La formation, un levier décisif dans le déploiement de l'IA

Leur transformation digitale à peine achevée, les entreprises affrontent une nouvelle révolution. Selon une récente étude réalisée par le cabinet conseil Deloitte, 75% des dirigeants prévoient d'accélérer l'utilisation de l'IA d'ici 5 ans tout en anticipant un impact significatif sur les compétences. Incontournable, la formation devra néanmoins se réinventer.

Par - Le 12 mars 2024.

Bousculé par la révolution digitale, le monde du travail poursuit sa transformation. Sous pression, les entreprises ne parviennent pas toujours à adapter leur organisation. Selon une récente enquête réalisée par Deloitte, seuls 3% des dirigeants la considèrent « extrêmement efficace » pour gérer la performance humaine. Pourtant près de 70% d'entre eux ont bien identifié les enjeux liés au développement des méthodes agiles, des nouvelles attentes des collaborateurs ou encore du télétravail. Les lignes de force sont connues mais les entreprises cherchent encore leur nouveau modèle de management. C'est dans ce contexte fragile qu'une technologie s'impose précipitant encore les transformations à l'œuvre. « L'IA générative promet une véritable révolution industrielle et marque une rupture pour la gestion des ressources humaines », déclare Franck Chéron, associé au sein du cabinet Deloitte. L'adoption fulgurante de cet outil par le grand public met les entreprises au pied du mur. Pris de court, les dirigeants s'y engagent à marche forcée.  Ainsi 75% d'entre eux prévoient d'accélérer son utilisation d'ici 5 ans tout en anticipant une petite révolution des compétences.

Quelles compétences humaines face à l'IA ?

Même si l'on manque de recul, le risque de perte de créativité inquiète de plus en plus les entreprises et les laisse démunies. A un moment où l'innovation est au cœur de la création de valeur, un usage mal contrôlé de cette technologie pourrait en effet générer une certaine uniformité. « L'IA produit du contenu à partir de données historiques. L'être humain innove en partant de ce qui n'existe pas », note Franck Chéron.  Conscients du danger, une large majorité des dirigeants interrogés par Deloitte (73%) estiment important de veiller à cultiver l'imagination humaine. Mais ils ne sont que 9% à entreprendre des actions concrètes dans ce sens. Difficile, il faut dire, d'appréhender les nouvelles compétences capables de contrecarrer cet effet de bord de l'IA.  Ces soft skills liées à la curiosité, l'empathie, l'esprit critique ou encore la créativité deviennent désormais stratégiques. Pour les développer au sein de leur organisation les entreprises devront favoriser les méthodes agiles et transdisciplinaires, la diversité au sein de leurs équipes, l'autonomie et l'esprit intrapreneurial de leurs collaborateurs. Véritable catalyseur de ces tendances nées dans les start-ups de la Silicon Valley, l'IA générative commande d'innover en matière de gestion des ressources humaines.

Des formations sur-mesure en ligne avec la stratégie de l'entreprise

Pour réussir à créer de la valeur, il ne suffit pas d'investir massivement dans les nouvelles technologies. Une leçon tirée de la révolution digitale. « Beaucoup d'entreprises avaient alors sous-estimé l'importance du facteur humain. Elles ne doivent pas faire la même erreur avec l'IA. L'adaptation de l'organisation du travail et la formation des collaborateurs jouent un rôle stratégique dans les projets de transformation », confirme Franck Chéron. La formation aura un rôle à jouer dans la conduite du changement. Or, seuls 13% des collaborateurs ont suivi une formation à l'IA durant les 12 derniers mois.  « L'offre existe mais doit être customisée au plus près de la stratégie de l'entreprise et s'inscrire dans les situations de travail ». Selon le cabinet Deloitte qui dispose d'un organisme de formation, les programmes doivent être conçus en ligne avec les objectifs de l'entreprise. Les cas d'usage de l'IA sont nombreux, de l'optimisation de process, aux gains de productivité en passant par le développement de nouveaux services ou produits. Il est donc essentiel de les identifier et de concevoir avec les experts métiers les parcours adaptés. L'adoption de cette technologie conforte une approche de plus en plus opérationnelle et personnalisée.