Stéphane Rémy (DGEFP), Julie Gaillot (Institut CSA), Patrice Guézou (Centre Inffo) lors de la présentation du baromètre de la formation et de l’emploi 2022

Les transformations des usages en matière de formation se confirment (Baromètre Centre Inffo)

Le 3ème baromètre de la formation et de l'emploi de Centre Inffo dont les résultats ont été dévoilés lors d'un webinaire, le 17 février, traduit l'accélération des transformations à l'œuvre dans la formation. Plus que jamais prêts à s'engager dans une mobilité professionnelle, 80% des actifs se sentent responsables de leur parcours. Maillon faible, l'accompagnement reste, pour 56%, d'entre eux, insuffisant.

Par - Le 18 février 2022.

Trois ans après le déploiement de la réforme de 2018 et à la veille de l'échéance présidentielle, le 3éme baromètre de la formation et de l'emploi réalisé par Centre Inffo en partenariat avec l'institut CSA décrypte l'approche des actifs en matière de formation. Les résultats présentés lors d'un webinaire le 17 février dégagent des lignes de force durables. Premier constat, l'onde de choc de la crise sanitaire pèse encore sur les comportements et inscrit dans la durée des tendances à fort impact pour le marché de la formation. La prise de conscience des mutations des métiers et des compétences s'affirme. 41% des répondants déclarent que leur métier évolue très vite. Plus significatif encore, 51% d'entre eux envisagent de changer de métier à plus ou moins long terme dont 35% d'ici deux ans. « On aurait pu penser qu'en sortie de crise, les actifs se replient. On note, au contraire, une grande ouverture », confirme Julie Gaillot directrice du pôle Society de l'institut CSA. Dans ce contexte d'incertitude professionnelle, la formation représente, pour plus de 85% des actifs, un bon outil pour évoluer, améliorer ses pratiques professionnelles ou encore prendre du recul.

Responsabilité individuelle revendiquée

Un autre fait marquant ouvre un changement de paradigme dans les usages.  80% des actifs interrogés par le CSA considèrent, en effet, que c'est avant tout une responsabilité personnelle et individuelle de se former et près de 70% d'entre eux ont le sentiment d'en être les acteurs. Alors que l'économie amorce une période inédite de transitions énergétique, numérique et industrielle, « nous avons besoin de l'engagement, de la motivation, de la participation des actifs au développement de leur patrimoine de compétences », note Patrice Guézou, directeur général de Centre Inffo. Parmi les formations plébiscitées par les actifs, on retrouve, cette année, le top 3 traditionnel de l'informatique, des langues étrangères et du management. Moteurs de la construction de leurs parcours, 83% d'entre eux ont déjà, ou sont susceptibles, de formuler des vœux de formation et 74% sont prêts à effectuer eux-mêmes leurs recherches.

Un accès à l'information en progression

Faiblesse relevée dans les baromètres précédents, l'accès à l'information sur la formation tend à s'améliorer. La moitié des actifs estiment être bien informés, en progression de 5 points.  Il reste néanmoins du chemin à faire notamment vers les seniors et les demandeurs d'emploi. Les sujets les moins maîtrisés sont les modalités de financement, l'identification des organismes de formation de proximité ou encore des lieux d'information et d'orientation. Sur cette thématique, le CPF a clairement changé la donne. 92% des répondants connaissent désormais le dispositif et près de 50% leurs droits. Revers de la médaille de ce succès auprès du grand public, les fraudes se sont multipliées marquant la fin d'année 2021. Le baromètre révèle que les trois quarts des personnes interrogées ont reçu des messages d'alerte indiquant que leur CPF arrivait à échéance, 16% d'entre elles n'avaient pas conscience de leur caractère mensonger et 25% ont débloqué les sommes disponibles sur leur compte. Le gouvernement s'attaque à cet enjeu déterminant pour la crédibilité et le développement du dispositif phare de la loi « avenir professionnel ».

La reconversion professionnelle, toujours d'actualité

Intensifiés par la crise et la mise en œuvre d'une politique publique volontariste, les projets de mobilité professionnelle intéressent toujours autant les actifs. Au total 47% des répondants envisagent ou vivent une reconversion. Cette année, 21% (+1 point) s'y préparent concrètement. Les jeunes et les demandeurs d'emploi sont les plus concernés par le sujet. En ligne avec le besoin de plus en plus prégnant de s'approprier leurs parcours, 86% d'entre eux orientent leurs choix en fonction de leurs valeurs et de leurs passions. L'autonomie atteint ses limites dès que l'on parle de reconversion professionnelle. Ainsi, 62% d'entre eux sont accompagnés ou conseillés dans leurs démarches et 65% estiment que ce parcours passe par une formation spécifique.

L'accompagnement, talon d'Achille du système de formation

La formation a donc gagné une nouvelle place dans les projets professionnels d'actifs prêts à développer leurs compétences et à jouer un rôle dans la construction de leur parcours de formation. Toutefois, un frein ressort des résultats du baromètre réalisé pour Centre Inffo. En effet, 56% des répondants considèrent que l'accompagnement est insuffisant pour évoluer professionnellement et 57% pour choisir une formation. Le conseil en évolution professionnelle (CEP) rénové par la réforme de 2018 peine à s'imposer. Si 57% se montrent intéressés par le dispositif, seuls 6% des actifs en ont bénéficié (11% chez les chômeurs). Plus inquiétant encore, à peine la moitié (47%) de ceux qui en ont bénéficié en ont été satisfaits. « Cela doit nous inciter à progresser. Des initiatives ont déjà été prises comme l'inscription des opérateurs de CEP sur la plateforme CPF. Ce sujet de l'accompagnement rejoint celui, tout aussi stratégique, de l'orientation », reconnaît Stéphane Rémy, sous-directeur de la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP).


Le détail du 3ème baromètre de la formation et de l'emploi réalisé par Centre Inffo en partenariat avec l'institut d'études CSA