Marc Poncin, vice-président du Groupement des acteurs et responsables formation (Garf).
Responsable de formation, un métier en mutation (Baromètre Askalia)
En congrès les 4 et 5 juin prochain sous la bannière d'Askalia (ex-Garf), les responsables de formation veulent à nouveau peser dans le débat public. Ils entendent défendre une fonction stratégique, en première ligne face aux grandes transitions technologiques et écologiques des entreprises. Un baromètre réalisé par le réseau dresse les principales lignes de force d'un métier en pleine transformation.
Par Catherine Trocquemé - Le 27 mai 2025.
Le responsable de formation, lui aussi, doit faire son aggiornamento. Dans un monde où la gestion des compétences constitue un facteur décisif de compétitivité, il est invité à revisiter ses pratiques et à saisir cette opportunité pour s'imposer comme un partenaire de la stratégie globale de l'entreprise. Depuis 1954, le Garf portait sa voix. Fragilisé par une procédure de redressement judiciaire en 2017, le réseau devenu, en 2025, Askalia s'est reconstruit. Les 4 et 5 juin, un congrès marquera ce grand retour des « garfistes » et réunira les professionnels du développement des compétences. A cette occasion, un baromètre réalisé par le réseau met en lumière les dynamiques à l'œuvre.
Une simplification toujours attendue
Alors que la réforme de 2018 cherche un nouveau souffle dans un contexte de diète budgétaire, le constat des responsables de formation interrogés reste sévère. Moins de la moitié (4,7/10) d'entre eux considère qu'elle répond aux attentes et qu'elle est opérationnelle (4,2/10). En cause la complexité du système. « Les professionnels attendent davantage de simplification et d'efficacité du système », confirme Marc Poncin, vice-président d'Askalia. Pour respectivement 74% et 78% des répondants, les efforts doivent porter sur la simplification administrative et un meilleur accès aux financements. Une autre critique sur le fonctionnement de l'écosystème concerne les opérateurs de compétences nés avec la loi « Avenir professionnel ». Près de 50% des responsables de formation interrogés souhaitent être mieux accompagnés sur l'évolution des métiers et 36% militent pour une harmonisation de leurs pratiques.
Gagner en influence dans l'entreprise
Mais, selon Askalia, une autre bataille est à mener. Les responsables de formation doivent jouer un rôle actif dans les projets de transformation engagés par leurs entreprises. « Les pratiques doivent être connectées à la stratégie globale de l'entreprise », affirme Marc Poncin. Longtemps centrée sur l'ingénierie de financement, la fonction devient un partenaire au plus haut niveau de la gouvernance. Les résultats du baromètre montrent ainsi que près de 20% des responsables de formation sont rattachés au comité de direction et 71% à la direction des ressources humaines. Très souvent, ils ont également en charge la gestion de l'organisme de formation interne. Vis-à-vis des prestataires extérieurs, cette montée en compétences change la donne. « Nous attendons les organismes de formation sur le terrain de l'innovation, de l'évaluation et de la co-construction de parcours », précise Marc Poncin. On le comprend, les pratiques du responsable de formation sont aujourd'hui interrogées. Des outils comme la Gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) encore sous-utilisé (41 % des répondants l'ont mise en place) ou l'Intelligence artificielle peuvent l'accompagner à gagner une place stratégique dans l'entreprise. Autant d'enjeux qui seront évoqués lors du congrès.