La formation, antidote à la fracture sociale et territoriale

Auteurs du livre Former, les numéros un et deux du Cnam, Olivier Faron et Thibaut Duchêne, ont échangé jeudi 26 septembre autour des problématiques de disparités régionales en termes de formation.

Par - Le 30 septembre 2019.

«Fracture sociale et territoriale : et si la solution c'était la formation ? »Telle était la thématique du temps d'échange qui s'est tenu  à Paris, autour du livre Former [ 1 ]Éditions de l'Aube, 2019 tout récemment sorti. Écrit par Olivier Faron, administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et par son adjoint, Thibaut Duchêne, en charge de la stratégie du développement de ce réseau de 150 antennes hexagonales et de ces 5 000 enseignants et personnels administratif, cet ouvrage développe une analyse de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. « Si la formation est au service de l'emploi, elle doit offrir un garde-fou aux dérives que représente la bipolarisation du travail a lancé Olivier Faron. Il précise que l'on a des actifs « favorisés, qualifiés, aux emplois attractifs » d'une part et d'autre part, ceux, « beaucoup moins qualifiés, occupant des emplois d'exécution sur des contrats émiettés ». Il reconnaît toutefois que « de grands textes de loi » ont été lancés depuis le début de ce quinquennat.

Un service public refondé

« Pour demeurer confiant face à l'avenir, le service public doit être refondé, repensé, redynamisé et réaligné avec les attentes de nos concitoyens, sur tous les territoires, notamment dans le domaine de la formation, a corroboré Thibaut Duchêne. La formation initiale ne doit plus avoir la place écrasante qui est la sienne. Elle ne doit plus distribuer de manière irréversible les places entre supposés gagnants et perdants dès leur sortie de l'adolescence. La formation continue doit être l'occasion de saisir, une deuxième, une troisième, une énième chance ». Selon Olivier Faron, si la formation ne change pas, « les oubliés resteront toujours les mêmes, les invisibles de la République, qui resteront en dehors du scope ou qui seront de plus en plus tentés de se rendre visibles par la contestation et par la remise en cause du lien républicain »

Former partout

Pour les auteurs, il convient de « former partout », titre de l'un des chapitres de leur livre, et d'éviter ainsi les disparités, voire les « relégations » territoriales accentuées par la forte dynamique de métropolisation qui pénalise les régions périurbaines et rurales. « Il en ressort un déficit de compétences qui prive des régions entières de précieux leviers de développement » regrette Thibaut Duchêne. Il souligne que la dimension territoriale de l'offre de formation ne se réduit pas à une question d'égalité des chances.

« Dans les villes moyennes qui ont pour certaines perdu la bataille de l'attractivité économique, il faut miser sur le capital humain, sur le développement, la montée en compétence de la population. Il s'agit du meilleur levier pour favoriser le tissu local d'entreprises et d'associations qui a besoin de ressources pour se développer », estime Olivier Faron. Il se réjouit de voir l'essor des campus numériques où l'essentiel des formations sont suivies en ligne. Elles lui semblent « particulièrement adaptées à ces situations de carence territoriale »

Notes   [ + ]

1. Éditions de l'Aube, 2019