Afest et VAE. Université d’hiver de la formation professionnelle, le 26 janvier 2023.


UHFP 2023

Faciliter l'usage de l'Afest et de la VAE, mode d'emploi (UHFP 2023)

« Comment Afest et VAE pourraient être mieux saisies par les entreprises et les salariés ? ». Telle était la question centrale d'une table ronde de l'Université d'hiver de la formation, jeudi 26 janvier.

Par - Le 27 janvier 2023.

« Il faut redonner une cohérence et lutter contre l'abandon en VAE : seuls 10 % des candidats vont au bout », affirme Olivier Gérard, chef de projet au ministère du Travail sur le projet REVA (comme « reconnaître et valider »). C'est pourquoi REVA envisage plusieurs leviers : « construire un accompagnement du candidat dès l'étape de recevabilité, pour en réduire l'aspect administratif décourageant » ; « fluidifier la constitution et la tenue des jurys » ; et « définir un financement unique ». Il espère à l'horizon de janvier 2024 « l'ouverture d'un portail unique accessible à tous », et « la mise en place d'une prestation d'architecte accompagnateur de parcours à côté du candidat ». Résultats escomptés ? « Passer de 25000 à 100000 VAE aboutie en trois ans, en passant d'une durée moyenne de 18 mois à 6-8 mois ».

L'Afest comme modalité pédagogique

« Il existe des expériences réussies d'Afest dont on peut tirer des enseignements », a poursuivi Franck Savann, consultant AEFA (Agenda européen pour la formation des adultes) pour Erasmus +.

Chez Lisi aerospace, (40000 salariés dans le monde), une action de professionnalisation des opérateurs pour en faire des intervenants poly-compétents s'est faite via « une formation en situation de travail avec la création d'une  communauté de tuteurs et des blocs compétences ».

Au sein de Framatome, le projet « Pérenniser et transmettre ses compétences » ( PTC) , a permis à « des menuisiers, boulangers... de devenir des opérateurs de soudage, montage, contrôle et usinage, grâce à une POEI (préparation opérationnelle à l'emploi individuelle), et un stage en entreprise comportant une Afest ».

Du côté d'Intermarché, une Afest a été menée auprès des intervenants qui mettent les produits en rayon, afin de limiter leur turn-over. « Cette Afest a permis de renforcer le sentiment de reconnaissance de ces personnes, dans une logique de label RSE (responsabilité sociale des entreprises) commerçant responsable ».

Franck Savann en déduit qu'« il faut utiliser l'Afest comme une modalité pédagogique et non comme un dispositif. Le taux de pratique d'Afest en France est de 20 %, ce qui bien inférieur aux pratiques équivalentes chez nos voisins européens ».

La VAE, outil de recrutement

« La VAE est un outil très prometteur dans la situation actuelle de recrutement difficile, et l'accès à un diplôme via la VAE constitue un gage de confiance et de retour à l'emploi pour le salarié », a estimé Maude Venturini, responsable ingénierie formation et développement des compétences chez Pôle emploi. « Une expérimentation sur 17 certifications est menée actuellement avec des financements prévus pour l'aide à la mobilité et la garde enfants ».

Par ailleurs, depuis septembre 2022, Pôle emploi mène une expérimentation Afest en pré POEI, auprès de TPE et PME, avec des prestataires de formation sélectionnés pour aider ces PME (conseil et suivi) et leurs salariés à avancer en Afest. Le financement prévoit un dédommagement des formations de tuteur et du suivi. « Il s'agit désormais de faire connaître toutes ces aides de Pôle Emploi aux entreprises, demandeurs d'emploi, opérateurs de compétences, territoires... »

Simplifier la recevabilité en VAE

« La réforme de la VAE, inscrite dans la loi du 21 décembre 2022, est née des constats du projet REVA et des retours d'expérience », a affirmé Axel Cournède, conseiller auprès de la ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnelle Carole Grandjean. Une simplification de la charge administrative, jugée lourde et longue, est visée. Selon lui, « c'est sur la phase de la recevabilité que la marge de manœuvre est la plus grande. Éviter les dossiers de preuve interminables, au profit d'une mesure de l'expérience du candidat, davantage de manière orale, et plus sur le parcours et les expériences de vie au sens large ». Là encore, il insiste sur la fonction d'architecte de parcours au service du candidat, qui doit assurer une aide au choix du niveau de certification visé, au suivi… « Il s'agit de sécuriser le parcours VAE, de donner confiance aux accompagnateurs, d'ajouter un possible complément formation en Afest… Un service public numérique devrait devenir point d'entrée unique VAE ».

Imposer la VAE aux entreprises ?

 « Nous souhaiterions que les réformes aillent plus loin encore », a déclaré pour sa part Yann-Firmin Herriou, fondateur et associé auprès du cabinet Perspectives et rebonds. « Car beaucoup de salariés confondent encore VAE avec Vélo à assistance électrique ! ». L'entreprise est, selon lui, « le lieu essentiel pour apporter l'information et la réalité sur la VAE, et pour échanger directement avec les salariés. Il serait souhaitable que les entreprises soient incitées voire obligées à informer sur la VAE durant, par exemple, l'entretien professionnel. Il serait même souhaitable, X mois avant une annonce de restructuration, de créer une obligation de restructuration et d'anticipation d'employabilité par la VAE ».