Année européenne des compétences

Mobilité des apprentis : l'UE affiche des objectifs ambitieux

Dans un contexte de pénurie de compétences, la Commission européenne entend renforcer la mobilité des apprentis pour créer un vivier européen au service des pays et secteurs en tension. Avec l'objectif ambitieux de permettre à 15 % d'entre eux de réaliser une partie de leur cursus hors de leurs frontières. Une gageure…

Par - Le 29 novembre 2023.

En cette année dédiée aux compétences, la Commission européenne a annoncé, dans une communication datée du 15 novembre, toute une série de mesures visant à redynamiser l'enseignement professionnels via une augmentation du nombre de diplômés ayant eu une période de mobilité dans un autre pays au cours de leur études. Objectif ?  Constituer un « réservoir européen de talents » destiné à mettre en relation les employeurs et les diplômés. Et pour alimenter ce réservoir, elle propose de porter à 25 % le pourcentage d'étudiants européens ayant effectué une partie de leurs études à l'étranger et à 15% la part des apprentis dans la même situation, allant même jusqu'à 20 % pour les plus fragiles d'entre eux.

Forte mobilité de la base

« C'est un objectif très ambitieux, se félicite Jean Arthuis, ancien député européen et président d'Euro App Mobility, une association fondée en 2020 qui a fait du développement de la mobilité internationale des apprentis le cœur de son activité. Mais cela demande une forte mobilisation de la base, car il nous faut convaincre les employeurs qui sont aujourd'hui les plus réticents… » Cette situation explique ainsi pourquoi seulement entre 3 % et 4 % des apprentis profitent actuellement d'un échange dans un autre pays. « Certains pays comme le Danemark sont aujourd'hui beaucoup plus ouverts. Pourtant les employeurs doivent comprendre qu'une période d'études à l'étranger permet aux jeunes d'acquérir des compétences transversales qui intéressent aujourd'hui beaucoup les entreprises », poursuit le président d'Euro App Mobility.

Vers des réseaux de référents mobilité

Si la Commission reste vague sur la façon de mobilier les acteurs, elle plaide en revanche pour un système de reconnaissance des compétences et qualifications acquises dans un autre pays afin de rassurer les employeurs. Cela vaut tant pour les reconnaissances entre pays européens qu'avec les pays tiers car le « réservoir de talents » se veut très ouvert pour résoudre la question des pénuries de compétences. L'Exécutif européen s'engage à aider les Etats membres à prendre ce dossier à bras le corps. Ce qui suppose, selon Jean Arthuis, de changer réellement d'échelle : « Développer la mobilité demande en effet du temps et le recrutement de professionnels qui ne font que cela. C'est pourquoi, si nous voulons atteindre les objectifs mentionnés par la Commission, il va falloir créer un réseau de référents mobilité », met-il en évidence.  Une démarche qu'Euro App Mobility a commencé à son niveau à mettre en place, avec la création d'un réseau de 43 référents qui pourraient demain servir de référence à d'autres pays membres…