La journée annuelle consacrée aux observatoires de branches, organisée par France compétences le 14 octobre 2025.
Comment assurer une meilleure adéquation entre besoins des entreprises et offre de formation?
Les Observatoires prospectifs des métiers et des qualifications, en proposant des analyses allant jusqu'à l'échelon régional, assurent un pilotage plus fin de l'offre de formation. Revue de détail lors de la journée annuelle consacrée aux observatoires de branches organisée par France compétences mardi 14 octobre.
Par Sarah Nafti - Le 16 octobre 2025.
Les travaux des observatoires de branche sont précieux pour adapter au mieux l'offre de formation aux besoins des entreprises. Lors de la journée annuelle consacrée aux observatoires de branches organisée par France compétences mardi 14 octobre, Sawsen Ayari-Pouliquen, cheffe de service filières et inter-industries à l'Observatoire paritaire de la métallurgie, a détaillé une étude menée sur la population cadre et ingénieur, en partenariat avec l'Apec, dans la région Bretagne. Cette étude, sortie en mars 2024, a mis en exergue « une dynamique forte » : en 10 ans, l'emploi des cadres et des ingénieurs a progressé de plus de 53%, contre 7% pour l'emploi total dans la branche. En analysant les postes à pourvoir, l'étude a identifié le principal domaine porteur, la recherche et conception, où 38% des cadres sont employés. L'étude a aussi permis de faire émerger des pistes d'actions notamment pour augmenter la part de femmes (qui ne représentent que 18% des cadres, contre 23% au niveau national) mais aussi maintenir les seniors en emploi.
Analyser les besoins en compétences
Guillaume Folléa Responsable du pôle analyse et aide à la décision, en charge de la mission OREF au Carif-Oref Normandie a présenté un outil « pour analyser les besoins en compétences ». Cet outil, qui a vu sa genèse grâce au Pric, utilise l'IA (intelligence artificielle) pour analyser trois flux de données : les offres d'emploi, les candidatures et l'offre de formation. Deux secteurs étaient visés par l'expérimentation, l'agriculture et la construction. Guillaume Folléa a fait état de certaines difficultés rencontrées, notamment la nécessité de traduire « les besoins en indicateurs » et d'utiliser des données disparates, suivant leurs sources. Au final, l'outil « difficilement appropriable » par les utilisateurs -les personnes en charge de l'animation de la formation dans la région, celles en charge de l'accompagnement des publics sur le marché du travail- a été abandonné.
Décalage entre besoins et offre de formation
Dans la branche de la chimie, « la cartographie de l'offre de formation montre une hétérogénéité importante entre les besoins et l'offre de formation », remarque Sylvain Jonquet, directeur des Affaires sociales, emploi, formation de France Chimie. L'étude des métiers et des compétences à cinq ans montre « un décalage » : ainsi dans la logistique et la maintenance, il y a plus de besoins que de candidats, alors que dans la partie recherche et développement « on forme plus de compétences qu'il y a de besoins ». Sur les quelque 230 000 emplois dans le secteur, 50% sont dans la logistique et seulement 10% dans la R&D. L'analyse nationale a été déclinée à l'échelon local, par exemple dans la région Grand Est, une région « de production » où « 44% des salariés sont dans la fabrication », explique Sabine Alonzi Responsable Emploi Formation – France Chimie Grand Est.
Rôle clé des certificats de qualification professionnelle
Pour recruter, les entreprises s'appuyaient notamment sur le CQP (certificat de qualifications professionnelles) opérateur de fabrication. « Mais s'il manque de compétences, cela nécessite d'autres solutions ». L'étude régionale permet de descendre « à une maille fine » pour voir les besoins. Certains territoires pâtissent de leur proximité avec les pays frontaliers, comme la Suisse, qui « aspirent les personnes formées » avec de plus hauts salaires. La solution peut être de revoir l'offre de formation, par exemple en transférant certains diplômes vers « le génie chimique ou le génie des procédés pour aller vers notre cœur de métier ».


