Jean-François Foucard, CFE-CGC, et Sandrine Mourey, CGT.

« Pacte de la vie au travail » : les transitions professionnelles au coeur de la négociation

Dans le cadre de la négociation interprofessionnelle pour un « nouveau pacte de la vie au travail », les partenaires sociaux ont commencé à aborder le sujet des reconversions professionnelles. Pour Le Quotidien de la formation, Jean-François Foucard de la CFE-CGC et Sandrine Mourey de la CGT reviennent sur ces premiers échanges et présentent les propositions de leurs syndicats en matière de formation professionnelle.

Par - Le 13 février 2024.

Après une première étape constituée d'une phase de diagnostic, la négociation interprofessionnelle pour un « nouveau pacte de la vie au travail » est entrée dans sa phase concrète. Les organisations syndicales et patronales ce sont retrouvées pour une première séance de travail introductive le 2 février, puis pour une séance axée sur les transitions et reconversions professionnelles le 7 février. D'autres séances sont programmées d'ici à la fin du mois, qui aborderont l'emploi des seniors et le compte épargne temps universel (CETU).

Simplifier les dispositifs : jusqu'où ?

Ce début de négociation a vu les différentes parties commencer à avancer des propositions, parfois iconoclastes. Du côté des organisations patronales, l'idée de supprimer le projet de transition professionnelle (PTP) aurait été mise sur la table, relate Jean-François Foucard, secrétaire national de la CFE-CGC en charge des parcours professionnels. « C'est la technique patronale classique du chiffon rouge. […] Mais c'est tellement peu subtil que ce n'est plus un chiffon, c'est un drap. Donc ce n'est pas dramatique », assure néanmoins le syndicaliste. Sandrine Mourey, chargée au bureau confédéral CGT de la négociation collective et de la démocratie sociale, se montre davantage inquiète de la volonté de simplification des dispositifs affichée du côté patronal. « [Leurs propositions] montrent qu'ils veulent remettre à leur main le financement de la formation, notamment le CPF et y compris le CEP [conseil en évolution professionnelle] », s'alarme-t-elle. Sur ce second point, Sandrine Mourey explique : « le CEP doit rester un dispositif permettant au salarié d'avoir une vision à spectre large et pas seulement vers une filière ou une branche, ce que voudrait le patronat ».

Penser les transitions professionnelles

Bien décidées à défendre les droits des salariés, les deux organisations syndicales avancent leurs propositions. Du côté de la CGT, on notera celles de réaliser des entretiens de mi-carrières dès 45 ans et de déplafonner les montants du CPF pour les salariés de plus de 45 ans. Sandrine Mourey souhaiterait cependant que la discussion soit plus large. « On peut parler des dispositifs comme on peut, [mais c'est inutile] si on n'envisage pas premièrement les financements nécessaires par enjeu et deuxièmement une véritable évaluation par branches et métiers des besoins en formation et des financements allant avec », souligne-t-elle. Cette position rejoint en partie celle de la CFE-CGC, qui défend la création de « maisons de la transition professionnelle ». A côté des dispositifs individuels tels que le PTP, Jean-François Foucard milite en effet pour « une dimension collective, [destinée autant] aux entreprises qu'aux individus seuls ». Là aussi, l'ambition est de réfléchir au niveau des filières ou des branches. « C'est l'ingénierie qui est collective. Cette dimension porterait autant sur le projet, avec des formations et des emplois identifiés, que sur des financements identifiés également », précise-t-il.