Animée par Yadieyi Ndong (professeure de mathématiques – sciences physiques) et Khady Faye (institutrice – formatrice en numérique pédagogique), deux sénégalaises membres de l’association Senum (Synergie pour l’éducation au numérique et aux médias), l’atelier “Impact et sobriété, moins d’outils, moins de ressources mais toujours plus de pertinence” au Learning Show 2025.
Learning Show 2025 : oser emprunter le chemin d'une pédagogie plus sobre en nouvelles technologies
Formation professionnelle et progrès technique sont-ils irrémédiablement associés ? Un autre chemin est-il possible ? A l'occasion du Learning Show, les participants étaient invité à la réflexion via l'expérience de deux animatrices sénégalaises.
Par Jonathan Konitz - Le 22 octobre 2025.
L'atelier « Impact et sobriété, moins d'outils, moins de ressources mais toujours plus de pertinence ! » constitue sans aucun doute l'un des Ovni du Learning Show édition 2025 (13 et 14 octobre à Rennes). Animée par Yadieyi Ndong (professeure de mathématiques - sciences physiques) et Khady Faye (institutrice - formatrice en numérique pédagogique), deux Sénégalaises membres de l'association Senum (Synergie pour l'éducation au numérique et aux médias), la présentation s'est ouverte avec… une danse. Avant de se conclure par une comptine et une distribution de noix de cajou !
Stimuler l'envie commune d'avancer
Une ambiance peu conventionnelle qui ne doit cependant pas occulter leur message, reflet de leur réalité quotidienne : « Nous avons peu de moyens chez nous. Et avec ce peu de matériel dont nous disposons, nous parvenons à faire beaucoup de choses. La qualité de ce que nous voulons [obtenir en formation] ne dépend pas des moyens, seulement de la volonté individuelle et de la capacité à faire sortir cette énergie débordante qui dort en chacun de nous. L'essentiel est de trouver cette envie commune d'avancer », résume Khady Faye.
Un esprit taquin y verrait le signe qu'au final l'engagement d'un apprenant et l'acquisition des compétences peuvent très bien s'affranchir de la débauche de technologie actuelle : casque de réalité virtuelle, learning management system (LMS) et autres intelligences artificielles.
Tirer profit de l'environnement
Comment traduire concrètement cette philosophie ? L'une des pistes serait de tout simplement se reconnecter au terrain, d'utiliser au mieux l'environnement à disposition. Illustration avec un groupe de participants dont le but était d'élaborer une série d'activités pédagogiques sur le thème « sensibilisation aux écogestes et à la diversité locale ». L'un d'eux prend la parole et restitue leur réflexion : « Nous avons choisi de débuter avec une randonnée pendant laquelle les déchets seraient ramassés. Un animateur expliquerait en quoi ils sont un danger pour la faune et la flore locale. Ensuite, une activité pour apprendre à trier les déchets dans la bonne poubelle, avec une cible à atteindre positionnée juste au-dessus afin de renforcer l'aspect ludique. Enfin, une visite d'installations communales comme une déchetterie et de commerces locaux pour découvrir les produits du coin. »
La candeur de la démarche peut prêter à sourire. Pour ses détracteurs, une telle conception de la formation professionnelle se heurterait vite au mur de la réalité pour les entreprises comprenant des milliers de salariés, répartis dans plusieurs pays. Au mieux, elle serait adaptée aux TPE-PME, dans le cadre d'une démarche RSE (responsabilité sociale ou sociétale des entreprises)… Mais Yadieyi Ndong rappelle l'essentiel : « Chaque action a des conséquences sur le devenir de l'adulte [participant à une session de formation]. »
Ou comment le formateur doit peser chacun de ses gestes, et bien définir les objectifs de la session, avant de s'engager dans une pédagogie sobre, durable et inclusive. Peu importe la taille de la structure qui l'emploie ou le volume de son auditoire. Le degré de sophistication des outils ne fait pas tout.


