Julien Gondard, directeur général de CMA France.

Apprentissage : CMA favorable à un renforcement des exigences qualité

Acteur majeur de l'apprentissage avec 112 500 jeunes formés dans ses CFA, le réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat avance des propositions pour faire évoluer le système de financement des centres de formation d'apprentis en tenant compte de priorités stratégiques. Partie prenante des consultations sur la réforme du lycée professionnel, CMA France défend par ailleurs la création de passerelles entre la voie scolaire et l'apprentissage.

Par - Le 07 mars 2023.

Le réseau de CFA des Chambres de métiers et de l'artisanat sort d'une période de transformations majeures. Au moment où entrait en vigueur la loi « avenir professionnel » qui a modifié en profondeur le marché de l'apprentissage, CMA France s'est attelé à la régionalisation de ses structures, une mesure issue de la loi Pacte adoptée en 2019. Depuis janvier 2021, le réseau des CMA est organisé en 21 établissements au lieu de 89 auparavant et dispose désormais d'un organisme de formation / CFA par région, auquel sont rattachés plusieurs sites de formation (137 au total). « Cette réorganisation est intervenue en même temps que le déploiement de la certification Qualiopi. La démarche qualité nous a été utile pour structurer nos activités de formation au niveau régional », remarque Julien Gondard, directeur général de CMA France.

Modernisation de l'offre de formation

Cette opération a aussi offert aux chambres consulaires des possibilités de mutualisation et de modernisation de son offre de formation. Le réseau s'est ainsi lancé dans un vaste projet de digitalisation pour enrichir les parcours dispensés par les CFA mais aussi étoffer le catalogue de formations destinées aux personnes qui veulent s'orienter vers les métiers de l'artisanat. « Notre ambition n'est pas de créer une voie de formation 100 % digitale. Dans nos métiers, l'acquisition de compétences techniques en laboratoire et en atelier reste primordiale. La création de ressources numériques sur des savoirs théoriques va permettre aux ingénieurs pédagogiques des CFA de construire des parcours plus individualisés », explique Julien Gondard. Engagé il y a deux ans, ce chantier baptisé « CMA'Num » va s'accélérer. Il fait en effet partie des lauréats de l'appel à projets Deffinum et bénéficie à ce titre d'une subvention de 5,6 millions d'euros sur un budget total de 8 millions d'euros.

Plus-value de l'apprentissage

Porté par la réforme de 2018, l'apprentissage continue de se développer dans l'artisanat. Les effectifs d'apprentis formés au sein des CFA du réseau ont progressé de 2,5 % à la rentrée 2022-2023. La dynamique enregistrée juste après la loi « avenir professionnel » (+9 %) s'est un peu ralentie. Mais cette voie de formation « a toujours du potentiel », estime Julien Gondard, directeur général de CMA France, au regard des enjeux de recrutement dans l'artisanat et de la valeur ajoutée de l'apprentissage, en particulier pour les jeunes qui préparent un diplôme de niveau bac ou infra-bac (90 % des effectifs dans les CFA de CMA France). « 80 % des apprentis qui sortent de nos CFA trouvent un emploi dans les sept mois suivant leur formation », précise Julien Gondard.

Financement : intégrer les priorités stratégiques

A l'heure où s'ouvrent de nouveaux chantiers pour affiner le système créé par la réforme de 2018, cet acteur de poids du marché de l'apprentissage qu'est CMA France avance ses propositions. La mécanique du financement au contrat qui a bouleversé les habitudes des CFA a eu le mérite de clarifier le système, reconnait Julien Gondard. Mais la logique comptable qui sous-tend la définition des niveaux de prise en charge a ses limites, selon CMA France qui propose d'intégrer d'autres variables, ce qui permettrait de construire une vision stratégique du développement de l'apprentissage. « Le niveau de prise en charge proposé par France compétences devrait constituer un socle de base qui serait complété en fonction des priorités stratégiques fixées par l'Etat et des enjeux spécifiques aux territoires », suggère le directeur général de CMA France.

Tenir compte des résultats en termes d'employabilité

A l'heure où le gouvernement se penche sur la question de la qualité de l'apprentissage, CMA France se dit favorable à des mesures qui tiendraient compte de la valeur ajoutée des formations. La plus-value de l'apprentissage sur l'insertion professionnelle à l'issue de la formation est selon CMA France un bon marqueur. « A un moment où des sommes considérables sont allouées à l'apprentissage, il serait bon de faire le bilan de ce que produit cet investissement en termes d'employabilité », estime Julien Gondard. D'autres pistes pourraient par ailleurs être explorées : s'assurer de la qualité de la pédagogie de l'alternance en ajustant, si besoin, Qualiopi ; encourager la formation des maîtres d'apprentissage ; ou encore, promouvoir le rôle des médiateurs et recourir à ce service dès que surgit un différend…

Réforme du lycée pro : des synergies à créer

CMA France suit aussi avec attention la réforme du lycée professionnel. Le réseau a participé aux groupes de travail et alerte sur les risques de concurrence entre la voie professionnelle sous statut scolaire et l'apprentissage. « S'il s'agit de développer l'apprentissage dans les lycées, il faut que les règles soient les mêmes pour tout le monde. Plutôt que de développer des voies parallèles, nous proposons de jouer la carte de la complémentarité », souligne Julien Gondard. CMA France suggère d'organiser des passerelles et de créer, sur le modèle des prépa-apprentissage qui donnent de bons résultats, des sas qui permettraient aux lycéens de poursuivre en apprentissage ou de préparer leur entrée dans la vie professionnelle à l'issue de leur parcours.

 

CMA France : la formation, une activité centrale

  • 555 millions d'euros de chiffres d'affaires dont 80 % issu de l'apprentissage
  • 21 organismes de formation, 137 sites accueillent des apprentis
  • 32 millions d'heures de formation dispensées chaque année
  • 7 600 collaborateurs (sur 11 500) impliqués dans la formation
  • 112 500 apprentis formés en 2022-2023 (+ 2,5 % par rapport à 2021-2022)
  • 80 % des apprentis trouvent un emploi dans les sept mois qui suivent leur formation
  • Le réseau des CMA forme 37 % des apprentis de niveau 3 et 4 : soit 101 000 jeunes (90 % de l'effectif de ses CFA)
  • 176 000 apprentis exercent au sein d'entreprises artisanales