Risques professionnels : la formation professionnelle au service de la prévention

Par - Le 01 janvier 2012.

Mieux vaut prévenir que guérir, dit l'adage. Et pourtant, les risques psychosociaux n'ont jamais été aussi élevés, et la sécurité et la santé au travail ne sont pas toujours prises en compte par les entreprises, ou si elles le sont, pas de la meilleure façon. Pourtant, des accompagnements, et même des aides financières existent. Explications, avec les conseillers sécurité de la Caisse régionale d'assurance maladie de Paris.

Ces conseillers informent les directeurs des ressources humaines sur des possibilités auxquelles ces derniers ne recourent pas toujours, alors que l'accompagnement est gratuit. Et surtout essentiel, au regard des chiffres alarmants présentés par Christophe Ballue, conseiller sécurité de la Cramif, à l'occasion d'une matinée d'échanges organisée par le cabinet GRH Expertise, le 1er décembre dernier.

Les maladies professionnelles sont en constante augmentation depuis 2000, et 80 % d'entre elles ont pour origine les troubles musculo-squelettiques (TMS) dus au port de charges lourdes ou à des gestes trop souvent répétés. Les secteurs sévèrement touchés sont notamment la restauration, avec 42 arrêts de travail pour 1 000 salariés, et l'hôtellerie (27 pour 1 000). Si ce dernier chiffre est moins élevé, les accidents ou maladie professionnelles sont plus graves.
Ainsi, en 2010, sur les 19 millions de salariés français des trois millions d'entreprises (hors conventions spéciales, notamment dans le service public), un salarié sur cinq est victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle, un sur dix d'une incapacité permanente. 1 102 personnes sont décédées suite à un accident du travail (deux sur trois après un accident de la route, sur le parcours du lieu de travail). L'impact sur la productivité des entreprises est considérable, puisque cela équivaut à 46 millions de journées de travail perdues.

Aides et formations à la gestion des risques

L'une des missions de la Cramif consiste à assister les entreprises dans la gestion des risques, et donc dans l'amélioration de la prévention. Elle propose aussi des aides financières pour les entreprises de moins de 200 salariés, avec une prise en charge des coûts induits allant de 15 à 70 %. Pour du matériel neuf (qui servira aussi à augmenter le chiffre d'affaires de l'entreprise), la prise en charge sera équivalente de 15 à 30 % du montant. Pour une formation d'animateur de prévention au sein de l'entreprise, ce sera 70 %. Pour les entreprises de plus de 200 salariés, la Direccte, avec l'appui des fonds européens, permet également une prise en charge des coûts totaux des formations réaliser dans le but de prévenir les risques de sécurité et de santé au travail.

“Souvent, la prise de conscience est faite assez tardivement, quand l'entreprise est au pied du mur", déplore Christophe Ballue. Le rôle du contrôleur de sécurité est de mettre en place une démarche participative, de faire valider chaque étape par les entreprises et de faire ressortir un constat des difficultés existantes. C'est ainsi que l'association Aires 10, à Paris, impliquée dans l'aide aux devoirs, l'alphabétisation, l'organisation de loisirs et la garderie, a géré les troubles provoqués par son déménagement dans de nouveaux locaux. Christophe Ballue a rencontré la directrice et les salariés de l'association, et la Cramif a financé un travail de “médiation collective", pris en charge à hauteur de 50 %, et un soutien à la fonction de direction avec une formation à la communication et à la gestion de conflit soutenue à hauteur de 70 %. Un “document unique de prévention" avec des perspectives d'amélioration a été rédigé, financé lui aussi à hauteur de 70 %, et depuis, les salariés se réunissent chaque mois pour dresser un état des lieux de la situation. Des petites entreprises aux plus grandes, l'accompagnement de la Cramif se révèle être un vrai atout dans la prévention des risques.

Voir aussi notre article.