Collectivités territoriales : des stratégies de formation qui mériteraient d'être plus structurées

Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) a passé au crible les pratiques des collectivités en matière de formation. De l'analyse des besoins en compétences à l'évaluation des actions mise en œuvre, les approches évoluent pour tenir compte des transformations à l'œuvre dans la société. Mais l'étude montre aussi que les collectivités gagneraient à inscrire leurs pratiques dans des logiques plus stratégiques.

Par - Le 29 avril 2025.

Régions, départements, communautés d'agglomérations, métropoles, communes… : le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) a interrogé plus de 500 collectivités de typologie et de taille différentes. Objectif de cette vaste enquête dont les résultats ont été publiés en début d'année : mieux comprendre les dynamiques à l'œuvre en matière de formation et nourrir les réflexions du CNFPT sur son positionnement et son offre de service.

Les compétences, un enjeu clé

Malgré la diversité des approches liées au contexte particulier de chaque collectivité en termes de ressources et de moyens alloués aux politiques RH, les équipes du CNFPT en charge de cette étude ont pu dégager des tendances de fond. Évolution du cadre réglementaire, des politiques publiques, des attentes des usagers ou encore impact des transitions numérique et écologique… : dans un environnement en pleine transformation, les collectivités territoriales ont pris conscience de l'importance de former leurs équipes. « Les impératifs d'efficience du service public obligent à aller toujours plus loin en matière de qualification et de professionnalisation des agents territoriaux », remarque Didier Spitz, responsable du service prospective et recherche au sein du CNFPT. Mais sur le terrain, les politiques mises en œuvre ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux.

Des visions stratégiques à développer

Bon nombre de collectivités territoriales abordent encore la formation par le prisme des besoins individuels et dans une logique d'adaptation et de professionnalisation à court terme. Si 61 % des collectivités interrogées ont une pratique régulière de recueil des besoins en compétences et en formation, cette démarche reste le plus souvent basée sur les constats issus des entretiens professionnels. « Le travail d'analyse des besoins en compétences et en formation reste l'apanage des ressources humaines. C'est une démarche qui n'est pas suffisamment partagée avec les directions des services alors que ces dernières sont bien placées pour détecter les enjeux en matière de recrutement, de renouvellement et d'adaptation des compétences », observe Didier Spitz. La question du développement des compétences mériterait d'être davantage appréhendée dans une logique managériale et stratégique. Sur le terrain, le développement d'une approche plus structurée se heurte parfois au manque de moyens et à la difficulté d'avoir une vision de long terme dans des organisations dont les priorités évoluent au fil des mandats des élus.

Le plan de formation, une pièce maîtresse

L'étude montre par ailleurs que le plan de formation parfois critiqué pour sa lourdeur et son caractère administratif est aujourd'hui une pièce maîtresse des politiques de formation qu'elles s'inscrivent ou non dans une dimension stratégique. « Le plan de formation est désormais reconnu comme un outil structurant, c'est d'ailleurs souvent son élaboration qui tient lieu de stratégie de formation », indique Didier Spitz. Qu'elles soient pilotées dans le cadre d'une stratégie formalisée ou gérées de façon plus administrative, les politiques de formation se diversifient en termes de modalités pédagogiques. La demande pour des sessions sur-mesure et des parcours individualisés progresse au détriment des formations clé en main.

Des modalités de formation qui se diversifient

Certaines collectivités vont jusqu'à investir dans des dispositifs de formation internes qui prennent différentes formes : sessions animées par des formateurs internes (70 %), immersions (40 %), tutorat ou mentorat entre agents (35 %), communautés d'échange (22 %), plateformes de ressources et d'autoformation (18 %). La création d'écoles internes reste une pratique peu répandue (7 %) et concerne principalement des collectivités de taille importante. Selon l'enquête du CNFPT, le recours à ces dispositifs internes parfois innovants « répond à des besoins très spécifiques et ciblés ou à une volonté de favoriser le partage d'expérience entre agents et de capitaliser sur la transmission de compétences », précise Didier Spitz. Ces initiatives qui visent aussi à renforcer l'accès à la formation en multipliant les formats et les outils s'inscrivent dans une logique de complémentarité avec les actions de formation proposées par le CNFPT.

Des attentes en matière d'accompagnement

Les collectivités interrogées dans le cadre de l'étude expriment différentes attentes vis-vis à de l'organisme en charge de la formation des agents territoriaux. Accompagnement dans l'élaboration, la mise en œuvre et le suivi de leur stratégie de formation, appui à l'analyse des besoins, diversification du catalogue de formation (actions plus ciblées, sessions en intra, etc.)… figurent parmi leurs priorités. De quoi nourrir les réflexions des instances paritaires du CNFPT sur l'évolution de l'offre de service.