Comptes personnels de formation : les contributions volontaires des employeurs marginales
Selon une étude menée par la Caisse des dépôts, et rendue publique le 18 juin, les abondements des CPF de leurs salariés opérés volontairement par les entreprises sont très minoritaires. Lorsqu'ils existent, ils financent plus d'une fois sur deux (57 %) des formations inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles.
Par Sophie Massieu - Le 20 juin 2025.
De 2020 à 2023, 10 000 entreprises ont versé 250 millions d'euros sur le compte personnel de formation (CPF) de leurs salariés. En 2023, cela a permis à 3 salariés sur 10 000 d'en bénéficier.
Ces chiffres sont établis par une récente étude menée par la Caisse des dépôts, en charge de la gestion du CPF. Elle fait l'objet d'un Questions des politiques sociales et a été présentée le 18 juin.
Encore très peu de contributions volontaires des employeurs
Ces chiffres globaux illustrent trois réalités. D'abord, que les contributions volontaires des entreprises (individuelles ou collectives alors liées à des accords de branche) demeurent largement minoritaires : 62 millions sur les 250 millions. Les autres découlent des droits correctifs, lorsque les employeurs n'ont pas respecté leurs obligations en matière d'entretiens professionnels et des dotations versées après des licenciements. Les contributions volontaires financent à 57 % des formations inscrites au RNCP, largement plus que les dotations dans leur ensemble (18 %). Des formations achetées dans les 15 jours après le versement de la contribution, ce qui semble accréditer l'hypothèse de co-construction de parcours dans ces cas de figure.
Pour autant, 2e réalité, les salariés qui en bénéficient restent peu nombreux. Et certains secteurs sont plus représentés que d'autres : les services financiers, le commerce de gros et le secteur informatique occupent les trois premières marches du podium en matière de montants versés en 2023.
Inégalités flagrantes
Enfin, ces versements des employeurs sur les CPF des salariés n'atténuent pas les inégalités vis-à-vis de l'emploi. Au contraire. Ceux qui travaillent dans une entreprise d'au moins 250 salariés ont cinq fois plus de chances d'en bénéficier. Deux tiers des salariés ainsi dotés étaient cadres ou professions intermédiaires, et une écrasante majorité à plus de neuf sur dix occupaient un CDI.
Peu de mobilités professionnelles
Du côté des parcours professionnels, le lien de causalité entre formation suivie et évolution paraît difficile à établir selon les autrices de l'étude. Reste que 79 % des bénéficiaires de ces contributions volontaires des employeurs sont restés dans la même entreprise et que seuls 7 % ont connu une mobilité ascendante, passant par exemple du statut d'employé à celui de profession intermédiaire.
Néanmoins, pour Axel Rahola, directeur adjoint des politiques sociales de la Caisse des dépôts, les contributions volontaires des entreprises s'inscrivent dans la volonté que le CPF contribue à la co-construction des parcours professionnels souhaitée par la ministre du Travail. Et son institution continue de développer des outils dont il estime qu'ils contribueront à lever les freins techniques rencontrés par les employeurs. En particulier, ils sont désormais en mesure de vérifier que la formation ainsi financée pour un salarié a bien été effectuée et, dans le cas inverse, être remboursés.