Les axes de travail du gouvernement pour améliorer le système de la formation

En conseil des ministres le 28 avril, le gouvernement a présenté les actions en cours et à venir pour « rapprocher l'offre de formation initiale et continue des besoins en compétences ». Objectif : améliorer l'insertion des jeunes sur le marché du travail et lutter contre le chômage de longue durée.

Par - Le 30 avril 2025.

Négociations sur les transitions professionnelles, concertation sur la réforme du financement de l'apprentissage et sa régulation par la qualité… : les chantiers engagés ces derniers mois par le ministère du Travail s'inscrivent dans une feuille de route bien plus vaste qui vise à adapter le système de la formation aux besoins de l'économie. Présenté en conseil des ministres le 28 avril, ce plan d'actions part d'un constat. Les dernières réformes – formation professionnelle, apprentissage, lycées professionnels – ont permis de nombreuses avancées mais ne sont pas suffisantes pour répondre aux enjeux de transformation actuels. « Le système de formation professionnelle initiale et continue doit franchir une nouvelle étape », indique le gouvernement dans le compte-rendu du conseil des ministres. Les évolutions à venir doivent contribuer à une insertion plus rapide des jeunes sur le marché du travail, à lutter contre le chômage de longue durée et à faciliter les reconversions professionnelles.

Passer à l'acte 2 de la réforme des certifications professionnelles

Pour ce faire, les ministères en charge de cette feuille de route – Travail, Education nationale et Enseignement supérieur – comptent agir sur cinq leviers pour « rapprocher l'offre de formation initiale et continue des besoins en compétences. » Déjà engagé, l'acte 2 de la réforme du système des certifications professionnelles doit y contribuer en renforçant les exigences en matière d'adaptation des diplômes aux besoins en compétences et de résultats en matière d'insertion professionnelle. Ces évolutions s'articuleront avec une « remise à plat » de la certification Qualiopi, « qui n'assure pas la fonction qui lui était conférée de garantir un standard de qualité pour les formations en apprentissage et pour les publics adultes. »

Apprentissage : flécher les financements en fonction des besoins en compétences

Dans un contexte budgétaire plus tendu, la réforme du financement de l'apprentissage – sujet qui a été au cœur des discussions qui s'achèvent avec les différentes parties prenantes – sera un axe fort de la feuille de route du gouvernement. Malgré la réforme de 2018 qui a donné plus de pouvoirs aux branches professionnelles, « une partie des flux d'entrées en apprentissage ne se fait pas suffisamment en fonction des besoins en compétences du marché du travail en raison de considérations économiques de certains acteurs de la formation ». Pour y remédier, le gouvernement prévoit d'introduire « une logique de priorisation des financements en fonction des besoins en compétences. » « Certaines formations doivent être moins financées et devront faire la démonstration de leur utilité économique, tandis que d'autres doivent être encouragées pour correspondre aux besoins de l'économie », précise le compte rendu du conseil des ministres.

Adapter l'offre de formation des lycées professionnels et de l'enseignement supérieur

Lancée en 2023, la réforme de la voie professionnelle s'est déjà concrétisée par une série de changements : ouverture de bureaux des entreprises au sein des lycées, création du dispositif « Avenir pro » en lien avec les Missions locales et France Travail, pour préparer les jeunes à leur entrée sur le marché du travail… Le gouvernement souhaite maintenant accélérer la transformation de l'offre de formation en ouvrant davantage de cursus qui débouchent sur des métiers porteurs et en fermant ou en adaptant ceux qui ne permettent « ni poursuite d'études, ni insertion professionnelle ». A l'avenir les formations proposées par les lycées professionnels devront mieux s'articuler avec les parcours dispensés en apprentissage. Les enjeux d'adaptation de l'offre de formation aux besoins en compétences dans les territoires concernent aussi l'enseignement supérieur. Une préoccupation qui sera intégrée dans les nouveaux contrats d'objectifs, de moyens et de performance conclus entre l'Etat et les établissements d'enseignement supérieur.

Encourager les reconversions et accélérer le retour à l'emploi

En matière de formation des actifs, plusieurs actions ont d'ores et déjà été engagées pour affûter les dispositifs et orienter les projets vers les besoins du marché du travail. Le 10 avril, les partenaires sociaux ont été invités à ouvrir des négociations en vue de simplifier les outils existants. Cette simplification doit permettre d'orienter plus de salariés en reconversion « vers les métiers en tension, mais aussi plus largement vers l'acquisition de compétences qui nous seront nécessaires pour faire face aux quatre transitions : démographique, numérique, écologique et stratégique », rappelle le gouvernement. Pour répondre à ces enjeux, le ministère du Travail mise aussi sur la validation des acquis de l'expérience (VAE) et sur les possibilités de cofinancement du compte personnel de formation (CPF). En matière de formation des demandeurs d'emploi, les moyens alloués au plan d'investissement dans les compétences (Pic) devront à l'avenir être davantage orientés vers les secteurs qui recrutent. « Les conventions financières en cours de négociation avec les Régions intègreront une plus forte priorisation vers les métiers en tension. » Et pour favoriser le retour à l'emploi des personnes inscrites à France Travail, le gouvernement compte sur la mobilisation des employeurs à travers des immersions en entreprise et des préparations opérationnelles à l'emploi.

Eric Garnier, nommé haut-commissaire à l'enseignement et à la formation professionnels

Par décret publié au Journal officiel du 29 avril, Eric Garnier est nommé haut-commissaire à l'enseignement et à la formation professionnels, fonction créée en mars 2024. Inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régional hors-classe, il prend la suite de Geoffroy de Vitry, qui avait quitté le poste de haut-commissaire en septembre 2024 pour devenir directeur de cabinet de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet.