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« Mieux reconnaître les nouvelles formes de développement des compétences » (Cedefop)

Le Cedefop, grâce à l'analyse stratégique des compétences, permet d'orienter les politiques publiques vers les secteurs en manque de main d'œuvre.

Par - Le 30 mai 2025.

En ces temps « incertains », l'Union européenne doit « investir pour améliorer la compétitivité tout en préservant son autonomie stratégique », expliquait Konstantinos Pouliakas, expert du Cedefop lors de la conférence « Structurer l'apprentissage et les compétences pour l'Europe » organisée à l'occasion des 50 ans du Cedefop mardi 27 mai. Or, cela nécessite « beaucoup de travail ». L'expert note que dans les prévisions, l'emploi devrait augmenter de 0,4%, mais l'emploi risque « d'aller dans le mur » à cause du manque de main d'œuvre. « Il est évident qu'on aura des pénuries dans certains secteurs comme la santé ». La question sera donc de définir ces secteurs critiques pour cibler les investissements. Et pour cela, l'analyse stratégique des compétences est cruciale, « pour connaître les métiers et les compétences émergents ». Le Cedefop calcule un indice de pénurie de talents qui montre que certains métiers manquent de compétences spécifiques.

Impact de l'IA sur le marché du travail européen

Le Cedefop a mené une étude sur l'impact de l'IA sur le marché du travail européen. « Un travailleur sur trois l'utilise pour réaliser certaines tâches », note Konstantin Pouliakas, qui relève que son usage « polarise plus qu'il n'égalise ». En effet, c'est davantage le cas dans les pays du Nord que dans ceux du Sud, plus dans les grandes entreprises que dans les petites, et l'usage de l'IA concerne moins les salariés plus âgés et les femmes, augmentant encore l'inégalité entre les hommes et les femmes. « 42% des salariés ont besoin de développer leurs compétences en matière d'IA mais seulement 15% ont eu accès à des formations l'an dernier ».

Rôle clé pour développer un cadre des qualifications

Pour Zelda Azzarà, experte du Cedefop, « il faut créer du dialogue entre l'enseignement et la formation professionnels et le marché du travail » afin de mieux aligner les compétences sur les besoins. « Le Cedefop a un rôle clé pour développer un cadre des qualifications. » Le développement des compétences « est un processus continu », remarque l'experte Lidia Salvatore, qui regrette que la formation tout au long de la vie ne soit pas davantage utilisée. « Nous devons mieux reconnaître la formation informelle et les nouvelles formes de développement des compétences, notamment par le digital ». L'un des points clé pour l'experte est de « réaliser le potentiel formateur des lieux de travail » : « les frontières entre travail et formation s'amenuisent, et cela permet d'innover. » Lidia Salvatore plaide pour « un écosystème de développement des compétences tout au long de la vie centré sur l'humain ». Pour l'instant, il existe encore « des obstacles » dans la transférabilité et la portabilité des compétences et « on est encore loin d'un système intégré qui permette de faire reconnaître facilement les compétences acquises quand on change d'employeur ou de pays ».