Métiers en 2030 : les tensions de recrutement devraient s'accentuer dans le sud et l'ouest

France stratégie et la Dares ont présenté la première déclinaison régionale de leurs travaux de prospective « Les métiers en 2030 ». Elle révèle des disparités, avec un quart sud-ouest attractif qui risque de peiner à recruter et un nord-est connaissant moins de difficultés.

Par - Le 08 mars 2023.

« Le quart sud-ouest tire les créations d'emplois », note Dorian Roucher, sous-directeur de l'emploi et du marché du travail à la Dares. L'Occitanie, la Corse et les Pays-de-la-Loire forment le trio de tête dans les créations d'emploi estimées entre 2019 et 2030 (8 % de créations nettes d'emploi par rapport à l'effectif 2019 pour l'Occitanie et la Corse, 7 % pour les Pays-de-la-Loire). Sur les quelque 800 000 postes à pourvoir au total en France, près de la moitié seront créés dans les cinq régions du quart sud-ouest. Les autres connaîtront plutôt une stabilisation de l'emploi ou une « situation intermédiaire », comme l'Ile-de-France.

Plus de jeunes entrants en Ile-de-France

La part des emplois qui seront à pourvoir à cause des départs en retraite « est à peu près identique dans toutes les régions, environ 28 % », remarque Dorian Roucher. En revanche, « les jeunes sortants du système scolaire sont plus nombreux en Ile-de-France au vu de la densité et de la présence de nombreux établissements de formation ». La région Ile-de-France aura donc davantage de jeunes entrants sur le marché du travail (31 % contre 27 % en moyenne). Mais elle connaît également des départs nombreux de ses actifs en emploi vers les régions atlantiques et méditerranéennes.

Déficit de main d'œuvre à l'ouest et dans le sud

Les régions de l'ouest et du sud afficheraient elles des déficits potentiels de main d'œuvre élevés : elles sont dynamiques en termes d'emploi mais moins de jeunes y débutent en emploi comparé à la moyenne nationale. On risque donc de voir les difficultés de recrutement s'accentuer dans les régions du sud et de l'ouest : en Bretagne par exemple, 42 % des emplois correspondraient à des métiers dont les tensions vont s'accentuer d'ici 2030 (35,3 % en Pays de la Loire, 32,9 % en Nouvelle Aquitaine, 30,4 % en Occitanie) contre seulement 11,4 % en Ile-de-France (moyenne nationale de 25,2 %).

Quel que soit le territoire, les « nouveaux entrants sur le marché du travail seraient globalement moins nombreux que les seniors le quittant définitivement ». La Dares et France Stratégie estiment donc que dans la décennie à venir, « le déséquilibre sera particulièrement marqué dans les métiers où la part des seniors est élevée (conducteurs de véhicules) ou pour ceux qui sont très dynamiques en termes d'emploi (cadres commerciaux et technico-commerciaux). »

Tension de recrutement en augmentation

Certains métiers risquent de voir les tensions de recrutement s'accentuer, comme les aides à domicile, les techniciens des industries mécaniques et les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment quand d'autres auront plutôt tendance à se réduire (employés et agents de maîtrise de l'hôtellerie-restauration, techniciens de la banque et des assurances, employés de la comptabilité). Certains métiers vont rester en tension (infirmiers, sage-femmes, ingénieurs informatiques, ouvriers qualifiés de la maintenance bouchers, charcutiers, boulangers) et d'autres risquent de voir des tensions de recrutement apparaître (ouvriers qualifiés de la manutention, agents d'entretien, ouvriers du textile et du cuir).

Former et renforcer l'attractivité des métiers

Ce panorama régional doit permettre de mieux accompagner les politiques d'emploi, d'orientation ou d'enseignement au niveau local et national. « La formation est l'un des moyens de favoriser l'adéquation entre la demande et les besoins de main-d'œuvre (…) Mais elle ne saurait résoudre à elle seule toutes les difficultés d'attractivité des métiers et des formations qui y conduisent, qui appellent aussi des actions de la part des employeurs », estiment les auteurs de l'étude.


Consulter l'étude « Les métiers en 2030 : quelles perspectives de recrutement en région ? ».