Les organisations patronales réclament l'éligibilité des CQP à l'apprentissage

Un tiers seulement des certificats de qualification professionnelle (CQP) seraient inscrits aux répertoires nationaux, selon une étude réalisée par le Medef avec la CPME et l'U2P. Les organisations patronales plaident notamment pour une simplification des procédures d'enregistrement afin de mieux valoriser ces certifications de branche qui répondent aux besoins en compétences des entreprises.

Par - Le 08 janvier 2024.

Quelle place occupent les branches professionnelles dans le paysage des certifications restructuré par la réforme de 2018 ? Une étude publiée fin 2023 par le Medef apporte des réponses en dressant un état des lieux de l'offre de certifications proposées par les branches et en détaillant leur stratégie en matière de reconnaissance des compétences. Réalisée en partenariat avec la CPME et l'U2P, cette étude recense plus de 1 000 certifications de branche. Cette offre comprend pour l'essentiel des certificats de qualification professionnelle (près de 900) dont certains communs à plusieurs branches, ainsi que des titres à finalité professionnelle et des certificats de compétences professionnelles. Ces outils de reconnaissance des compétences sont proposés par une centaine de branches professionnelles. La création et le pilotage de ces certifications répondent à différents enjeux.

Les CQP au cœur des stratégies des branches

Parallèlement à leurs travaux dans le cadre des commissions paritaires professionnelles (CPC) chargées de la création et de la rénovation des diplômes, une grande majorité des branches investissent dans l'élaboration de leurs propres certifications. 90 % d'entre-elles déclarent ainsi contribuer à la création et à la rénovation de CQP. Ces certificats de qualification professionnelle ont plusieurs atouts, selon l'étude du Medef. Dans les politiques de certification des branches, les CQP apportent des réponses aux besoins en compétences qui ne sont pas suffisamment couverts par les diplômes et les titres des ministères. Ils viennent ainsi compléter l'offre de certification existante. Dans certains cas, les CQP sont envisagés comme des moyens de proposer des modalités pédagogiques et d'évaluation plus souples, adaptées à des profils spécifiques – salariés peu qualifiés, demandeurs d'emploi, etc. - ou d'inscrire dans des parcours de formation des possibilités de spécialisation liées à des contextes professionnels spécifiques. Lorsqu'ils sont reconnus dans les conventions collectives, les CQP constituent par ailleurs des leviers de structuration des parcours professionnels et de fidélisation des salariés.

Enregistrement des CQP : un atout... mais une procédure trop lourde

Pour les branches interrogées, l'enregistrement de leurs certifications aux répertoires nationaux est considéré comme un atout non négligeable. C'est avant tout un moyen d'accéder à des financement publics et mutualisés, mais aussi de bénéficier d'une visibilité et d'une reconnaissance qui contribuent à sécuriser les publics, et d'ouvrir les certifications à différentes voies d'accès telles que la validation des acquis de l'expérience (VAE). Malgré ces avantages, seulement un tiers des CQP sont enregistrés aux répertoires nationaux, selon l'étude des organisations patronales. En cause : les difficultés rencontrées par les branches lors de leur demande d'enregistrement ou de renouvellement. Lourdeur de la procédure, données d'insertion professionnelles difficiles à obtenir alors que c'est un élément stratégique du dossier, temporalité trop longue pour des besoins en compétences immédiats... : autant de facteurs qui dissuaderaient les branches de procéder à l'enregistrement de leurs certifications.

Replacer les branches au cœur du système

Dans un contexte de pénurie de compétences et de difficultés de recrutement dans de nombreux secteurs, les organisations patronales profitent de cette étude pour avancer une série de propositions. Il faudrait, selon elle, simplifier la procédure d'inscription des certifications de branche aux répertoires nationaux mais aussi apporter une série d'amélioration à d'autres niveaux afin de mieux répondre aux besoins en compétences sur le terrain. Elles plaident ainsi pour une meilleure prise en compte de l'avis des branches dans l'élaboration des certifications y compris des titres et diplômes, pour une convergence des travaux avec les ministères certificateurs au sein des commissions paritaires consultatives (CPC) et pour une « meilleure représentation des partenaires sociaux dans les instances décisionnaires liées à la certification ». Les organisations patronales souhaitent aussi que les CQP deviennent éligibles à l'apprentissage. Une demande qui pourrait se concrétiser. A l'occasion d'un événement organisé en octobre 2023 dans le cadre de la réforme des lycées professionnels, la ministre déléguée à l'Enseignement et la Formation professionnels a évoqué cette piste afin d'élargir les possibilités de spécialisation après le bac professionnel et faciliter ainsi l'insertion des jeunes.

Certifications de branche : chiffres clés

Plus de 100 branches se sont dotées de certifications professionnelles dont 55 les ont enregistrées au RNCP.

Leur offre inclut près 1 000 certifications dont :

  • 896 certificats de qualification professionnelle (CQP) de branche ou interbranches, dont 326 enregistrés au RNCP
  • 15 certificats de compétences professionnelles (CCP) inscrits au répertoire spécifique
  • 37 titres à finalité professionnelle inscrits au RNCP
  • 3 certificats CléA

Environ 100 000 personnes décrochent une certification de branche chaque année : dont 62 000 détiennent un CQP, 16 000 un titre à finalité professionnelle, 1 000 un CCP, et 15 000 un certificat CléA