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Emploi des seniors, les pistes de la future négociation interprofessionnelle  

A l'occasion d'une matinée organisée le 26 septembre par l'Apec sur l'emploi des cadres seniors, les partenaires sociaux ont confronté leurs approches à la veille de l'ouverture d'une négociation interprofessionnelle. Les solutions s'articuleront autour de l'organisation du travail, de la mobilité professionnelle et de la formation.

Par - Le 29 septembre 2023.

Sur le front de l'emploi senior, un des enjeux forts révélés par la réforme de la retraite, l'Apec se mobilise. Après le lancement de sa campagne de publicité choc mettant en scène des actifs trop souvent étiquetés « périmés », l'Association pour l'emploi des cadres invitait le 26 septembre dernier les partenaires sociaux à débattre lors d'une matinée de restitution des évènements « Elans Séniors » de Lille, Marseille et Bordeaux.  Le calendrier de ces initiatives ne tient pas du hasard. Organisations syndicales et patronales ouvriront bientôt une négociation interprofessionnelle autour de trois thématiques liées au travail (le compte épargne-temps universel, les parcours professionnels et l'emploi des seniors). « Nous enverrons le document d'orientation d'ici la fin du mois d'octobre après la conférence sociale. En cas d'accord interprofessionnel, la loi de transposition à laquelle le gouvernement s'est engagé devrait pouvoir être présentée début 2024 », précise Olivier Dussopt en clôture de la matinée. Le ministre du Travail se dit « convaincu que l'index senior reste une bonne mesure » et pointe les pistes déjà identifiées autour de l'accès de la formation, la gestion prévisionnelle des compétences ou encore le CDI senior. Certaines de ces dispositions prévues initialement dans la réforme des retraite et retoquées par le Conseil constitutionnel sont désormais entre les mains des partenaires sociaux. Ces derniers, tous convaincus de l'urgence de traiter enfin la problématique de l'emploi des seniors, ont exprimé quelques divergences.

Un index senior punitif ou informatif ?

A écouter les organisations patronales, certaines variables changeront naturellement la donne. Ne serait que l'effet « horizon » de l'allongement des carrières déjà observé en 2010 et induit par la nouvelle réforme des retraites.  Pour le président du Medef, les effets démographiques et les tensions de recrutement joueront en faveur des seniors.  « Nous aurons besoin de tout le monde », déclare Patrick Martin. Pour François Asselin de la CPME, « le sujet rejoint celui de la RSE dont toutes les entreprises s'emparent ». Mettant en avant cette logique vertueuse et la diversité de leurs entreprises qui rendrait la contrainte inopérante, les organisations patronales rejettent un index senior punitif assorti de sanctions financières. Selon elles, un index purement informatif suffirait à faire peser un risque de réputation et donc à bouger les lignes.  Une position rejetée par la CGT. « Si l'index n'est pas bon, il faut des sanctions, sinon cela ne sert à rien. Et, il faut contrôler davantage les entreprises en renforçant les effectifs de l'inspection du travail », déclare Sophie Binet. Du côté de la CFDT, on préfère faire de l'emploi senior un objet de dialogue social en intégrant des sujets comme l'organisation du travail. « Il n'y a pas de recette miracle ni de réponse unique », affirme Marylise Léon.

Dynamiser la gestion des carrières et miser sur la formation

Les partenaires sociaux s'entendent tous sur la nécessité de repenser la gestion de mi-carrière des salariés. « La formation est un enjeu crucial qu'il faut adresser dès 45 ans », souligne Cyril Chabanier de la CFTC.  Les entreprises devront s'appuyer sur la gestion prévisionnelle des compétences pour anticiper leurs besoins et orienter le plan de développement de compétences de leurs seniors.  Il faut aller plus loin encore, s'attaquer aux freins culturels et voir plus large. « Nous avons besoin d'une approche globale pour intégrer dans les transformations du travail l'emploi des seniors », insiste Marylise Léon. Les partenaires sociaux évoquent une palette de solutions du développement du tutorat renforcé, notamment, par la réforme des lycées professionnels, l'aménagement du temps de travail ou encore la transmission d'entreprise. Au cœur de la problématique, la mobilité professionnelle de seniors reste un point critique. Selon la dernière étude publiée par l'Apec, seuls 31% des cadres de plus de 55 ans ont suivi une formation dans les trois dernières années contre 46% pour les cadres de moins de 35 ans et 41% de 35 ans à 54 ans.