« Rencontres sur les compétences de demain », le 4 novembre 2025. copyright Luc V. Soto.

Compétences de demain : comment articuler besoins et qualité de la formation ?

Les premières Rencontres sur les compétences de demain réunissaient le 4 novembre à Paris parlementaires, hauts-fonctionnaires, dirigeants d'entreprises et acteurs de la formation, autour des enjeux des compétences scientifiques pour relever le défi de la compétitivité.

Par - Le 05 novembre 2025.

« L'apprentissage est un ascenseur social », selon Michel Kahan, président de Syntec Ingénierie, mais un ascenseur menacé par les contraintes budgétaires… Or le pays a besoin de compétences pour aborder les grands défis de l'époque, avec un mur démographique qui se profile, et un nombre stagnant de 3 millions de jeunes étudiants, bon an mal an, mais un manque récurrent d'ingénieurs ou de techniciens !

France 2030

Avec près de 658 000 apprentis en 2024, contre 138 000 en 2015, le boom de l'apprentissage dans le supérieur est réel, libéralisation oblige, « mais on ne doit pas pour autant laisser faire tout et n'importe quoi », tempère Olivier Ginez, directeur général de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (Dgesip). À la question de l'articulation qualité de la formation et financement de l'apprentissage, il répond « régulation, contrôle et évaluation »…

Preuve d'une conscience accrue de l'importance de la formation professionnelle à l'Université, pour le Dgesip, les dispositifs développés dans le cadre de France 2030, les appels à manifestation d'intérêt Compétences métiers d'avenir, « pour faire pivoter l'offre de formation sur des thématiques clés : l'énergie, le nucléaire, les transitions écologiques, l'IA… » L'ambition est grande :  un million de nouveaux formés aux métiers de demain à l'horizon 2030, de bac +3 à bac +8.

La réalité de terrain

Safran, « premier employeur industriel dans 31 départements français », recrute 12 000 personnes par an en France… Le groupe a dû développer des écoles industrielles (80 dans le monde) où les jeunes diplômés acquièrent pendant 6 à 9 mois les compétences nécessaires à l'emploi. L'ensemble des sous-traitants a été intégré à ce dispositif, pour garantir « la souveraineté des compétences », souligne Stéphane Dubois, directeur des responsabilités humaines et sociétales du Groupe. Il déplore que l'industrie, qui représente 10 % du PIB, a progressivement perdu son dispositif formateur en France, poussant le groupe à « repenser ses implantations industrielles au regard des compétences disponibles »…

Safran emploie en permanence 3 600 apprentis et a triplé ses capacités de formation interne avec des parcours qualifiants pour des chaudronniers ou des tourneurs fraiseurs. L'apprentissage est à cet égard crucial, estime Stéphane Dubois, qui appelle à soutenir les TPE-PME dans cet effort, car elles n'ont pas la même attractivité que les grandes entreprises tout en appartenant à leur écosystème…

Passerelle et bifurcations

L'articulation entre l'école et le milieu professionnel reste compliquée en France, avec une focalisation forte sur le diplôme, quand les passerelles existent dans d'autres pays, comme l'Allemagne ou le Japon. Donner des exemples de « non-linéarité » des parcours reste une nécessité, pour Olivier Ginez, pour donner aussi des perspectives aux jeunes et la possibilité comme ailleurs de passer de la formation initiale à la formation supérieure, voire à la formation continue, à tous moments…