Portrait de Jacques Peronnet, © Axel Saxe/IFOCOP

Jacques Peronnet, directeur commercial chez Durieu Groupe. © Axel Saxe – Ifocop

Retrouver un emploi après 50 ans : l'autre alternance

À l'heure où le recul annoncé de l'âge de départ à la retraite remet sur le devant de la scène la question de l'accès à l'emploi des seniors -le gouvernement dévoile aujourd'hui le contenu de sa réforme-, nous avons rencontré Jacques Peronnet, 59 ans, qui vient tout juste de retrouver un CDI après deux ans de chômage. Son expérience montre que l'écart de compétences n'est pas toujours la première cause d'exclusion.

Par - Le 10 janvier 2023.

Près de 29 000 « j'aime », plus de 1 500 commentaires et 600 republications sur Linkedin en cinq jours, le succès du post de Jacques Peronnet témoignant de son parcours du combattant pour reconquérir un emploi perdu à 57 ans montre que le sujet ne laisse pas indifférent. Car au-delà du partage de la belle histoire, de l'exemple de résilience, le récit des « 23 mois pour retrouver un job » vient rappeler la fragilité des seniors sur le marché du travail. Même si le taux d'emploi des 55-64 ans ne cesse de progresser pour s'afficher à 56,8 % en 2022 contre 32 % au début des années 2000, il demeure, en France, plus difficile pour cette catégorie d'accéder à l'emploi que chez nombre de nos voisins européens, à l'instar de l'Allemagne où ce taux dépasse les 70 %. La formation est-elle la clé du retour à l'emploi ? Oui si l'on considère qu'il ne s'agit pas seulement d'apporter des compétences.

Un monde qui s'écroule

L'histoire de Jacques Peronnet, c'est un « monde qui s'écroule » quand le licenciement survient après 35 ans de carrière, dont 25 en tant que directeur commercial et développement dans le même groupe. L'âge, auquel on finit par ne plus trop penser une fois devenu adulte, celui où l'on cesse d'annoncer ses demi-années auxquelles tout enfant a un jour tant tenu, revient s'imposer par le truchement du chômage : « je perds mon emploi à 57 ans moins 17 jours », note-t-il.

La formation seule ne suffit pas pour remettre le pied dans l'entreprise

Rapidement engagé dans une formation en stratégie marketing et digitale pour mettre ses compétences au diapason de l'époque, doublée d'une remise à niveau en anglais pour atteindre le niveau B2, Jacques Peronnet multiplie les réponses aux offres d'emploi ciblées mais rien n'y fait. Même quand les cabinets de recrutement soutiennent sa candidature, son âge rebute. Profondément déprimant car, rappelle-t-il, « vous ne pouvez pas vous battre contre votre âge. » Avec le soutien continu de sa famille et de ses anciens collaborateurs qui, dans une « sorte de tour de garde involontaire », iront jusqu'à se relayer pour l'appeler chaque semaine, il tient bon. Mais sent aussi qu'il commence à se « dissocier », manière de dire que le demandeur d'emploi qu'il est ne se sent plus à la hauteur du professionnel qu'il a été.

« Ma dernière chance »

En perte de confiance sur sa capacité à retrouver un emploi, c'est finalement sur internet qu'il découvre une piste de sortie : l'Ifocop, spécialiste de la reconversion professionnelle, propose un titre de responsable marketing opérationnel dans le cadre d'un parcours mixant quatre mois de formation et quatre mois de stage en entreprise.

Jacques Peronnet ne s'en cache même pas auprès de l'Ifocop, ce n'est pas la perspective de la formation qui l'intéresse mais bien le stage en entreprise. « Je le voyais comme ma dernière chance » : la possibilité d'enfin renouer avec le monde du travail, sans risque pour l'employeur qui bénéficie de quatre mois pour tester son candidat, apprécier ses compétences, savoir-faire et expérience. Pari gagnant puisque son entreprise d'accueil, qui a joué le jeu à fond en lui louant voiture et studio pour lui garantir les meilleures conditions, a depuis choisi de retenir ce candidat plus qu'expérimenté avec un CDI de directeur du développement.

Drame du chômage

À l'aube d'une nouvelle histoire à écrire, Jacques Peronnet n'oublie pas le drame du chômage, « cette machine à broyer qui s'attaque à l'intime de la personne. » Et appelle la société à changer : « tout le monde vieillit, il faut sortir de cette discrimination stupide et aider les seniors à s'en sortir, comme on aide les jeunes. » Sa pierre à l'édifice, c'est le message d'espoir qu'il souhaite adresser à ses pairs : « la formule formation + stage en entreprise a marché pour moi, elle peut marcher pour vous ! »