Reconversion : la formation professionnelle, ça marche !
Sous l'égide de la Dares, des chercheurs ont testé l'intérêt des employeurs pour des candidatures de personnes en reconversion ayant suivi une formation professionnelle. Résultat : une formation longue les intéresse davantage, même dans les métiers en tension.
Par Emmanuel Franck - Le 21 mai 2025.
Il est possible de se réorienter vers un métier en tension sans se former. Mais avoir suivi une formation professionnelle longue intéressera bien davantage un recruteur. C'est ce qui ressort d'un « testing » réalisé par des chercheurs pour le compte de la Dares, dans le cadre du rapport d'évaluation du Plan d'investissement dans les compétences (PIC) rendu public le 10 avril. Avec ce testing, les chercheurs ont voulu savoir s'il faut investir de l'argent public pour des formations ciblant des métiers en tension et si, pour faciliter les reconversions, il vaut mieux financer des formations courtes ou des formations longues.
Candidatures fictives
Pour ce faire, ils ont envoyé 6 000 candidatures fictives en réponse à des offres d'emploi réelles dans six métiers en tension[ 1 ]Employé de restauration, coiffeur, aide-soignant, boulanger, réparateur de carrosserie, installateur d'équipements sanitaires. Pour chaque offre d'emploi, ils ont envoyé quatre candidatures-types différentes. Le premier candidat a suivi une formation initiale correspondant au métier cité dans l'offre. Il s'agit du profil de référence, que les chercheurs vont comparer à trois autres profils, venus de métiers connexes puisqu'il s'agit de reconversions : un candidat sans formation professionnelle dans le métier visé ; un candidat ayant suivi une formation courte dans le métier visé ; et un autre ayant suivi une formation longue dans le métier visé. Les chercheurs vont alors comparer les réponses des employeurs.
Des taux de réponses élevés
Premier résultat, le taux de réponses positives (44 %), tous profils et tous métiers confondus, est très élevé. Hors métiers en tension, « le taux de réponses positives est en général de 10 % », signale Roland Rathelot, professeur d'économie à l'Ensae (École nationale de la statistique et de l'administration économique) et vice-président du comité scientifique d'évaluation. Même les candidats qui n'ont pas suivi une formation professionnelle sont rappelés. La réorientation de ces derniers vers les métiers en tension « semble efficace et n'est pas coûteuse », déduisent les chercheurs.
Les formations longues efficaces...
Toutefois, le candidat en reconversion ayant suivi une formation professionnelle longue dans le métier visé (entre 7 et 12 mois, le plus souvent certifiante) obtient des résultats proches quoique inférieurs (46 % contre 55 %) à ceux du candidat de référence (formation initiale dans le métier visé). D'autre part, le candidat ayant suivi une formation courte dans le métier visé (entre 2 et 5 jours) n'est pas davantage rappelé que le candidat n'ayant suivi aucune formation (aux alentours de 27 % dans les deux cas). Les auteurs de l'étude en concluent donc qu'« une formation longue favorise la reconversion professionnelle ».
… sauf pour les métiers pénibles
L'efficacité des formations longues pour se reconvertir - mesurée à l'aune du taux de rappel - diffère toutefois d'un métier à l'autre. Elle est très élevée pour les boulangers et pour les aides-soignants, élevée pour les carrossiers, les coiffeurs et les plombiers. « Si on arrive à avoir des gens qui se forment dans ces métiers, on a gagné, mais il semble difficile d'orienter les personnes vers ces formations », analyse Roland Rathelot. En revanche, la formation - longue ou courte - n'a pas d'incidence sur le taux de rappel des employés de restauration. Pour ces derniers, compte tenu de la « grande pénibilité » de leur métier, « la formation n'est pas systématiquement une solution pour faire baisser la tension », estiment les auteurs.
Pour en savoir plus :
Le détail du rapport d'études : « Effet de la formation professionnelle sur la demande de travail des entreprises pour des candidats en reconversion ».
Notes
1. | ↑ | Employé de restauration, coiffeur, aide-soignant, boulanger, réparateur de carrosserie, installateur d'équipements sanitaires |