Le modèle économique de l'apprentissage se cherche encore (étude France compétences)

France compétence a publié, le 16 juillet dernier, le deuxième volet de son enquête sur l'évolution des modèles économiques des CFA. Encore marqués par la phase de transition et un certain attentisme, certains d'entre eux explorent de nouveaux modèles économiques autour, notamment, de la mutualisation. Seuls 6 % ont pratiqué un reste à charge.

Par - Le 20 juillet 2021.

La réforme de l'apprentissage n'a pas encore laissé son empreinte sur le marché. Très mobilisés sur la gestion de la crise sanitaire et de la période de transition, les CFA restent attentistes en matière d'investissements et prudents dans le déploiement de nouveaux modèles économiques. C'est un des enseignements du deuxième volet de l'enquête de France compétences publié le 16 juillet dernier. Dans le cadre de sa mission d'observation des coûts de la formation, l'instance de régulation suit de près l'impact du nouveau financement au « coût-contrat ».

Différents profils de CFA

Le premier volet de cette étude auprès de 600 CFA se concentrait sur la situation financière des CFA jugée équilibrée pour 46 % d'entre eux, excédentaire pour 22 % et en déficit pour 19 %. Face à cet enjeu budgétaire, on observe des différences selon les profils de CFA. L'enquête qualitative menée auprès de 50 responsables de CFA a permis d'identifier deux grandes typologies. Les centres positionnés sur l'enseignement supérieur et les métiers des services sont les grands gagnants de la réforme. Plus avancés dans leur digitalisation, ils ont pu facilement adapter leur pédagogie aux contraintes de la crise sanitaire. Beaucoup d'entre eux ont transformé leurs contrats de professionnalisation en contrats d'apprentissage. A l'inverse, les CFA du secondaire intervenant sur des métiers de production moins attractifs et plus gourmands en investissements lourds comme les plateaux techniques sont plus fragilisés.

Une transition délicate

La quasi-totalité des CFA (95%) rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre des nouvelles modalités de financement, au premier rang desquelles la facturation et l'encaissement des contributions (78%) et la relation avec les Opco (62%). Autre sujet critique aux yeux des CFA interrogés par France compétences, le manque de lisibilité et d'homogénéité des règles de prise en charge des frais annexes (hébergement, restauration, transport…).  Un point de vigilance particulièrement sensible pour les centres implantés dans des zones rurales ou peu accessibles en transport en commun. Les différences de prise en charge du premier équipement selon les branches posent, par ailleurs, la question de l'égalité entre les apprentis. Au surcroît de ces tâches et charges administratives s'ajoute la démarche qualité Qualiopi.

Un certain attentisme

Cette situation parfois aggravée par les enjeux de restructuration des Opco engendre une mobilisation de ressources humaines supplémentaires et, parfois, des problèmes de trésorerie. Résultat : les investissements marquent le pas. 25 % des CFA indiquent avoir reporté leurs projets. Cet attentisme s'explique aussi par une incertitude quant à la poursuite du développement de l'apprentissage et l'évolution du cadre institutionnel en matière de prise en charge des investissements longs. Seuls quelques centres ont lancé dès 2020 une recherche active de financements via les appels à projets des Régions et des Opco.

Les contours du nouveau modèle économique

Toutefois, l'enquête fait émerger les premières pistes d'évolution des modèles économiques. Elles sont surtout déployées par des CFA de réseau ou de nouveaux entrants qui misent sur des partenariats. Il s'agit surtout pour le moment d'une recherche d'économies d'échelle et de mutualisation des coûts. Les plus « stratèges » restructurent leurs activités, reconfigurent leur offre ou travaillent sur un ciblage de leurs publics. Seuls 6% jouent la carte du reste à charge. D'une manière générale, les CFA ne sont pas encore entrés dans une logique d'analyse de rentabilité par certification. France compétences note enfin que ces premiers constats devront être affinés par la remontée de la comptabilité analytique des CFA. Un exercice délicat dont on attend de nouvelles recommandations sur les niveaux de prise en charge alors même que les nouveaux modèles économiques ne sont pas encore stabilisés.


La synthèse de l'enquête sur les modèles économiques des CFA