IA en Normandie : un ajustement des compétences nécessaire
Dans le cadre d'un webinaire, le Carif-Oref Normandie a présenté les résultats de son étude « Les métiers de la donnée et de l'intelligence artificielle. » Soulignant l'essor et le dynamisme du secteur, le document appelle à un ajustement des compétences pour répondre pleinement à ses enjeux. En outre, la fidélisation des salariés recrutés n'est pas acquise.
Par Jonathan Konitz - Le 31 mars 2025.
L'étude se concentre sur deux métiers emblématiques du secteur : data ingénieur et développeur informatique spécialisé IA. Grâce à son bagage de compétences, le premier est capable [entre autres] de collecter et gérer la donnée, d'assurer sa qualité et sa sécurité, tandis que le second dispose de « compétences plus orientées vers la création ou l'adaptation de programmes intelligents, capables d'utiliser ces données pour résoudre des problèmes ou automatiser des processus », illustre Elise Dehays, chargée de projets au Carif-Oref Normandie. Elle poursuit : « Les compétences techniques et analytiques sont prioritaires (…) mais sont à compléter par des compétences comportementales (participer et animer un travail en équipe, capacité d'apprentissage, etc.) ».
Difficulté à trouver des experts
Problème : si les employeurs interrogés « se montrent globalement satisfaits du niveau de compétences disponibles sur le marché du travail normand (…) quelques ajustements semblent nécessaires » pour répondre aux enjeux de l'IA. « Les entreprises peinent à trouver des experts capables de nettoyer et d'organiser efficacement les données. Or, cette compétence est essentielle pour garantir la qualité des informations utilisées dans les analyses et les modèles d'intelligence artificielle », témoigne Elise Dehays.
Une communication claire et adaptée, pour « s'adresser à tous les salariés de l'entreprise, peu importe leur poste » et « recueillir les besoins des équipes afin d'adapter les solutions de manière pertinente », fait parfois défaut chez les professionnels de l'IA. Tout comme la « curiosité, la rigueur et le sens critique (…) permettant de rester à jour [face au progrès dans le domaine] », précise l'étude.
66,7 % des recrutements de data ingénieurs jugés difficiles
En Normandie, les data ingénieurs et développeurs informatiques représentent 0,5 % des emplois régionaux. Entre les premiers trimestres 2019 et 2024, les offres d'emploi pour ces deux métiers ont augmenté respectivement de 252,6 % et 117,6 %, avec des contrats d'une durée supérieure à six mois dans plus de 80 % des cas. En 2024, on dénombre 270 projets de recrutement visant les data ingénieurs et 410 pour les développeurs.
Pourtant, le recrutement des ingénieurs est jugé « difficile » par 66,7 % des entreprises interrogées, 36,6 % pour les développeurs. La faute à « un déséquilibre entre les besoins des employeurs et les compétences disponibles sur le marché », justifie Elise Dehays. D'où les nécessaires ajustement évoqués plus tôt.
La fidélisation des salariés, une fois recrutés, peut s'avérer difficile face aux opportunités de carrière dans la capitale. « Le marché régional, en termes de data, a quelques années de retard comparé à Paris. Les entreprises normandes n'ont pas encore toutes basculés », avance comme explication Romain Raillot, directeur général du RedLab, entreprise spécialisée dans l'extraction des données brutes et leur valorisation.