L'ANDRH demande à co-construire l'utilisation du CPF avec les salariés

Comment satisfaire les besoins en formation des entreprises quand désormais seuls les salariés maîtrisent leur compte personnel de formation (CPF) ? En faisant en sorte que les accords formation négociés dans les entreprises imposent aux salariés un usage de leur CPF. C'est l'une des revendications exposée par l'Association nationale des DRH (ANDRH) lors de sa conférence de presse de rentrée, qui s'est tenue le 10 septembre.

Par - Le 11 septembre 2019.

L' association réunissant 5 000 DRH a fait le point sur l'actualité sociale intéressant les entreprises (assurance chômage, retraite, index égalité...). Elle s'est félicitée de la réforme de la gouvernance et du financement de l'apprentissage, mais surtout, elle a exposé ses attentes sur la gouvernance du CPF. Car les dispositions de la loi Avenir professionnel ne la satisfont pas du tout.

Accords collectifs

« Nous souhaitons co-construire avec les salariés, via des accords collectifs, l'utilisation de leur CPF lorsque cela concerne des formations utilisées dans les entreprises », déclare Jean-Paul Charlez, président de l'ANDRH. Il analyse ainsi la réforme : « Celle-ci part de l'idée que les entreprises ne font pas leur devoir en matière de formation professionnelle et qu'il revient à chaque individu d'œuvrer à son propre avenir professionnel. C'est un principe généreux mais qui risque de poser des problèmes de formation aux entreprises car elles devront s'en remettre à la somme des sagesses individuelles. »

Risque de sous-utilisation du CPF

Il rappelle également que « la contribution formation est devenue une taxe qui va financer des politiques publiques » : alternance ; demandeurs d'emploi via le plan d'investissement dans les compétences ; conseil en évolution professionnelle -« une compétence que les DRH maîtrisent pourtant »- ; développement des compétences des salariés des entreprises de moins de 50 salariés... Résultat : les fonds de la formation et l'utilisation du CPF échappent désormais aux entreprises.

Or, estime le président de l'Association, « ce sont les directions des RH qui poussent les salariés à se former ». Il craint une sous-utilisation du CPF si celui-ci est laissé à la seule main des salariés.

CPF pour toutes les formations

Pour l'heure, l'ANDRH travaille avec la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), France compétences et la Caisse des dépôts et consignations sur deux pistes d'évolution. Primo, la création d'accords collectifs pouvant imposer aux salariés un usage de leur CPF. Ce type d'accords rappelle ceux de « performance collective », qui priment sur le contrat de travail. Leur création suppose sans doute une intervention du législateur. Secundo, la possibilité de mobiliser le CPF au-delà des seules formations diplômantes ou qualifiantes.

Jean-Paul Charlez estime que le taux d'utilisation du CPF par les salariés sera le juge de paix.« Nous saurons ce qu'il en est à l'issue de la campagne de communication du gouvernement en faveur de l'application mobile CPF », qui doit démarrer en novembre, déclare-t-il.