Carole Granjean, ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels échange avec des bénéficiaires du CPF à l’occasion de la célébration des quatre ans du dispositif, le 21 novembre 2023. Copyright : Dicom / Jeanne Accorsini / Sipa

CPF : près de 7 millions de personnes formées en quatre ans  

En quatre ans, le compte personnel de formation nouvelle génération est devenu un outil de développement des compétences incontournable. Après le temps de la montée en charge, suivie d'une phase de régulation destinée à renforcer la qualité de l'offre et à lutter contre la fraude, le dispositif continue à évoluer pour mieux répondre aux enjeux d'évolution professionnelle dans un contexte de transformation de l'économie.

Par - Le 23 novembre 2023.

Il a suivi une formation en marketing digital puis créé son entreprise après avoir été infirmier. Il s'est formé au métier de développeur Web pour entamer une nouvelle carrière après avoir exercé à la SNCF. Il a obtenu le titre de délégué à la protection des données personnelles et changé de poste au sein de l'entreprise qui l'emploie. Elle a passé son permis de conduire pour évoluer dans son métier de commerciale. Ces quatre personnes invitées à témoigner de leur parcours sur le stand du ministère du Travail installé à l'entrée du salon « Nouvelle vie pro » mardi 21 novembre ont un point commun : elles ont mobilisé leur droit à la formation pour évoluer dans leur carrière. Comme elles, près de 7 millions de personnes ont enrichi leurs compétences grâce au service « Mon compte formation », accessible sans intermédiaire depuis le 21 novembre 2019.

Un outil qui facilite l'accès à la formation

Venue célébrer les quatre ans du compte personnel de formation rénové, Carole Grandjean, ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, se félicite, « l'objectif de démocratisation de l'accès à la formation porté par la loi « avenir professionnel » de 2018 a été atteint ». Le nombre de formations financées grâce au CPF est passé de 630 000 en 2019 à 1,3 million en 2023 et le cap des 1,5 million devrait être franchi à la fin de l'année. Mais surtout le profil des bénéficiaires a évolué en quatre ans, souligne Carole Grandjean. Parmi les personnes ayant mobilisé leur droit à la formation, huit sur dix sont ouvriers ou employés. « Il faut se souvenir qu'avant cette révolution du CPF, sept personnes formées sur dix étaient cadres. » Autres indicateurs mis en avant par la ministre : 30 % des stagiaires ont plus de 45 ans, 30 % sont demandeurs d'emploi et plus de 40 % sont de niveau inférieur au bac ou sans diplôme.

Un succès et des dérives

Après un lancement très médiatisé, le CPF nouvelle génération a rapidement trouvé son public. De leur côté, les prestataires de formation ont fait évoluer leur offre et leurs pratiques pour s'adapter à ce marché désintermédié. Mais très vite des dérives sont apparues : prospection agressive, formations ne correspondant pas aux objectifs affichés, fraudes, usurpations d'identité… Autant de phénomènes qui ont conduit les pouvoirs publics à réguler davantage l'offre, à sécuriser l'accès à la plate-forme et à légiférer pour interdire le démarchage, renforcer les contrôles et lutter contre la fraude. Ces actions engagées à partir de 2022 ont permis d'assainir le marché. Le nombre de prestataires référencés est passé en quatre ans de 25 500 à 15 000. Les signalements pour abus et fraudes ont été divisés par cinq et les cas de piratage de comptes sont passés de 4 000 à zéro entre octobre et décembre 2022, selon le ministère.

Objectif : qualité et maîtrise des dépenses

Après ces quatre années de montée en puissance et de régulation, le CPF va continuer à évoluer. De nouveaux services font leur apparition sur la plateforme comme le Passeport de compétences. La montée en gamme de l'offre de formation se poursuit avec notamment l'encadrement de la sous-traitance et la poursuite des contrôles. Autre sujet dans la feuille de route du ministère : la maîtrise des dépenses. D'où le projet de mettre à contribution les usagers en instaurant un reste à charge. Celui-ci sera « presque symbolique », assure Carole Granjean, l'objectif étant de responsabiliser les bénéficiaires dans le choix de formations qui contribuent à leur évolution professionnelle « sans dissuader les plus fragiles ou les moins qualifiés. »

Un dispositif central dans les politiques de l'emploi

Ce « ticket modérateur » fera l'objet de discussions avec les partenaires sociaux quand ils auront avancé sur les négociations qui s'ouvrent sur l'emploi des seniors, les reconversions et le compte épargne temps universel. Autant de sujets qui seront l'occasion de conforter la place du compte personnel de formation, si les organisations patronales et syndicales en décident ainsi. Devenu « un objet du quotidien pour mobiliser ses droits à la formation », le CPF désormais sécurisé et vecteur de formation de qualité, mérite selon Carole Grandjean « d'être au cœur des politiques publiques » pour « servir les grandes transformations de notre économie ».

Chiffres clés

  • 7 millions de personnes formées en quatre ans
  • Parmi les bénéficiaires, un sur trois est demandeur d'emploi, huit sur dix sont employés ou ouvriers, un tiers a plus de 45 ans et près de 40 % ont un niveau de qualification inférieur au bac ou n'ont pas de diplôme
  • Selon une étude de la Dares, un tiers des bénéficiaires du CPF ayant trouvé un travail l'attribue à la formation qu'ils ont suivi, 35 % des personnes qui étaient en recherche d'emploi à l'inscription en formation sont en emploi 8 à 9 mois après la fin de leur parcours et 86 % des stagiaires recommandent la formation qu'ils ont suivi.