La Fnadir se dit favorable à un encadrement des bénéfices des CFA

Pour éviter les dérives et sécuriser les parcours dans un marché de l'apprentissage libéralisé par la réforme de 2018, la Fédération nationale des directeurs de CFA (Fnadir) avance plusieurs propositions. Encadrer l'utilisation des profits réalisés par les CFA pour les orienter vers des investissements soutenant la qualité de l'apprentissage en fait partie.

Par - Le 05 décembre 2022.

Alors que se pose la question de la soutenabilité du financement de l'apprentissage et qu'émergent des critiques sur la libéralisation du marché issue de la réforme de 2018, la Fédération nationale des directeurs de CFA prend position pour sécuriser davantage le système. Une des questions soulevées par le modèle de financement en vigueur depuis la loi « avenir professionnel » est celle de l'utilisation des profits réalisés par les CFA. Un sujet sur lequel « nous prônons une forme d'éthique », indique Pascal Picault, le président de la Fnadir.

Flécher les bénéfices

Un CFA comme toute entreprise doit être en mesure de dégager des bénéfices pour investir, se développer et faire face aux difficultés inhérentes à la vie de toute organisation, rappelle la Fnadir. Pour s'assurer du bon usage des fonds publics qui financent la formation en apprentissage, la fédération estime normal d'encadrer ces profits et propose d'en flécher une partie vers des investissements matériels et immatériels « pour garantir une qualité continue des moyens dédiés à l'apprentissage. »

Renforcer l'accompagnement des apprentis

Toujours dans cette logique de renforcement de la qualité, la Fnadir estime qu'il faut également agir sur la sécurisation du parcours des apprentis. Une des pistes envisagées alors que le gouvernement vient d'ajuster le système d'aide à l'embauche serait de valoriser les primes des entreprises qui s'engagent dans une démarche de qualité d'accueil et de suivi des apprentis en lien avec les CFA. « Accueillir un apprenti au sein d'une entreprise, c'est un investissement. Les aides accordées aux employeurs qui recrutent doivent soutenir l'accompagnement des jeunes. Elles ne sont pas faites pour absorber les salaires des apprentis », estime Pascal Picault, « laisser penser que le recrutement d'un apprenti ne coûte rien c'est envoyer un mauvais message. » Signature d'une charte d'accueil des apprentis, formation des maîtres d'apprentissage sur base d'un référentiel national, renforcement des relations entre les CFA et les employeurs tout au long du cursus… : autant d'axes qui mériteraient d'être développés selon le président de la Fnadir.

Construire des parcours favorisant l'insertion

Comme l'avait souligné la Cour des comptes dans un rapport publié en juin, l'essor de l'apprentissage – plus marqué dans l'enseignement supérieur – s'est accompagné d'une évolution du profil des apprentis. Pour conforter les objectifs d'insertion professionnelle et le rôle de promotion sociale de l'apprentissage, la Fnadir estime qu'il faudrait favoriser la construction de parcours allant des niveaux infra bac à post bac au sein des CFA, en valorisant si besoin les partenariats entre établissements. Cette incitation pourrait se traduire « par une modulation positive des niveaux de prise en charge. »

Adapter la régulation

A l'avenir, un des enjeux du développement de l'apprentissage sera « d'organiser la qualité à tous les niveaux ». Depuis la réforme, les CFA font face à « une multiplication d'opérations de contrôles qui ne sont pas optimisées », selon la Fnadir. Audits dans le cadre de Qualiopi, contrôle des financeurs dont les opérateurs de compétences, contrôles pédagogiques pour les diplômes des ministères, etc. : « il apparait difficile d'affirmer que le système n'est pas régulé mais nous pouvons nous interroger quant à l'efficience d'une telle organisation », indique la Fnadir. Qualiopi doit rester au cœur du système, selon Pascal Picault, quitte à faire évoluer la certification pour ce qui concerne l'apprentissage.