Le centre Afpa de Colmar (Haut-Rhin).

Formation professionnelle : le Sénat veut regrouper l'Afpa et les Greta  

Rendu public le 9 juillet, le rapport d'une commission d'enquête du Sénat propose deux réformes majeures : fusionner l'Afpa et les Greta pour créer un service public unifié de la formation et réorganiser l'orientation, encore marquée par un flou entre le rôle de l'État et les régions.

Par - Le 11 juillet 2025.

Le grand ménage dans les structures publiques est lancé. Alors que le gouvernement s'apprête à dévoiler, le 14 juillet, les grandes orientations du budget 2026, avec à la clé 45 milliards d'euros d'économies ciblées, l'heure est à la revue générale des politiques publiques. Dans ce contexte de rigueur, les opérateurs de l'État sont dans le viseur. C'est dans cette séquence politique que s'inscrit la publication, le 9 juillet, du rapport d'une commission d'enquête sénatoriale sur les missions des agences, opérateurs et organismes consultatifs lancée en février dernier à l'initiative du groupe Les Républicains. Mené durant plusieurs mois, ce travail met en lumière la complexité de l'organisation administrative, et s'interroge sur la pertinence, l'efficience et la cohérence de ces multiples entités. Dans le champ de la formation, le rapport propose deux axes de réforme : la rationalisation des acteurs publics de la formation et une clarification du pilotage des politiques d'orientation.

Vers un opérateur public unifié pour la formation des adultes

Face à une offre de formation jugée trop dispersée, les sénateurs plaident pour une réorganisation en profondeur. L'idée : créer un opérateur public unique, issu de la fusion de l'Afpa et des Greta, afin de gagner en lisibilité, en efficacité et en couverture territoriale. Une telle structure, présente dans toutes les régions, incarnerait un véritable « service public de la formation professionnelle », avec une gouvernance simplifiée, une implantation rationalisée et une offre mieux alignée sur les besoins économiques et sociaux locaux. Le rapport écarte, dans un premier temps, un rapprochement avec le Cnam, jugé moins prioritaire en raison de son positionnement spécifique sur les métiers industriels. Pour réussir cette transformation, les sénateurs alertent sur la nécessité d'accompagner la réforme d'une refonte de la gouvernance de l'Afpa, seule façon de résorber son déficit chronique.

Orientation : une gouvernance à clarifier

Régulièrement identifiée comme le maillon faible du système éducatif et de la formation, l'orientation a fait l'objet de réformes successives sans parvenir à clarifier durablement les rôles. Le rapport sénatorial met en lumière les difficultés persistantes de gouvernance entre l'État, via l'Onisep, et les régions, désormais compétentes pour l'information sur les métiers et les formations. Depuis la loi de 2018, qui a transféré cette compétence aux régions, le réseau territorial de l'Onisep a été maintenu mais fortement réduit. Malgré des conventions signées avec les régions, « le cadre nouveau met du temps à se mettre en place » et les partages de responsabilités restent flous sur le terrain, notamment autour de la plateforme Avenir(s), source de tensions. La commission s'interroge sur le maintien du réseau territorial de l'Onisep, composé de 17 directions locales aux équipes très variables. Elle suggère de rationaliser cette organisation en les supprimant. Les équipes régionales pourraient alors être directement pilotées par le siège de l'Onisep, pour se concentrer sur les seules missions non transférées aux régions : production de données et accompagnement pédagogique.

Pour aller plus loin, lire notre article sur le projet de suppression de Ladom.

Le millefeuille des opérateurs et agences d'Etat en chiffres

Le rapport dénombre 103 agences (« plutôt autonomes et à même de structurer un domaine d'intervention »), 434 opérateurs (« chargés de mettre en œuvre une politique définie par l'État ») et 317 organismes consultatifs (qui se limitent à donner un avis). Le gouvernement avait espéré une économie de 2 à 3 milliards d'euros de la restructuration de ces entités. Les sénateurs l'estime, eux,  à 540 millions d'euros.