

Toutefois, le modèle d'apprentissage allemand fait aussi face à des défis, puisque beaucoup de places sont désormais non pourvues. « Il faut moderniser constamment la formation professionnelle et continue et renforcer son attractivité auprès des jeunes et de leurs parents. » Le système allemand repose sur la collaboration de nombreux acteurs -ministères, partenaires sociaux, entreprises, länder etc- « dans le but d'améliorer la qualité de la formation » mais cela le rend « complexe ». « Nous avons des résultats car tout le monde va dans la même direction : les formations en alternance sont orientées vers la technicité mais doivent laisser assez d'espace pour permettre l'évolution professionnelle. »

« Nous ne connaissons pas la définition des métiers de demain », constate Frederico Berera, inspecteur général de l'enseignement, du sport et de la recherche. « La première difficulté est donc de gérer l'incertitude qui est renforcée par les différentes crises que nous traversons. » Sur le terrain, il est amené à conseiller les différents acteurs de la formation et suggère « de définir des diplômes et des contenus de formation plus souples que ce qui existait par le passé, afin de s'adapter plus facilement aux nouvelles technologies et aux nouveaux enjeux ». Il sera également nécessaire « de penser des certifications complémentaires, des modules, qui permettent par exemple de former des techniciens capables d'intervenir sur l'hydrogène ».

Transversalité

« Le secteur des nouvelles énergies est transversal, confirme Eva Ecckrammer, vice-présidente de l'université franco-allemande. Beaucoup de disciplines sont impliquées dans les questions de développement énergétique et de durabilité. » Olivier Habert, responsable du master « Ingénierie des systèmes intelligents communicants et énergie » à l'université de Lorraine estime à 320000 le nombre d'emplois à pourvoir en France dans les métiers des énergies nouvelles et renouvelables, « d'où l'intérêt franco-allemand pour la formation ». Son master bi-langue, réalisé en partie à Metz et à Sarrebruck est accessible « même à ceux dont l'allemand n'est pas parfait ».

Evolution vers les nouvelles énergies

Catherine Gras, directrice générale de Storengy Allemagne et Royaume-Uni, se saisit de la question de l'évolution des compétences des salariés : « le sujet de l'hydrogène a des similitudes avec le gaz, que nous connaissons déjà. Nous essayons de nous y accrocher pour faire évoluer nos collaborateurs vers ces nouvelles énergies. » Luc Poyer, président de Mc Phy France juge indispensable d'attirer davantage de jeunes vers l'industrie, « qui n'est pas que du travail en usine mais aussi de la R et D, de l'innovation, de la mise en service d'installation ».