Articuler connaissances théoriques et savoirs d'action dans les formations en alternance
Une étude de France compétences s'est intéressée à l'émergence d'espaces « intermédiaires » dans les cursus des apprenants en alternance.
Par Sarah Nafti - Le 10 juin 2025.
« Plusieurs voies d'amélioration se dessinent pour tendre vers une logique plus intégrée de l'alternance », remarque France compétences dans la note « Comment articuler connaissances théoriques et savoirs d'action dans les formations en alternance ? », qui relève des initiatives d'organismes de formation pour aider les alternants à construire des ponts entre les enseignements délivrés au centre de formation et les situations vécues en entreprise. L'étude se concentre sur l'introduction d'espaces dits « intermédiaires » dont la vocation est « de permettre aux apprenants d'expérimenter des moments d'enrichissement réciproque entre connaissances théoriques et savoirs d'action ».
Deux types d'espaces intermédiaires
L'étude pilotée par France compétences s'est intéressée à deux types d'espaces intermédiaires : l'organisation de situations de travail reconstituées ou simulées (STRS) (dispositif de simulation, atelier de production, conduite de projet adossé à des cas pratiques, jeux de rôles) et l'appui à l'analyse réflexive des situations de travail (AARST).
Crainte d'être dépassés
Les STRS confrontent les apprenants à des situations qu'ils rencontreront chez leur employeur tout en leur laissant un droit à l'erreur. Elles constituent un espace préparatoire aux périodes en entreprise. France compétences relève toutefois quelques freins à leur mise en place, notamment le coût économique des équipements et remarque également un risque « de générer chez les apprenants le sentiment d'être dépassés » lorsque que les événements simulés sont trop complexes. En outre, le rôle des formateurs en charge d'encadrer les STRS est indispensable pour « comprendre et penser ce qu'on fait ».
Opportunité de partage des expériences
L'appui à l'analyse réflexive des situations de travail (AARST) peut intervenir lors des séances collectives dédiées aux retours d'expérience post-périodes en entreprise ou pendant ou après les STRS au sein du centre de formation. Pour les apprenants, c'est l'opportunité de partager avec leurs pairs leurs expériences, et cela permet de faire découvrir aux autres différents modèles de structure, de technologie et d'organisation du travail. Ces moments rendent aussi intelligibles les écarts entre les situations de travail réelles et les connaissances techniques et scientifiques transmises au centre de formation. L'AARST « a le mérite d'augmenter et de consolider les apprentissages ». Toutefois, « les potentialités apprenantes de cet AARST se heurtent parfois au profil des apprenants », par exemple lorsque ceux-ci peinent à exprimer ce qu'ils ont fait. Cela nécessite que les formateurs de l'OF échangent de manière très régulière avec les maîtres d'apprentissage. France compétences remarque que si « l'introduction d'un AARST dans le cursus constitue un ingrédient essentiel pour fabriquer, à terme, des professionnels réflexifs », leur mise en place « dépend pour une large part de l'émergence au sein des OF d'acteurs « frontière » capables d'aider les apprenants à faire des liens entre connaissances théoriques et savoirs d'action ».