Apprentissage : un dispositif “sous influences"
Par Nicolas Deguerry - Le 01 octobre 2013.
Si l'évolution de l'apprentissage diffère
autant selon les territoires, c'est que le
dispositif réagit à de nombreux paramètres.
Explications du Céreq, qui présentait son
analyse lors de sa 3e Biennale formationemploi
− à Paris, le 19 septembre dernier.
Si les effets positifs de l'apprentissage en
termes de première insertion sont reconnus,
son développement n'en suppose pas
moins la synergie d'une pluralité d'acteurs,
rappellent Jean-Jacques Arrighi et Valérie
Ilardi, auteurs d'un Bref du Céreq consacré
à l'expansion de l'apprentissage entre
1997 et 2008. Il faut en effet non seulement
compter avec l'État et les Régions, mais
aussi avec l'environnement culturel et géographique
d'une part, économique et social,
de l'autre.
Une élévation du niveau de recrutement
Cette sensibilité au contexte rend l'analyse
complexe, mais “trois grandes tendances
marquent [cependant] les évolutions de l'apprentissage"
sur la période concernée : une
progression hétérogène dans les différents métiers
avec même une régression dans l'alimentation,
l'hôtellerie et la mécanique automobile
; une élévation du niveau de recrutement
des apprentis qui s'explique pour partie par
l'apparition de métiers nouvellement préparés
en apprentissage et recrutant a minima des
bacheliers, pour partie par l'élévation générale
des niveaux de recrutement ; l'apparition de
nouveaux métiers accessibles en apprentissage
au premier niveau de qualification (travail
social, transport et logistique, services à la collectivité).
Là où sont les sièges sociaux...
Alors que l'étude souligne une expansion
très variable sur le territoire, les auteurs
notent que seulement la moitié des disparités
peut s'expliquer par la structure
de l'offre. L'autre moitié provient, elle, de
“composantes régionales propres", lesquelles
restent souvent “encore mal identifiées".
À l'exception notable de l'Île-de-
France, Rhône-Alpes et des Pays de la Loire,
où le dynamisme observé provient, selon les
analystes, “de la conjonction d'une collecte
abondante de taxe d'apprentissage due à la
présence de nombreux sièges sociaux d'entreprises
et d'un engagement stratégique
très affirmé des Conseils régionaux".
Enfin, l'étude révèle que l'apprentissage a
mieux résisté à la crise que la professionnalisation,
ce qui surprend d'autant plus les
auteurs que la rénovation de la voie professionnelle
a entraîné la suppression du BEP au
profit de la généralisation du bac professionnel
en trois ans. Sur ce dernier point, Jean-
Jacques Arrighi et Valérie Ilardi soulignent,
toutefois, que “la réforme n'a pas encore produit
tous ses effets" et que “le cycle d'un baccalauréat
professionnel en trois ans rencontre
de grandes difficultés pour se déployer sous
contrat d'apprentissage".