Handicap, une évolution entravée tout au long du parcours de formation

Les jeunes travailleurs handicapés sont moins souvent diplômés du supérieur, et même lorsqu'ils le sont, atteignent moins fréquemment une position sociale élevée, selon un rapport de France Stratégie.

Par - Le 17 juin 2025.

« Seuls 20% des jeunes handicapés vivant en logement ordinaire et sortis de formation depuis 5 à 10 ans ont atteint le statut de cadre, profession intellectuelle supérieure ou profession intermédiaire », selon les auteurs du rapport « Jeunes en situation de handicap : une mobilité sociale entravée » de France Stratégie publié récemment. Pour les autres jeunes, cette proportion est de 42%. « La difficulté des jeunes en situation de handicap à devenir cadre ou à exercer une profession intermédiaire ne dépend pas de leur origine sociale ». Les jeunes en situation de handicap sont aussi quatre fois plus nombreux à n'avoir jamais travaillé (24%) que les autres jeunes (6%). Et le risque de sortir non diplômé du système éducatif est 2,6 fois plus fréquent pour les handicapés.

Mobilité ascendante freinée

La mobilité ascendante est « freinée par un moindre niveau de diplôme ». Celui-ci est encore plus déterminant pour les jeunes handicapés que pour les autres : les jeunes handicapés titulaires d'un diplôme du supérieur ont 16 fois plus de chances d'occuper un emploi de cadre, d'exercer une profession intellectuelle supérieure ou une profession intermédiaire que les jeunes handicapés non diplômés. Cette probabilité est multipliée par 8 chez les jeunes non handicapés.

Encore pire pour les personnes issues de milieux défavorisés

Or les jeunes handicapés ont plus de difficulté à accéder à un niveau de diplôme du supérieur. La réduction des chances, par rapport aux valides, est de 1,9 point. Cette chance est encore plus faible quand ils sont issus de familles défavorisées. En outre, le haut niveau de diplôme leur garantit moins l'accès à une position sociale élevée : seuls 56 % des jeunes handicapés diplômés du supérieur occupent un emploi de cadre, profession intellectuelle supérieure ou intermédiaire, contre 73 % des autres jeunes de niveau de diplôme comparable.

83% des jeunes handicapés qui poursuivent des études le font à l'université, et font souvent des choix de formation « contraints ». 34% disent avoir renoncé à une orientation par manque de confiance dans leur chance de réussite. Mais ils sont aussi limités par l'hétérogénéité des dispositifs d'accompagnement proposés par les établissements. Certains métiers leurs sont déclarés inaccessibles ou déconseillés par les enseignants, les familles ou les médecins.

Mobilité professionnelle freinée

La mobilité professionnelle est freinée tout au long de leur carrière. Les méthodes d'évaluation pratiquées peuvent notamment les pénaliser. Et la plupart des entreprises ne vérifient pas l'égalité d'accès à l'évolution professionnelle pour les personnes handicapées, alors qu'elles le font plus fréquemment pour l'égalité homme femme.

Les auteurs du rapport remarquent que « des dispositifs visant à améliorer l'accès à la formation des personnes en situation de handicap ont été récemment mis en place », dont le développement de la scolarisation en milieu ordinaire ou la systématisation d'un référent handicap dans les CFA, dont il faudra « évaluer l'efficacité ».